vendredi 1 décembre 2023

En Quête de Discours, un texte à redécouvrir

 
En 2020, j'avais rédigé un texte dont avec le recul me semble l'un des plus originaux de part son idée - créer un dialogue fictif avec 9 tribuns ou reconnus comme tel - et  discuter sans qu'on n'y fasse véritablement attention de notre époque.

Dans le texte En Quête de Discours, dialogue avec des tribuns, j'ai imaginé alors que je m'assoupissais dans une bibliothèque et que mon reflet dans un miroir se met à me parler et constant la mort du discours, m'invite à entrer dans une pièce de laquelle la porte est entrouverte. 
 
En y entrant, je me retrouve dans un autre décors et une autre époque en compagnie de Périclès. 
 
Ce dernier m'explique que je vais rencontrer neuf tribuns d'époques différentes, tel un voyage initiatique, et qui m'expliqueront tous un des aspects du discours et pourquoi celui-ci est important dans une société, d'autant plus lorsque son idéal est la démocratie. 

Périclès abordera par exemple "la conviction", Démosthène "la voix" ou encore Danton avec "l'intensité". 
 
Un texte à redécouvrir, facile à lire et dont une adaptation théâtrale serait une bonne chose car c'est un texte qui se dit et se raconte. 

La question qui finalement se pose est avec la "mort" du discours qu'est-ce qui a vraiment disparu dans notre société ? Quel idéal c'est dissipé ?
 
Vous pouvez télécharger cet texte seul :
 
 
 
ou le retrouver avec d'autres textes sur la nature que j'avais réuni et déposé à la BNF et voir dans la foulée la vidéo sur la présentation de ce texte. 


 
Présentation plus détaillée du texte "En quête de Discours, dialogue avec des tribuns" 1. La conviction, 2.La voix, 3. L'argumentaire, 4. Le silence, 5. L'intensité, 6. La volonté, 7. La thématique, 8. La forme, 9. L'avenir.





jeudi 19 octobre 2023

OWL, une histoire mise en place au cours des histoires...

 

Au début, mes enfants voulaient que je leur invente des supers héros, alors en tatonnant, j'ai inventé des personnages dans une sombre histoire d'énergie qui concentrerait tous les pouvoirs et que des "gentils" et des "méchants" convoiteraient... en dessinant, j'ai réalisé qu'il y avait autre chose à faire de plus intéressant et nous faire sortir de cette dichotomie un peu niaise. 

C'est alors qu'est venu l'idée des univers parallèles, un  esprit que j'ai nommé "OWL", faisant référence à la chouette en anglais, animal que je regarde avec beaucoup d'admiration. Cet esprit aurait le pouvoir de voyager dans les Univers autres que le notre, réels ou irréels, matériels comme immatériels, de là s'ouvre des possibilités d'histoire quasi infini...

L'histoire une a été cette recherche, ce ne sera finalement qu'à l'histoire deux que les personnages prennent véritablement leur caractère et leur envole. 

Il est vrai que même graphiquement un temps de recherche a été nécessaire que l'on voit le long des pages... et pourtant, les premiers dessins ont le charme de la spontanéité.

S'il fallait attendre que tout soit parfait pour faire, rien ne se ferait. Cette histoire est une évolution, une rencontre entre un artiste et une histoire, un monde imaginaire qui prend forme au fil des histoires comme si elles pouvaient se faufiler entre mes mains de dessinateur ...

Une ouverture sur un monde qui sort de nos habitudes ...

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mardi 12 septembre 2023

Une mobilité en berne, est-ce si grave ?

Depuis au moins les années 90, la mobilité sociale de la France est plus ou moins égale à zéro.Dit comme cela, on ne comprend pas bien ce que cette affirmation implique. En d'autres termes, cette affirmation signifie que la chance que vos enfants changent de catégories sociales en progression vers une meilleur situation que vous est presque impossible.

Nous pouvons même dire que dans le meilleur des cas, ils resteront à votre niveau, mais de façon de plus en plus courante ils régresseront qu'ils fassent des études ou qu'ils n'en fassent pas. C'est d'ailleurs ce qui est notable, l'impacte de l'école dans la mobilité sociale actuellement en France est elle aussi en berne, nous pourrions même dire l'inverse, elle participe au blocage.

Bien, mais dans la réalité nous notons néanmoins de petits mouvements sur plusieurs générations, car s'il est vrai que nous avons quasi aucune chance de dépasser le niveau social de nos parents, il existe un phénomène générationnel.

Par exemple, le grand-père ouvrier qui avait commencé à faire des études, le père qui avait passé les concours sans conviction ou sans réussite, et le fils qui va les réussir. La mobilité sociale aura mis ici trois générations, donc nous pouvons parler de frémissement social.

Et puis, les métiers ont profondément changé depuis les fortes délocalisations d'usines. Il faut donc aujourd'hui encore redessiner les contours sociaux. Mais, rien y fait. Rien ne bouge plus.

Je peux donner cet exemple d'un fils d'ouvrier en bâtiment qui fonda une entreprise dont le potentiel économique aurait pu être intéressant, mais qui ne la développera jamais en PME et va demeurer au niveau artisanal.

Nous pourrions dire que finalement ce n'est pas si mal la « reproduction sociale », même si elle a une tare de taille, c'est ce que nous appelons « l'endogamie sociale », ce sont les catégories ou groupes qui se reproduisent entre eux sans rien faire venir de nouveau de l'extérieur.

La plupart d'entre vous avait abordé le sujet à l'école lorsque qu'on vous a parlé de la « noblesse » lors de la Révolution Français. Là, c'est à peu de chose près la même chose, mais pour l'ensemble de la société.

C'est un monde qui ne se mélange plus, qui n'échange plus, qui ne se parle plus, qui est en panne et dont la première conséquence est la « pénurie » dans le personnel.

Ceci se voit bien dans le milieu enseignant, malgré le manque de personnel, ils sont incapables d'intégrer d'autres profils diplômés issus de d'autres catégories sociales ou de d'autres cultures. Cette fermeture est patente et se concentre autour de la question des concours devenue le symbole de l'immobilité sociale.

