jeudi 24 juin 2021

Quand l'idée de « progrès » laisse la place à l'idée du « moment présent »

Nous ne vivons plus la fin d'une époque, nous avons changé d'époque et ce détail fait toute la différence aujourd'hui car, ce qui pouvait être une réalité future est actuelle, sauf qu'il y a un bémol. Si en effet, les populations ont changé d'époque, ont tourné la page de l'histoire, ont clos un chapitre, nos structures, nos administrations, nos économies, nos dirigeants sont restés bloqués dans l'ancienne époque, créant une impossibilité de communiquer entre deux mondes étrangers l'un à l'autre, l'un qui disparaît inexorablement, et l'autre qui est déjà et va s'imposer quoiqu'il en soit. Mais que sont-ils ?

Personnellement, je l'ai résumé dans une conférence que j'ai nommé « Terre naissante, L'histoire d'une humanité qui veut continuer à vivre libre... », titre évocateur puisque précisément, cette fin d'époque est celle d'un très long processus qui a démarré bien avant notre siècle. C'est la raison pour laquelle je parle d'époque, et non de « siècles » ou d '« ère ».

Il faut avoir en mémoire qu'au début la Terre apparaissait pour les hommes comme immense, voire infinie, et que c'est la découverte de ses limites, le franchissement de ses horizons qui a fait changé la conception du monde des hommes, face à une Terre qui devenait de plus en plus petite, ils lui ont substitué un élément qui leur a apparu infini, « l'homme lui-même », c'est la découverte du « Moi », du « cogito », de la « conscience », du « génie créateur », nous sommes devenus alors notre propre centre.

Mais, comme je le dis nous parlons d'un très long processus.

Pour aller à l'essentiel, de là est né l'idée d'une progression de l'homme capable de transgresser les limites, et de par ses découvertes de faire que chaque génération qui suit vivra mieux que la suivante, et cela a pu paraître vrai à certaine époque, selon le progrès technologique.

Nous sommes allés plus loin, plus vite, nous sommes devenus plus puissants à en oublier précisément la Terre, d'où nous venons, et les limites matérielles de cette dernière.

Il est vrai que l'idée de progrès à particulièrement cru ces dernières années depuis la fin de la seconde guerre mondiale, comme le sprint de ses derniers 100 mètres. Avec elle, évidemment, c'est l'idée d'individualisme qui s'est développée, d'homme seul, assisté de la technologie et n'ayant besoin de rien d'autre, la société s'est atomisée, chacun vivant de son côté et nos humanités s'arrêtent aux portes de nos jardins. Bien sûr en réaction à cet individualisme extrême, l'aide humanitaire s'est développé, mais ne doit pas cacher le mouvement de fond, l'homme, cet « animal social », qui vivait en groupe est devenu un être seul, une foule d'êtres solitaires.

Le confinement a été au bout de cette logique avec le « distanciel », « l'enfermement », les « gestes barrières », ne plus s'embrasser, éliminer tout geste d'amitié, et surtout considérer que chacun est devenu une menace pour l'autre. Comme un bouquet final, la santé dernier bastion de cette idée de progrès a montré toute son incapacité à lutter contre un virus, refusant les traitements d'anciennes molécules qui fonctionnaient, voulant absolument trouver le remède miracle issu du progrès technologique. Or, dès premiers résultats, l'idée d'un vaccin salutaire s'effondre, même devient au fil des résultats une menace, et petit à petit, c'est l'idée même de vaccination qui s'effondrera face aux résultats d'une modernité impuissante et contre productrice.

Car, l'idée de progrès ne se constate plus dans la société, l'idée simple que les générations vivront mieux que les suivantes ne se vérifie pas, la Terre se dégrade, on parle de la « fin de l'économie pétrole », et cette science qui devait proposer autre chose de mieux pour que nous gardions notre niveau de développement y est tout simplement incapable, toute personne honnête le constate, et c'est ainsi que cet homme qui refusait les limites de la Terre, croyant qu'en devenant le centre, l'infini lui était ouvert, finit par rencontrer sa propre finitude, se rappelant que quoiqu'il fasse, il n'est ce qu'il est que parce qu'il y a une Terre.

Il faut dire que tout dans notre pays c'est organisé autour de l'idée de progrès, l'éducation, l'administration, l'industrie, le travail et l'expression politique avec cette idée des partis du progrès face aux partis plus conservateurs, rien n'y a échappé, sauf que maintenant plus rien n'y correspond, nous vivons donc dans une structure hors sol, abstraite, déconnecté du réel, ironie pour une époque qui prétend vivre dans l'hyper-connection d'internet, dans une bulle...

