Une
journée, il faut savoir la commencer, mais il faut aussi savoir la
terminer. Cette maxime, l'école l'a oubliée, et donne depuis des
décennies des devoirs à faire à la maison pensant que l'enfant
doit se parfaire, sauf que tous les établissements ou les
pays qui ont arrêté avec les devoirs, ont vu le niveau scolaire
général augmenter. Le terrain vient contredire la croyance, et il
n'y a rien d'illogique à cela, même au contraire.
Comme
je vous le disais, une journée, il faut savoir la commencer, mais il
faut savoir aussi la terminer, ce qui est vrai pour les travailleurs,
l'est aussi pour les écoliers.
Le premier point avec les devoirs est
que la journée d'école ne se termine jamais, l'école s'invite à
la maison. A peine sortie de l'établissement, fatigué de sa
journée, transport scolaire, journée de 8 heures, debout depuis 6
heures du matin, l'enfant doit en plus à l'heure où il devrait
souffler, se remettre dans les leçons.
Vient
alors les moments des râleries, des soufflements, des pleures aussi,
« j'en est marre, je suis épuisé », « encore un
devoir », ...et je vous passe les noms d'oiseaux. L'école
s'invite à la maison pour tout le monde y compris ceux qui n'y mettent
plus les pieds.
Qui peut croire un instant que fatigué, râlant, un
enfant apprend, non au contraire, il se bute, il se « débarrasse »
des devoirs.
Mais,
dans cette maison, les devoirs s'invitent aussi pour accentuer les
inégalités sociales car il y aura les enfants qui auront des
parents qui pourront les aider, d'autres qui peuvent payer des gens
pour les aider, et les autres qui n'auront personnes; et les aides aux devoirs à l'école n'y font malheureusement rien.
La différences
sociales s'invite de fait à l'école qui de par ce mécanisme
l'accentue.
Alors, je sais que chaque année, on nous sort l'élève
studieux qui vient précisément de ces quartiers, un arbre qui
cache la forêt.
Dans
cette forêt, le niveau ne fait que baisser, il faut dire qu'au lieu
de faire de l'instruction de matières, de l'apprentissage de
connaissances, le temps est de plus en plus consacré à « faire
la morale et la police », surtout depuis qu'il y a pronote, la relation avec l'école est médiatisée via un logiciel de surveillance.
Et
pourtant, les choses pourraient être si simple.
Sans devoir, il n'y
aurait plus besoin de pronote, un gain pour l'environnement, il n'y
aurait plus besoin de faire circuler les livres de l'école à la
maison, et de la maison à l'école puisque les exercices on les
ferrait à l'école. Finit aussi les cartables lourds !
On
ne passerait plus 20 minutes à chaque début de cours pour savoir
qui a fait et qui n'a pas fait, plus besoin de se mettre en colère,
plus d'observations désagréables à faire, la paix retrouvée, la
possibilité pour l'enseignant de se concentrer directement sur son
cours et sa matière.
Imaginez
un instant que les élèves n'auraient plus à changer de salle entre
les cours, sauf pour les matières spéciales où il y a des
expériences, les livres pourraient rester en classe, être
collectifs et être distribués le cas échéant, fini aussi la perte
des livres et leur oubli.
Contrairement
à ce que nous croyons, et les résultats en éducation comparée le
prouvent, les devoirs sont contre-productifs, ils sont un obstacle pour
l'acquisition générale des connaissances.
A
chacun sa conscience car commencer une journée demande aussi de la
terminer.
Voir aussi
- Docteur en sciences de l'éducation ICI
- Écrans et devoirs, Incohérence et inégalité élevées en savoir faire ICI