Nous comprenons bien que c'est l'architecture dans son ensemble qui se fige et qu'il faudra bien plus qu'une réforme sur l’orientation ou l'école pour sortir de cette immobilité. 

 

 


mardi 15 août 2023

Mythologie économique - des discours à l’origine des principes directeurs de notre société


Je souhaitais mettre en ligne ce passage où je discute de la mythologie dans nos sociétés actuelles et l'importance qu'elle occupe. 

Extrait de mon ouvrage "Préliminaires d'une métamorphose" :

 

Télécharger Préliminaires d'une métamorphose 

 

"Sujet de prédilection de l’anthropologie, les mythes peuvent se définir en premier comme des histoires fantastiques qui fondent le monde. Ils peuvent se penser en eux-mêmes, comme l’avait démontré Claude Lévi-Strauss, et aussi se penser en l’homme.

Comme une musique1, ils ont plusieurs niveaux de lecture :

  1. en suivant leur déroulé, les évènements de leur histoire (diachronie)

  2. ou alors comparant les éléments entre eux (synchronie).

Roland Barthe a démontré qu’il était aussi possible d’appliquer l’étude des mythes à un objet et à notre époque qui se définissait comme « moderne »2.

Riche de ces différentes approches, il me semble raisonnable d’écrire que les mythes sont des histoires, des discours sur des objets ou des axiomes autour desquels prolifère un récit fondateur et incritiquable, et sur lequel se crée une organisation sociale, économique et politique.

Il y a un côté fondateur important aux mythes que nous allons largement retrouver dans l’analyse qui suit, d’où la nécessité de nous arrêter sur cet aspect.

Le récit véhicule une idée souvent simple qui va donner une forme de légitimité spirituelle à l’organisation sociale qui se met en place.

Comme le récit est au fondement de notre monde, il en devient de fait incritiquable puisque toute remise en cause est une atteinte portée à nos fondements. Ces derniers ont de fait une valeur morale et spirituelle.

Nous pouvons en effet étudier le récit des mythes, mais ce ne sera pas leur analyse qui les fera tomber, même si leur logique est en contradiction avec notre monde.

Dans la mesure où il fonde une société, seul un discours qui introduirait une nouvelle histoire fondatrice pourrait remplacer le mythe.

Ce n’est donc pas par la conscience que passe la critique d’un mythe fondateur et de la logique qui en naît, mais par le sensible et la création collective d’un nouveau mythe.

Sans nous attarder sur la question de la conscience, vous remarquerez comment le fait d’éclairer des populations sur certains dangers ne modifie pas leurs comportements. C’est parce qu’il y a une « insuffisance de la conscience » qui ne permet pas de passer à l’action.

La « conscience » est un concept très récent né avec la modernité qui entend qu’une chose soit connue et ressentie pour nous pousser à l’action.

Cette façon de voir est loin du mythe puisque, comme il a été dit, le mythe peut se penser en lui-même, en nous et malgré nous. Il y a donc de fait une dissociation entre action et conscience en ce qui concerne les mythes.

Sauf, et c’est ce qu’il est maintenu dans cet ouvrage, ce sont bien les mythes, c’est-à-dire des discours sur notre fondation qui sont à l’origine des principes directeurs de notre société."

 

1 Lévi-Strauss Claude, « La structure des mythes », pp. 235-265, in Lévi-Strauss Claude, Anthropologie structurale, Plon, Paris, 1958 et 1974 ; et les quatre volumes de Lévi-Strauss Claude, Les Mythologiques, Plon, Paris, 1964, 1966, 1968 et 1971.

2 Barthes Roland, Mythologies, Essais, éd. Seuil, Paris, 1970.

 

mardi 1 août 2023

Étude de la preuve, argumentation et justification – une spécialité qui mériterait toute notre attention

Naturellement, il est courant de rattacher « l'étude de la preuve » au droit alors même que toutes les disciplines y sont confrontées, et c'est d'ailleurs sur elle, vérifiable ou construite, que l'on bâtit souvent son argumentation et son discours. 
 
Il y a d'ailleurs eu un mouvement en sciences pour remettre la preuve au cœur de l'analyse scientifique, preuves, qui a de nombreuses reprises, viennent contredire la pensée couramment admise. 
 
Souvent, comme des poussières, on aime mettre la preuve sous le tapis, mais elle est là et devient de plus en plus évidente, jusqu'à s'imposer.

En droit, elle demande de trouver des éléments qui alimentent notre défense, qui prouve que ce que nous disons est la « vérité ». Il y a avec l'étude de la preuve une nécessaire recherche de la vérité, ou plus exactement d'une « vérité présentable », ce qu'on appelle aussi la "vraisemblance".

Cette dernière notion beaucoup plus discutable note qu'une preuve, même matérielle, même placée devant nos yeux, est dès fois insuffisante car elle vient contredire des statuts juridiques, des coutumes, des habitudes de pensée, que sais-je, et pourra donc être réinterprétée.

Quelle est la place de l'interprétation dans l'exploitation d'une preuve ? Ne dit-on pas qu'il n'y a pas pire aveugle que celui qui ne veut pas voir ? Apprendre l'étude de la preuve n'a rien d'intuitif, elle demande une attitude, un savoir, des compétences pour traiter ou aller chercher ces documents (tant matériel qu'immatériel) qui vont développé notre discours ; et puis surtout connaître l'objectif, que souhaitons-nous faire de la preuve car, la question reste bien actuelle, toute vérité est-elle bonne à dire ?

De l'argumentation

Brièvement, comme nous venons de le voir ci-dessus, l'argumentation se construit avec la découverte des preuves, et pas l'inverse. Il est très fréquent de voir des discours existants qui cherchent des argumentations pour justifier leur existence, qui « torde le coup » à la réalité. 

Nous devons dans cet ordre d'idée nous méfier forcément de l'argument d'autorité, du document officiel qui de son officialité tire sa véracité, de la parole d'un supérieur, d'une autorité reconnue. Il est important de savoir que toutes les sources doivent pouvoir être recoupées, vérifiées et rentrer dans le jeu du contradictoire, c'est pourquoi, l'argumentation dans l'étude de la preuve peut vite se révéler un piège si nous n'apprenons pas à remettre les éléments en ordre et surtout ne porter aucun jugement.