Face à l'impossibilité de se projeter dans le temps, les hommes ont commencé à investir leur espace, le « moment présent », abandonnant le « futur » pour le « présent », ce sont toutes les pensées de la « pleine conscience », de « l'ici et du maintenant », de la gestion raisonnée de notre Terre, d'une certaine forme de décroissance, face à l'incertitude du futur, nous avons cherché la certitude du présent. Nous avons vécu la fin de l'idée de progrès, et comme ce sont les couches les plus inférieures de la société qui l'ont subit en premier, ce sont les premières qui ont changé. Au fur et à mesure, chaque niveau permute jusqu'à aujourd'hui où l'ensemble de la société se transforme, sauf ses structures dirigeantes, les dernières à subir les difficultés du temps.

Nous devons écrire la synthèse d'une histoire qui a commencé par nous montrer les limites de la Terre, puis celle de l'homme, il faut donc composer avec les deux pour construire notre présent, infini qui tourne sur lui comme les cycles de la nature.

Intéressant de noter, que lorsque Claude Lévi-Strauss avait parlé des sociétés à histoire chaude, qui ont une relation à l'histoire linéaire, et des sociétés à histoire froide, qui ont une relation à l'histoire circulaire, évoquant par là les « sociétés sans histoire », beaucoup de chercheurs s'étaient mépris étant à l'époque dans un temps où l'idée de progrès arrivait à son paroxysme, mais forcé de reconnaître que nos sociétés à histoire chaude se refroidissent beaucoup, et passent inexorablement d'une économie de progrès à une économie circulaire.

L'abandon du futur pour le présent, du temps pour l'espace s'inscrit bien évidemment dans une histoire de l'humanité qui avait refusée de dialoguer avec la Terre, et qui va devoir y revenir. Je dis bien la Terre et non la seule nature, car il existe malheureusement une écologie politique qui ne voit le monde que dans l'ornière de la contrainte et de la sanction, alors même que l'orientation de nos sociétés vers le « moment présent » est exactement l'inverse, un monde qui doit conjuguer avec le dialogue, l'écoute, la discussion, le partage, la prise en compte de la Terre, d'une économie intégrée, la gestion raisonnée de nos ressources, la relocalisation des échanges ; enfin, vers où toutes les structures dirigeantes ne vont pas, mais devront y aller car, c'est matériellement que l'histoire d'une humanité qui veut rester libre en a pris le sens. 

Nous ne vivons plus la fin d'une époque, nous avons changé d'époque et ce détail fait toute la différence aujourd'hui car, ce qui pouvait être une réalité future est actuelle, sauf qu'il y a un bémol. Si en effet, les populations ont changé d'époque, ont tourné la page de l'histoire, ont clos un chapitre, nos structures, nos administrations, nos économies, nos dirigeants sont restés bloqués dans l'ancienne époque, créant une impossibilité de communiquer entre deux mondes étrangers l'un à l'autre, l'un qui disparaît inexorablement, et l'autre qui est déjà et va s'imposer quoiqu'il en soit. Mais que sont-ils ?

Personnellement, je l'ai résumé dans une conférence que j'ai nommé « Terre naissante, L'histoire d'une humanité qui veut continuer à vivre libre... », titre évocateur puisque précisément, cette fin d'époque est celle d'un très long processus qui a démarré bien avant notre siècle. C'est la raison pour laquelle je parle d'époque, et non de « siècles » ou d '« ère ».

Il faut avoir en mémoire qu'au début la Terre apparaissait pour les hommes comme immense, voire infinie, et que c'est la découverte de ses limites, le franchissement de ses horizons qui a fait changé la conception du monde des hommes, face à une Terre qui devenait de plus en plus petite, ils lui ont substitué un élément qui leur a apparu infini, « l'homme lui-même », c'est la découverte du « Moi », du « cogito », de la « conscience », du « génie créateur », nous sommes devenus alors notre propre centre.

Mais, comme je le dis nous parlons d'un très long processus.

Pour aller à l'essentiel, de là est né l'idée d'une progression de l'homme capable de transgresser les limites, et de par ses découvertes de faire que chaque génération qui suit vivra mieux que la suivante, et cela a pu paraître vrai à certaine époque, selon le progrès technologique.

Nous sommes allés plus loin, plus vite, nous sommes devenus plus puissants à en oublier précisément la Terre, d'où nous venons, et les limites matérielles de cette dernière.