De la justification

C'est pour justifier notre discours, notre stratégie, notre démarche que nous cherchons des preuves. Souvent, d'ailleurs, ces preuves ne sont pas vues comme telles, et quand nous les accumulons nous pensons forcément avoir raison, sauf que la preuve peut avoir plusieurs natures, et suivant les contextes, la nature, la procédure, elles ne se valent pas toutes de la même façon. 

Certaines justifications, mêmes insignifiantes, concernant la procédure peuvent se révéler déterminantes. Mais, la justification, même exagérée, même grossière, est un passage presque obligatoire, elle est en règle générale la base de mon action, ma raison d'agir.

De la documentation

La recherche de la documentation est primordiale dans la mesure où nous sommes dans une société de l'écrit, et d'ailleurs même les procédures orales ont tendance à devenir écrites. L’ascendance des logiciels et de l'informatique y aide beaucoup. Cette mutation a profondément changé notre rapport au document, même un témoignage doit être retranscrit à l'écrit, c'est vrai en droit, mais aussi en sciences sociales. Cette mise à l'écrit est comme son marquage dans le temps, son témoignage et donc sa véracité. 

La recherche documentaire n'a jamais été chose aisée et elle est très énergivore, elle peut aussi demander un certain nombre d'autorisation. Tout n'est donc pas permis. 

Il y a le culte du document secret et que personne n'a lu, et dès fois que personne ne lira jamais. Cette recherche demande beaucoup d'organisation et de précision, savoir aussi être curieux.

De la logique

Dernier point que j'aborderai ici sur mon blog de façon succincte est celui de la logique car il est le plus « traître », il faut s'en méfier. Tout peut paraître « vrai », « allant de soi », « le discours s'agence bien », « l'argument tient la route », « c'est officiel » ou « dès fois cela remet en cause de façon éclairante la version officielle ».....or tout est faux. 

La logique est un des aspects de « l'étude de la preuve » le plus compliqué à gérer. J'en arrive même à me dire aujourd'hui que seule l'expérience arrive à l’éclaircir. 

Je sais « l'expérience », ce n'est pas très rationnel, mais c'est à force de recherches, de lectures, de confrontations d'arguments, de remises en cause qu'un moment nous sommes capables de dire que cette « logique », pourtant « très logique », n'a que très peu de chance de « prospérer », qu'il y a « plus de verbiage que de logique ». Oui, de « verbiage », vous remarquerait que souvent les logiques qui n'en sont pas ont une tendance à produire du « verbe », c'est-à-dire de la « parole », « des exemples simplistes » … et ça a tous les niveaux.

Pour Conclure

Voilà, en quelques mots si je voulais présenter la spécialité de « l'étude de la preuve », elle est autant une activité de recherche suivant les sujets et les thématiques, qu'une activité d'éclaircissement, de classification et de comparaison. Elle ne nous est pas innée, elle s'apprend et se pratique. 

 

 

lundi 31 juillet 2023

Maître Julien l'Hippopotame « un personnage aux potentiels multiples »

J'ai créé Maître Julien l’Hippopotame au cours de mes études de droits et notamment lors de mon passage en cabinet d'avocat, j'étais alors animé par l'image de l'avocat du XIXe plaidant et pouvant s'élever contre toutes formes d'injustice.

L'image de Léon Gambetta m'animait profondément car pour moi, à l'époque, l'avocat était celui qui parle, qui défend qui protège.... bien loin il est vrai de ce qu'est la profession aujourd'hui, et c'est ce décalage qui donne tout son charme à cet hippopotame, il permet ainsi d'aborder tous les sujets sensibles sans trop de graviter, y apporter une autre vision qui pousse à la défense, à la probité et la grandeur d'âme.

Qu'il prenne la parole pour une victime ou un accusé, c'est toujours l'occasion pour lui de nous parler à nous directement. 

Les histoires, tantôt sérieuses, tantôt loufoques, sont toujours l'occasion de mettre en avant les talents de Maître Julien l'Hippopotame.


Mon regret est qu'il n'ait pas trouver un moyen d'être diffusé à plus grande échelle car son potentiel est multiple.

J'ai toujours pensé, à tort peut-être, qu'il aurait pu être utile à des "causes" sociales ou humanitaires, pour diffuser des messages sans se renier lui-même dans le sens où il diffuse déjà des messages.

L'humour y est aussi très présent quand je le tourne bien évidemment en dérision ou quand lui aussi dans un style feutré se moque de son adversaire, tourne cette fois en dérision l'argument de son opposé.

Mais, au fil des histoires, nous nous apercevons que les oppositions n'en sont pas réellement, que bien des adversaires viendront le chercher pour être défendu, rendant un monde complexe où rien n'est tout blanc ou tout noir, chacun vivant avec ses fantômes et ses turpitudes.

Il y a donc un côté bon enfant...dont j'espère un jour pouvoir le diffuser à un plus grand nombre. 


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vendredi 28 juillet 2023

Préliminaires d'une métamorphose

 


J'ai voulu écrire cet ouvrage pour illustrer ma thématique sur "les trajectoires collectives" et la possibilité collectivement de les maîtriser et pour démontrer comment nous vivons un moment charnière du passage d'une mythologie fondatrice à une autre. Comme je dis un "mythe ne se critique pas, il se remplace"...
 
Voilà mon ouvrage "Préliminaire d'une métamorphose" pour lequel je cherchais un éditeur 
 

Télécharger Préliminaire d'une métamorphose

 

Présentation : 

<< La principale caractéristique de notre civilisation est le fait de posséder le même « bien » pour définir et déterminer la richesse et permettre l’échange des choses élémentaires dont une personne ou un groupe a besoin pour vivre. L’économie occidentale capitaliste a donné naissance, à partir de cette confusion, à une mythologie, c’est-à-dire des histoires (ou des maximes) sur lesquelles nous organisons notre société. Sauf, que ces mythes fondateurs de l’économie occidentale capitaliste rencontrent aujourd’hui la limite matérielle de notre Monde à un point tel que tout ralentissement ou toute récession pourrait entamer les revenus de millions de personnes. Dans cet ordre d’idée, ce n’est plus tant la question de l’influence ou pas de la monnaie sur la réalité qui serait d’actualité, mais bien l’inverse celle de l’influence de la réalité matérielle sur la monnaie, et donc l’équilibre générale de nos économies. « Il est donc nécessaire de se demander s’il est possible d’imaginer un système où la production de richesses et la distribution d’un « bien d’échange » soient disjoints pour l’acquisition des choses élémentaires >>

 

 

<< Télécharger l'ouvrage entier >>

<< Voir article sur la mythologie économique>>

La paix n'est-elle qu'une illusion ?

Il existe des écoles supérieures de guerre, des écoles de guerre économique, il existe des institutions pour apprendre ce que nous appelons, peut-être improprement, « l 'art de la guerre », et dans ces objectifs se sont des milliards qui y sont consacrés, mais existe-t-il une école de la paix ?

La raison en est malheureusement très simple, c'est que les puissances étatiques sont nées de la guerre, c'est d'elles qu'ils justifient leur autorité, mais leur naissance doit-elle pour autant conditionner leur devenir, leur projection dans leur futur ? Ce n'est pas parce que nous serions nés de parents violents que nous devrions être violent. Qu'est-ce qui pousse les puissances étatiques à vouloir poursuivre leur origine ?

Oui, je sais lorsque nous traitons de la paix, il y a beaucoup de questions et très peu de réponses, parce que les réponses devraient être écrits par ceux-la mêmes qui s'efforcent à vouloir faire la guerre ou se préparer à la guerre, c'est la même chose.

Car, vouloir la paix demande déjà de faire des actes de paix et donc par conséquent de développer une économie de paix, c'est-à-dire une économie qui laisse la possibilité aux habitants d'exploiter leur territoire, d'y faire le commerce et de le façonner à leur image.

La paix appelle à un monde décentré qui lutterait contre toute forme de centralisme ou de concentration de pouvoir.

La paix appelle à créer un espace où le mot "avenir" aura à nouveau du sens.

Alors la paix est-elle une illusion ? Si elle reste un discours, certainement; s'il est décidé, par contre, de développer des actes de paix et une économie de paix, le possible deviendra alors une réalité. 

 

lundi 17 juillet 2023

Le paradoxe de la paupérisation

C'est peut-être la un fait paradoxal mais le cycle de paupérisation que commence à connaître la France va entraîner autant la perte de richesse d'une partie importante de la population que l'enrichissement et la concentration du capital dans une petite partie de cette même population.

Il y a d'abord une illusion : celle du salaire.

Il est vrai que tant que nous touchons notre salaire pour ceux qui ont un emploi, nous avons l'impression que tout va bien, que l'économie se porte bien.

Il faut pourtant dépasser cette première vue car dans tous les pays, comme la Grèce, qui ont eu de fortes difficultés financières jusqu'au déclenchement de la crise, du clash, les salariés et fonctionnaires recevaient leurs salaires.

Plusieurs indices devraient nous alerter.

D'abord, que la sphère publique a de moins en moins de capacité financière. Le premier indice est les retards de paiement, voire même dans certains cas les impayés, des prestations des entreprises et artisans à l'espace public (État comme collectivité territoriale).

A chaque fois est plaidé l'erreur technique, la faute du logiciel informatique, sans remettre en cause leur explication, ces faits ont tendance à se multiplier à un point tel qu'ils découragent bien des artisans à travailler pour la sphère publique.

L'autre fait qui devrait nous alerter, ce sont les multiples appels à faire des économies par l’État et notamment via les décisions gouvernementales, mais aussi les rapports soit de la cours des comptes qui les demandent, les instances européennes qui le souhaitent ou même le défenseur des droits qui les constatent.

Dernier phénomène qui devrait nous alerter est le fait que les populations en difficulté qui réclament leurs droits sont pointés du doigt. Nous parlons pourtant de « droits » et pourtant le fait de recevoir ses droits est de plus en plus dénoncé et décrit comme une « anomalie », émettant un sentiment de « honte » à demander ses droits. Ce phénomène est un indicateur profond du début d'un cycle de paupérisation.

Je sais, il est difficile de croire que la France entre dans un cycle accéléré de paupérisation qui entraîne forcément ses paradoxes : celui que l'argent circule de plus en plus mal entre les différentes sphères de la société. Le « Bien d'échange » (argent) indispensable pour accéder à un logement, à alimentation, à la santé se fait de plus en plus rare pour une partie significative de la population, y compris travailleuse.

Il faudra sans nul doute avouer que la France n'a plus les moyens de sa politique si nous voulons nous donner une change de faire en sorte que chacun est un revenu, appelant forcément à une profonde réforme de notre économie ... 



dimanche 9 juillet 2023

Quand Bernanos écrivait sur la relation entre "l'ordre" et "la liberté"....


C'est dans son texte "La France contre les robots" (1944) que provient cet extrait, issu du chapitre II, Georges Bernanos y évoque la progression de l'idée "d'ordre" sur celle de la "liberté". Dans cet ouvrages, il n'hésite pas à déstabiliser les logiques couramment admises, il y confronte la "démocratie" face à la "liberté", la "Patrie" face à "l’État", une justesse des "privilèges" pour protéger "l'égalité"... paradoxe et origine de notre liberté trop vite oublié, qui nous fait perdre le sens des valeurs et la raison de vivre... 

le sens de l'engagement : 