Il est vrai que l'idée de progrès à particulièrement cru ces dernières années depuis la fin de la seconde guerre mondiale, comme le sprint de ses derniers 100 mètres. Avec elle, évidemment, c'est l'idée d'individualisme qui s'est développée, d'homme seul, assisté de la technologie et n'ayant besoin de rien d'autre, la société s'est atomisée, chacun vivant de son côté et nos humanités s'arrêtent aux portes de nos jardins. Bien sûr en réaction à cet individualisme extrême, l'aide humanitaire s'est développé, mais ne doit pas cacher le mouvement de fond, l'homme, cet « animal social », qui vivait en groupe est devenu un être seul, une foule d'êtres solitaires.

Le confinement a été au bout de cette logique avec le « distanciel », « l'enfermement », les « gestes barrières », ne plus s'embrasser, éliminer tout geste d'amitié, et surtout considérer que chacun est devenu une menace pour l'autre. Comme un bouquet final, la santé dernier bastion de cette idée de progrès a montré toute son incapacité à lutter contre un virus, refusant les traitements d'anciennes molécules qui fonctionnaient, voulant absolument trouver le remède miracle issu du progrès technologique. Or, dès premiers résultats, l'idée d'un vaccin salutaire s'effondre, même devient au fil des résultats une menace, et petit à petit, c'est l'idée même de vaccination qui s'effondrera face aux résultats d'une modernité impuissante et contre productrice.

Car, l'idée de progrès ne se constate plus dans la société, l'idée simple que les générations vivront mieux que les suivantes ne se vérifie pas, la Terre se dégrade, on parle de la « fin de l'économie pétrole », et cette science qui devait proposer autre chose de mieux pour que nous gardions notre niveau de développement y est tout simplement incapable, toute personne honnête le constate, et c'est ainsi que cet homme qui refusait les limites de la Terre, croyant qu'en devenant le centre, l'infini lui était ouvert, finit par rencontrer sa propre finitude, se rappelant que quoiqu'il fasse, il n'est ce qu'il est que parce qu'il y a une Terre.

Il faut dire que tout dans notre pays c'est organisé autour de l'idée de progrès, l'éducation, l'administration, l'industrie, le travail et l'expression politique avec cette idée des partis du progrès face aux partis plus conservateurs, rien n'y a échappé, sauf que maintenant plus rien n'y correspond, nous vivons donc dans une structure hors sol, abstraite, déconnecté du réel, ironie pour une époque qui prétend vivre dans l'hyper-connection d'internet, dans une bulle...

Face à l'impossibilité de se projeter dans le temps, les hommes ont commencé à investir leur espace, le « moment présent », abandonnant le « futur » pour le « présent », ce sont toutes les pensées de la « pleine conscience », de « l'ici et du maintenant », de la gestion raisonnée de notre Terre, d'une certaine forme de décroissance, face à l'incertitude du futur, nous avons cherché la certitude du présent. Nous avons vécu la fin de l'idée de progrès, et comme ce sont les couches les plus inférieures de la société qui l'ont subit en premier, ce sont les premières qui ont changé. Au fur et à mesure, chaque niveau permute jusqu'à aujourd'hui où l'ensemble de la société se transforme, sauf ses structures dirigeantes, les dernières à subir les difficultés du temps.

Nous devons écrire la synthèse d'une histoire qui a commencé par nous montrer les limites de la Terre, puis celle de l'homme, il faut donc composer avec les deux pour construire notre présent, infini qui tourne sur lui comme les cycles de la nature.

Intéressant de noter, que lorsque Claude Lévi-Strauss avait parlé des sociétés à histoire chaude, qui ont une relation à l'histoire linéaire, et des sociétés à histoire froide, qui ont une relation à l'histoire circulaire, évoquant par là les « sociétés sans histoire », beaucoup de chercheurs s'étaient mépris étant à l'époque dans un temps où l'idée de progrès arrivait à son paroxysme, mais forcé de reconnaître que nos sociétés à histoire chaude se refroidissent beaucoup, et passent inexorablement d'une économie de progrès à une économie circulaire.

L'abandon du futur pour le présent, du temps pour l'espace s'inscrit bien évidemment dans une histoire de l'humanité qui avait refusée de dialoguer avec la Terre, et qui va devoir y revenir. Je dis bien la Terre et non la seule nature, car il existe malheureusement une écologie politique qui ne voit le monde que dans l'ornière de la contrainte et de la sanction, alors même que l'orientation de nos sociétés vers le « moment présent » est exactement l'inverse, un monde qui doit conjuguer avec le dialogue, l'écoute, la discussion, le partage, la prise en compte de la Terre, d'une économie intégrée, la gestion raisonnée de nos ressources, la relocalisation des échanges ; enfin, vers où toutes les structures dirigeantes ne vont pas, mais devront y aller car, c'est matériellement que l'histoire d'une humanité qui veut rester libre en a pris le sens.

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