"Oui, cher lecteur, je crains que vous ne vous imaginiez pas la Liberté comme de grandes orgues, qu’elle ne soit déjà pour vous qu’un mot grandiose, tel que ceux de Vie, de Mort, de Morale, ce palais désert où vous n’entrez que par hasard, et dont vous sortez bien vite, parce qu’il retentit de vos pas solitaires. Lorsqu’on prononce devant vous le mot d’ordre, vous savez tout de suite ce que c’est, vous vous représentez un contrôleur, un policier, une file de gens auxquels le règlement impose de se tenir bien sagement les uns derrière les autres, en attendant que le même règlement les entasse pêle-mêle cinq minutes plus tard dans un restaurant à la cuisine assassine, dans un vieil autobus sans vitres ou dans un wagon sale et puant. Si vous êtes sincère, vous avouerez peut-être même que le mot de liberté vous suggère vaguement l’idée du désordre – la cohue, la bagarre, les prix montant d’heure en heure chez l’épicier, le boucher, le cultivateur stockant son maïs, les tonnes de poissons jetées à la mer pour maintenir les prix. Ou peut-être ne vous suggérerait-il rien du tout, qu’un vide à remplir – comme celui, par exemple, de l’espace… Tel est le résultat de la propagande incessante faite depuis tant d’années par tout ce qui dans le monde se trouve intéressé à la formation en série d’une humanité docile, de plus en plus docile, à mesure que l’organisation économique, les concurrences et les guerres exigent une réglementation plus minutieuse. Ce que vos ancêtres appelaient des libertés, vous l’appelez déjà des désordres, des fantaisies. « Pas de fantaisies ! disent les gens d’affaires et les fonctionnaires également soucieux d’aller vite, le règlement est le règlement, nous n’avons pas de temps à perdre pour des originaux qui prétendent ne pas faire comme tout le monde… » Cela va vite, en effet, cher lecteur, cela va très vite. J’ai vécu à une époque où la formalité du passeport semblait abolie à jamais. N’importe quel honnête homme, pour se rendre d’Europe en Amérique, n’avait que la peine d’aller payer son passage à la Compagnie transatlantique. Il pouvait faire le tour du monde avec une simple carte de visite dans son portefeuille. Les philosophes du XVIIIe siècle protestaient avec indignation contre l’impôt sur le sel – la gabelle – qui leur paraissait immoral, le sel étant un don de la Nature au genre humain. Il y a vingt ans, le petit bourgeois français refusait de laisser prendre ses empreintes digitales, formalité jusqu’alors réservée aux forçats. Oh ! oui, je sais, vous vous dites que ce sont là des bagatelles. Mais en protestant contre ces bagatelles le petit bourgeois engageait sans le savoir un héritage immense, toute une civilisation dont l’évanouissement progressif a passé presque inaperçu, parce que l’État Moderne, le Moloch Technique, en posant solidement les bases de sa future tyrannie, restait fidèle à l’ancien vocabulaire libéral, couvrait ou justifiait du vocabulaire libéral ses innombrables usurpations. Au petit bourgeois français refusant de laisser prendre ses empreintes digitales, l’intellectuel de profession, le parasite intellectuel, toujours complice du pouvoir, même quand il paraît le combattre, ripostait avec dédain que ce préjugé contre la Science risquait de mettre obstacle à une admirable réforme des méthodes d’identification, qu’on ne pouvait sacrifier le Progrès à la crainte ridicule de se salir les doigts. Erreur profonde ! Ce n’était pas ses doigts que le petit bourgeois français, l’immortel La Brige de Courteline, craignait de salir, c’était sa dignité, c’était son âme. Oh ! peut-être ne s’en doutait-il pas, ou ne s’en doutait-il qu’à demi, peut-être sa révolte était-elle beaucoup moins celle de la prévoyance que celle de l’instinct. N’importe ! On avait beau lui dire : « Que risquez-vous ? Que vous importe d’être instantanément reconnu, grâce au moyen le plus simple et le plus infaillible ? Le criminel seul trouve avantage à se cacher… » Il reconnaissait bien que le raisonnement n’était pas sans valeur, mais il ne se sentait pas convaincu. En ce temps-là, le procédé de M. Bertillon n’était en effet redoutable qu’au criminel, et il en est de même encore maintenant. C’est le mot de criminel dont le sens s’est prodigieusement élargi, jusqu’à désigner tout citoyen peu favorable au Régime, au Système, au Parti, ou à l’homme qui les incarne. Le petit bourgeois français n’avait certainement pas assez d’imagination pour se représenter un monde comme le nôtre si différent du sien, un monde où à chaque carrefour la Police d’État guetterait les suspects, filtrerait les passants, ferait du moindre portier d’hôtel, responsable de ses fiches, son auxiliaire bénévole et public. Mais tout en se félicitant de voir la Justice tirer parti, contre les récidivistes, de la nouvelle méthode, il pressentait qu’une arme si perfectionnée, aux mains de l’État, ne resterait pas longtemps inoffensive pour les simples citoyens. C’était sa dignité qu’il croyait seulement défendre, et il défendait avec elle nos sécurités et nos vies. Depuis vingt ans, combien de millions d’hommes, en Russie, en Italie, en Allemagne, en Espagne, ont été ainsi, grâce aux empreintes digitales, mis dans l’impossibilité non pas seulement de nuire aux Tyrans, mais de s’en cacher ou de les fuir ? Et ce système ingénieux a encore détruit quelque chose de plus précieux que des millions de vies humaines. L’idée qu’un citoyen, qui n’a jamais eu affaire à la Justice de son pays, devrait rester parfaitement libre de dissimuler son identité à qui il lui plaît, pour des motifs dont il est seul juge, ou simplement pour son plaisir, que toute indiscrétion d’un policier sur ce chapitre ne saurait être tolérée sans les raisons les plus graves, cette idée ne vient plus à l’esprit de personne. Le jour n’est pas loin peut-être où il nous semblera aussi naturel de laisser notre clef dans la serrure, afin que la police puisse entrer chez nous nuit et jour, que d’ouvrir notre portefeuille à toute réquisition. Et lorsque l’État jugera plus pratique, afin d’épargner le temps de ses innombrables contrôleurs, de nous imposer une marque extérieure, pourquoi hésiterions-nous à nous laisser marquer au fer, à la joue ou à la fesse, comme le bétail ? L’épuration des Mal-Pensants, si chère aux régimes totalitaires, en serait grandement facilitée."

 

Sur un sujet proche, mes vidéos sur la dématérialisation : 

 

 

dimanche 11 juin 2023

La "violence légitime", est-ce l'invention de faussaires?

Publié la première fois le 28 février 2022

+ la vidéo : Monopole de la violence légitime et si Max Weber avait tort!


La définition de ce qui a été baptisée la « violence légitime », est couramment attribuée au sociologue Max Weber, et se traduit comme le « monopole dont dispose l’État pour le maintien ou le rétablissement de l’ordre public ». Cette violence serait donc caractérisée de légitime, et seul l’État la posséderait.

D’ailleurs, nous savons que dans le Code Général des collectivités territoriales, l’ordre public est définit comme « le bon ordre, la sûreté, la sécurité et la salubrité publique ». En d’autres termes, cette violence pourrait être utilisée pour assurer ces objectifs, faut-il encore les apprécier car, l’appréciation de l’ordre public demeure souvent une géographie variable.

Néanmoins, cette définition classique, que de chacun présentons comme allant de soi pose quand même un certain nombre de questions, et notamment lorsqu’on la confronte à l’histoire. Je me rappelle de la phrase de Raymond Aron qui disait qu’il préférait « avoir tort avec Weber que raison avec Durkheim », phrase prophétique à en croire car, l’histoire montre qu’il faut sans aucun doute timoré cette vue classique.

La seule évocation de la Résistance de 1940 fait voler en éclat les termes mêmes de « violence légitime » puisque aucun historien n’oserait je pense affirmer que les Résistants de cette époque n’étaient pas fondés dans leurs actions violentes. Pourtant, à l’époque, le pouvoir officiel, nous pouvons dire l’État, les avait condamnés et les traitait de « terroristes ». Faut-il alors rappeler que la « résistance à l’oppression » fait partie des droits imprescriptibles de l’Homme selon la déclaration de 1789, adossée, et n’est-ce pas un hasard, à la Constitution française de 1958.

Cette évocation nous rappelle que la légitimité de la violence se conditionne donc d’abord en fonction de la situation, qu’elle n’est pas une donnée et encore moins une propriété d’une Institution comme laisse pourtant penser la définition wébérienne.

Rappelons que l’usage de la violence est essentiellement acceptée en droit dans deux cas spécifiques ; dans le cas de la « légitime défense », c’est-à-dire le fait d’être agressé et de pouvoir se défendre pour protéger en premier lieu notre intégrité corporelle, il y a donc ici l’idée de menace, voire de péril ; la violence est aussi admise dans le cadre militaire dit des « assauts » que cela soit en situation de guerre ou lors d’opérations spéciales, telle qu’une intervention pour libérer des otages, menée dans ce cadre par des « forces spéciales ».

Nous le voyons en terme de droit, même l’État n’a pas le monopole de la violence, et ne peut l’utiliser légitimement que lorsqu’il y a, comme une personne, l’idée de menaces et de troubles.

Il faut aussi tenir compte de la réalité, et se poser la question de qui trouble l’ordre public et pourquoi ? Le rapport de force est aussi un aspect qui peut définir la violence légitime comme nous l’apprenait Jean de La Fontaine : « la raison du plus fort est toujours la meilleur… »

Cette partie de la réalité ne doit néanmoins pas nous faire oublier qu’un dernier aspect entre dans l’explication de la violence légitime à travers la définition que nous donnons de l’État. Ce dernier, y inclut-il le peuple ou non ? Dans le premier cas, s’il ne l’inclut pas, on peut caractériser la violence légitime sur les populations comme un monopole de l’État ; mais si, par contre, nous entendons que le peuple est une partie intégrante de l’État, donc d’un État définit comme multipolaire, l’usage de la violence contre le peuple est de fait illégitime car, elle serait l’œuvre d’une partie de l’État contre lui-même. Dans ce dernier cas, nous comprenons, que le peuple est de fait autant garant de l’ordre public que les institutions, c’est pourquoi la définition apportée à l’État est de ce fait fondamentale.

Il est intéressant de voir d’ailleurs comment la cours européenne en 1998 a exprimé que l’usage de la violence pour disperser une manifestation, n’était pas nécessaire.

Tous ces éléments laissent donc à penser que l’usage de l’idée de « violence légitime » comme étant la propriété de l’État demeure l’œuvre d’un faussaire, elle a l’apparence de la vérité, mais demeure fausse. La violence légitime doit au moins être regardée selon trois critères qui sont 1/ la situation, 2/ le rapport de force et 3/ la définition de l’État.

Ceci laisse donc à penser pour finir que l’usage de la violence demeure l’expression d’un système à court d’argument et qui penne à se faire entendre. Il apparaît aussi que le pouvoir ne devrait pas tant être analysé en termes de partage, comme fait trop couramment, mais en terme de réunion (union) de toutes les composantes de l’État, peuple y compris ; d’où l’idée d’État multipolaire.



jeudi 25 mai 2023

Une société de l'écrit qui apprend son droit par « oui-dire »

Un détail diront certains, mais comme l'affirme le proverbe « le diable se cache dans les détail», mais avez-vous remarqué que très peu de monde ont appris leur droit en les lisant. La grande majorité de nos concitoyens apprennent leurs droits, qui sont pourtant écrits, via des articles de presses, surtout de la presse « orale » radio ou télévision, des commentateurs, animateurs, journalistes et autres interprètes du droit.

Souvent lorsque nous demandons comment nous connaissons tel aspect de nos droits, la réponse se résume à "on me la dit"...comme si cette connaissance flottait dans les airs. 

Ce rapport entre « l'écrit », la « vulgarisation »  et « l'oral » est assez notable et peu même être dans certaines situations très cocasses.

Nous n'allons pas revenir bien évidemment sur les deux années de l'Urgence sanitaire 2020-2022, mais c'était une période où la parole des gouvernants avait pris le pas sur le texte écrit, la « loi » comme on dit : Celle-ci devenait même gênante pour lutter contre un phénomène qualifié « d'exceptionnel »

Au-delà de ces années, le texte fondateur n'étant que peu lu, il devient important d'y revenir pour s'en faire une idée, revenir à ce qui est écrit pour en parler en connaissance de cause.

Cet objectif, cette exigence devrais-je dire, doit nous aider à forger nos connaissances et nos opinions ce qui est un moindre mal dans un régime qui se veut « démocratique ».

C'est dans cette voie que « Contre Arguments » se dirige, comprendre les « arguments » développés et écrits, apprendre de ces derniers et forger des analyses et des arguments contraires pour avancer dans la connaissance.

Revenir au texte pour mieux en parler !


samedi 6 mai 2023

La France face au mouvement pendulaire de son destin

Avec l'histoire de la réforme des retraites et les décisions amplement discutées de son adoption qui va de l'utilisation du 49.3, qui permet de faire passer une loi sans vote, à l'avis du Conseil Constitutionnel dont bien des aspects de cette validation font encore débat, interroge, au regard des contestations populaires qui ne se calment pas de la fondation de nos institutions.

Pourtant, tout le monde, dirigeants comme opposants y font références. 

Il faut pourtant rappeler que la Ve République est née durant une période très particulière de notre histoire, avec le retour du Général de Gaulle en pleine guerre d'Algérie et où l'instabilité parlementaire n'arrivait pas à arrêter la spirale de la violence. 

A l'époque, bien des analystes pensaient que la société pouvait basculer dans une guerre civile. Il n'en sera rien, et naîtra au contraire la Ve République.

A qui on dit « oui » exactement les français ? A la Constitution? au Général de Gaulle? Ou à la paix? 

Se revendiquer de ce vote aujourd'hui pour asseoir notre système est faire l'impasse sur l'histoire.

Car, la France connaît un mouvement pendulaire du pouvoir, comme un signe généalogique qui revient sans cesse et dont personne n'arrive à se défaire, elle oscille entre un pouvoir fortement centralisé dans les mains d'un Roi ou d'un Président et le pouvoir tout aussi centralisé d'un Parlement.

Lorsque nous apprenons dans un sondage ressent qu'entre 60 à 65% des français souhaitent que le Parlement ait plus de pouvoir, nous nous disons que nos vieux fantômes nous pourchassent.

Il est malheureusement possible de prévoir la suite. 

La Ve République fera peut-être sa révérence; et peut-être qu'elle a déjà faite en 2000 avec l'adoption du quinquennat. 

Une VIe verra le jour, sans nul doute avec un pouvoir parlementaire plus développé. 

Elle n'en sera pas moins centralisatrice car contrairement à ce que nous pensons les collectivités sont avant tout le relais de la politique de l’État.

Nous passerons certainement d'un centralisme d'une personne à un centralisme parlementaire, sans savoir si c'est mieux, ce sera par contre plus animé avec le jeu des alliances et des disputes. 

Et le peuple dans tout cette affaire ? 

Là est la question.

Est-il alors venu le jour de dépasser ce mouvement pendulaire qui oscille entre deux centralismes incessants et qui ne laissent que trop peu d'espace de liberté au peuple et de faire preuve d'imagination....pour une VIIe République:)

 

samedi 4 mars 2023

SNU - Ecole-armée ou Armée-école, "retour vers le futur"? Être vissionnnaire ne sert à rien.

Pour ceux qui suivent un petit peu l'actualité, vous avez vu la volonté de l'exécutif de rendre obligatoire à toute une classe d'âge le SNU (service national universel), dont le coût comme l'organisation va demander d'énormes efforts à un moment où bien des ministères auraient besoin de cette manne.

L'actualité nous rattrapant, en 2008 j'avais soutenu mon doctorat en sciences de l'éducation qui s'appelait : " Entre Culture et Politique, concevoir l’armée et l’école entre 1936 et 1946 en France" ( Cliquez ici pour voir la page sur le doctorat en sciences de l'éducation) dont le sujet était les pédagogies en lien entre l'armée et l'école car j'avais été frappé qu'en France le débat tourne entre ces deux ministères "l'armée" et "l'éducation", et à savoir qui était le porteur des valeurs républicaines, deux camps, pour faire simple, se faisaient face : 1 - ceux qui pensent que les valeurs militaires d'ordre et de discipline doivent s'imposer à l'école pour former de bons citoyens et 2 - ceux qui pensent au contraire que l'éducation nationale possède des valeurs qui lui sont propres basées sur des valeurs plus éducatives du dialogue et universalistes.

A l'époque, mon travail qui a été récompensé tout de même du doctorat, avait qu'en même était très critiqué, m'indiquant que cette problématique était dépassée.... En êtes-vous bien certain? Entre temps est apparu le SNU qui revendique précisément pour créer une cohésion nationale une alliance avec qui ? L'armée et l'école bien sur. 

Mon travail qui ne m'a permis de décrocher aucun poste était néanmoins un petit peu visionnaire...

Mais cette malheureuse satisfaction ne me sert à rien, d'autant plus que j'aurais préféré que le débat des années 40 ne revienne jamais.

J'espère que la jeunesse lèvera le nez de ses consoles pour prendre conscience de la farce à laquelle, malgré elle, elle participe... 

Je vous laisse néanmoins un extrait, non de la thèse, mais du résumé libre que j'avais rédigé dix ans après en 2020 sous le titre "Appréhender l"inconnu, l'héritage des pédagogies des années 30 et 40" qu'en je m’apercevais bien de l'intérêt de mon travail, voilà ce que j'écrivais dans l'introduction :


"[...] lorsque nous regardons les principes éducatifs mises en avant, ils reviennent souvent à la confrontation des idées et des hommes qui s’est développée dans les années 30 et 40, période quand même qui a connu un conflit mondial et un bouleversement profond de notre conception de l’homme, assez fort pour que près de quatre-vingt-dix ans après nous n’ayons pas dépassé les termes du débat qui peut se concentrer dans la confrontation entre une volonté de libérer les hommes des répressions et contraintes qu’ils subissent et une volonté au contraire de renforcer des autoritarismes et des contrôles pour rendre en théorie plus efficace le rendement des productions humaines.

Ces deux mouvements travaillent d’une façon plus ou moins marquée l’expression des mouvements d’éducation, et plus largement la relation que nous pouvons développer chacun d’entre nous envers autrui.

[...]

Nous intéresser aux années 30 et 40, et plus particulièrement à la période qui va de 1936 à 1946 en France n’est pas un choix anodin, puisqu’il se concentre un amas d’évènements qui permet en dix ans de brosser des comportements humains que nous retrouverons par la suite dans notre histoire ; pour nous, l’occasion de mieux appréhender la relation pédagogique avec autrui, c’est-à-dire pour apprivoiser l’inconnu.

Cette période a aussi un intérêt car, elle est un moment de guerre et de confrontation mondiale, demandant aux différents participants de se dévoiler, d’être finalement plus authentique face à sa propre pensée, appelant aussi à insérer la France dans une réflexion européenne.

La période 1936-1946 est particulièrement riche en expériences gouvernementales différentes. Il est possible de noter successivement le Front populaire, le gouvernement de Vichy, la France libre et un gouvernement provisoire en sortie de guerre.

Le débat qui anime l’éducation en cette période de Guerre Mondiale trouve sa source dans la Révolution Française comme l’exprime le Maréchal Pétain, créant un parallèle entre l’école et l’armée dès 1934 lors du 14e banquet de la Revue des deux Mondes : « cadres scolaires et cadres militaires ont, en effet », selon lui, « une mission commune : développer la valeur physique, tremper les cœurs, forger les volontés. Mais, tandis que l’armée forme des soldats, instruments éventuels de la défense du sol, les corps enseignants préparent des citoyens, artisans permanents de la grandeur du pays (…) [Seulement], la France n’est pas dotée d’un véritable système d’éducation nationale [les enseignants élèvent les jeunes] dans l’ignorance ou le mépris de la Patrie ». L’enjeu pour Pétain est la lutte qu’il entame contre l’Universalisme des Lumières et donc de remplacer la Révolution Française par une Révolution Nationale, ayant pour base les valeurs militaires d’ordre et de discipline, étant les seules pour lui dignes à l’accomplissement de la personne et à sa réussite sociale, et par ricochet de la Nation.

Ne l’oublions pas, cette idée se développe encore dans nos institutions sous des formes indirectes qui visent le contrôle et la discipline autoritaire pour la réussite et les bons résultats.

L’école a donc été très tôt un lieu certes où nous formons les futurs hommes et femmes du pays, mais aussi un lieu de l’expression du pouvoir, même si les instituteurs et les professeurs ne s’en aperçoivent pas toujours.

Alors bien évidemment, en cette période trouble, la vision de Pétain et du gouvernement de Vichy n’est pas la seule à se développer, même si nous notons dans des mouvements moins officiellement autoritaristes cette volonté de mélanger l’armée et l’école comme dans la Résistance avec l’OCM (Organisation Civil et Militaire) ou encore les FTP (Francs-tireurs et partisans) proche du Parti Communiste.

Différentes visions de la France se développent ainsi à cette époque, qui seront autant de conceptions de l’autorité : De Gaulle et la France Libre à Londres qui développe une vision mondialiste du conflit et du rôle du pays, Giraud qui souhaite rester dans le cadre de la loi, les Communistes qui suivent l’Internationale et le Maréchal Pétain qui vise, comme dit ci-dessus, une Révolution Nationale et la construction d’un homme nouveau. [...]"  

 

 


vendredi 3 mars 2023

Le Quatrième Pouvoir pour refaire du lien

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Si le monde change, ce ne sera ni pour l’écologie, ni même pour le social, mais bel et bien pour recréer des liens qui ont disparus et qui permettaient à un maximum de personnes de vivre correctement sur son territoire et de faire communauté.

Quel que soit la gravité de ce que nous vivons, les hommes ne bougent que lorsque leur imaginaire commun dessine un horizon visible, donnant un sens à leur geste, à leur don, à leur existence.

Les hommes changent quand la volonté de faire du lien n’est plus suffisamment fédérateur, quand dans la société chacun est étranger à son voisin, quand la solitude a atteint un tel niveau qu’il n’y a plus comme solution que de se mettre en mouvement.

C’est bien le lien qui amène à l’union, à l’appartenance à une communauté, à un territoire car les hommes ont toujours été des êtres de territoires, même quand ils sont nomades, c’est la terre qui fait le lien, crée les valeurs, lie les hommes entre eux, donne ce sentiment d’appartenance, aussi différent soit-on, le lien est primordial et le changement n’arrive que lorsqu’il risque de disparaître.

Nous ne parlons pas d’évènements du grand soir, mais bel et bien d’un processus lent et silencieux, irrémédiable.

Le Quatrième Pouvoir dont nous nous assignions à discuter et montrer l’existence, et celui-ci, celui du lien fédérateur, existant avec ou sans État.

Le lien sans lequel rien n’existe.

Beaucoup de théories, concepts et discours ont été élaborés pour expliquer ce qui faisait l’unité d’un pays ; successivement nous avons parlé de la langue, du territoire, de l’appartenance religieuse, culturelle, de la volonté ou du désir de vivre ensemble ; mais au final, rien de toutes ces explications n’est totalement satisfaisante comme si quelque chose nous échappait.

J’ai souvent pensé à cette question, et j’en suis arrivé à la conclusion que ce qui fait l’unité d’un pays est autant ce qui le rassemble que ce qui le divise, que finalement la dispute, la division, la diversité, la pluralité sont autant de raison d’être ensemble que la bonne entente. Aussi paradoxalement que cette vision peut être, les mêmes choses qui rassemblent sont les mêmes choses qui divisent. C’est pourquoi, j’en suis arrivé à la conclusion qu’une société fait corps, s’unit quand elle a compris qu’elle va disparaître ou qu’elle peut disparaître.

Alors, il est possible de parler du lâcher prise et du lien. Aucun lien ne peut être activé si en parallèle nous ne lâchons pas prise de nos attaches ; et c’est pour ce fait que tant que les Français resterons attachés au cartésianisme, tant qu’ils croiront qu’ils faut souffrir pour apprendre, tant qu’ils croiront en l’ordre et en la discipline centralisatrice, à l’État militaire, aucun lâcher prise ne sera possible, et aucun nouveau lien salvateur ne pourra être créé, et donc notre destinée est connue. Car chaque peuple a son destin dans ses mains, ce ne sont pas les dirigeants qui choisissent, ce sont les peuples. Les chefs d’État ont l’illusion du choix tant que les peuples restent dociles, mais l’histoire l’a montré et démontré, il n’y a aucun peuple qui ne va là où il ne veut pas aller, ou là où il a renoncé de s’affirmer. Quand ceci arrive, c’est que tout simplement, sa culture a disparu. Nous choisissons collectivement notre trajectoire et donc nous sommes en capacité de réactiver des liens, à une condition que l’on abandonne des schémas culturels de penser que nous avons cru nôtre.

D’où cette analyse sur le Quatrième Pouvoir, celui qui fait lien, le pouvoir régulateur. 

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