samedi 3 décembre 2022

Ethnologie Active : Lutter contre le fatalisme et la résignation

Si un jour , j'ai décidé de prendre la parole, de mettre mes recherches en ligne dans un blog, de créer une chaîne YouTube, c'est pour lutter contre la pensée de la fatalité et la résignation, cette pensée qui considère que l'évolution de notre monde surtout depuis la Révolution silencieuse des années 80' avec la financiarisation de nos échanges, de nos relations personnelles et éducatives, qui visent à nous expliquer que l'évolution actuelle est la seule possible et que nous acception souvent en prononçant cette parole « que veux-tu que j'y fasse ». Cette résignation est palpable aujourd'hui et laisse filer notre avenir comme une fuite en avant que personne ne pourrait arrêter. Alors, j'ai certainement la faiblesse de penser l'inverse, qu'il est possible déjà dans l'analyse d'aller à rebours de ces évidences, de rétablir quelques réalités, d'élargir notre regard et créer de nouveaux concepts et analyses qui dessinent un monde souhaitable. Il est vrai qu'il y a des échéances environnementales et économiques, mais ces échéances sont celles que notre monde a créé dans sa façon d'être, cette façon qu'une majorité croit inéluctable. L'ethnologie Active pour moi personnellement ne s'arrête pas aux constats aussi pertinents soient-ils, elle permet d'agir, d'être une lumière pour demain.

Il est exact que dans les conditions actuelles ultra-médiatisées, il est compliqué, surtout lorsqu'on étudie les Institutions, de faire entendre une nouvelle voix, le marketing diffusant un flot incessant de sophismes de communicants ; compliqué aussi de devoir tous les commenter alors que dans le même moment nos semblables ont des difficultés dans un quotidien qui leur apparaît de plus en plus sans aucun sens, d'où une forme de désespoir.

La tentation de vouloir vivre hors du monde est grande, de vouloir construire des lieux hors système aussi, les échappatoires sont nombreux, mais sans ce travail de conceptualisation, ces tentatives sont en fin des fins vaines, car le mouvement de financiarisation finira par tout avaler.

C'est certainement pourquoi l'ethnologie, connaissance sensible du monde et des hommes, est aussi importante, c'est aussi pourquoi l'analyse est autant de moment incontournable pour offrir aux Hommes ce qu'ils veulent, ce qu'ils souhaitent et ceux qu'ils construiront ; cette action d'une profonde analyse du monde et de la Terre, de ses habitants, ses cultures et des moyens d'action pour que sa construction retrouve à nouveau du sens dans la générosité et le partage.

 

Voir l'idée d'une Chaire de Recherche : [cliquez ici ou sur l'image]

 

VOIR AUSSI :


vendredi 4 novembre 2022

L'économie locale se présente comme une contre-révolution humaine à la révolution financière des années 80'

Pendant de nombreuses années, l'économie locale a été regardée comme une bizarrerie marginale qui doit obéir aux flux de la grande économie, or face au débat sur l'énergie et l'économie monétaire, elle pourrait devenir le recours et l'avenir pour des territoires voués à eux-mêmes.

J'entends déjà les débats actuels et à la mode sur la nécessaire réindustrialisation, discours bien plus politiques que réalistes dans le schéma économique mondial et chaque jour nous le rappelle malheureusement. On nous évoque des exemples qui ne sont au final que les arbres d'une forêt de désastres. C'est aussi parce que cette crise énergétique qui va être mondiale sonne le glas à plus ou moins brèves échéances de l'ère industrielle. 

C'est pourquoi il est venu le temps de comprendre que le monde a changé, qu'il a basculé dans les années 80' avec la financiarisation de nos économies, nous sommes entrés dans une sorte de néo-féodalisme, quittant de fait et de plein pied le capitalisme. Fait que nous voyons très bien aujourd'hui dans ce combat que se livre les chevaliers milliardaires pour le gain et le contrôle de territoires financiers. 

Au quotidien, nous avons l'évocation sur les ondes d'une mythologie et de rites capitalistes, alors que la réalité se ramène à un combat de seigneurs où le commun des mortels dont je fais partie ne peut que constater et subir l'ampleur des dégâts.

C'est pourquoi, et contrairement à ce que j'ai pu penser moi-même, nous ne vivons pas le passage d'un monde à un autre, car celui-ci a déjà eu lieu, nous vivons les débuts d'une contre-révolution humaine à la révolution financière, où des hommes et des femmes du quotidien refusent le monde vide de sens qu'on leur inflige. 

Ces hommes et ces femmes, s'ils veulent retrouver leur liberté et décider de leur avenir devront par la force des évènements aller vers l'économie locale, dénotant de fait qu'elle n'est ni une réindustrialisation du territoire, et ni un contrôle de la financiarisation, mais bel et bien la découverte d'une logique qui lui sera propre, de règles qu'elle va inventer pour distribuer des productions locales, faire circuler différemment les monnaies, avoir une autre appréhension du territoire qui sera certainement ni national et ni européen, et encore moins mondial. 

Ce sera aussi une autre appréhension du monde du travail, et du retour du monde des fêtes, la fin ou la transformation de la compétition et du recors pour le recors, les hommes chercheront le sens à leurs actes, le lien et le partage, c'est le retour du monde vivant, de l'échange.... et cela se fera par la force des évènements qui nous y inviteront et à qui nous ne pourront pas refuser l'invitation pour vivre, simplement vivre et respirer. 

Les difficultés énergétiques transformeront de fait notre façon de nous déplacer qui devra elle aussi être de plus en plus locale, et ce mouvement contraint pour certains, sera d'autant mieux vécu que notre quotidien s'organisera autour de notre localité. 

Le changement ne peut être que collectif, les déplacements que nous faisons de façons individuelles devront être de plus en plus réalisés de façons partagés et collectifs.

Il est regrettable que les territoires n'anticipent pas ces mutations qui sont non seulement évidentes, mais visibles.

Ce destin se forge à la force des évènements et notamment se heurtant aux limites de notre Terre et notre capacité à créer suffisamment d'énergie et donc d'économie productive. 

Il va falloir faire des choix, passer d'un monde qui se projeter dans l'histoire à un monde qui se projette sur son territoire, c'est à dire son espace. C'est une nouvelle histoire celle de la redécouverte d'un destin collectif.

lundi 19 septembre 2022

Les méthodes autoritaires sont-elles devenues un obstacle à la connaissance ?

Les déclarations du Ministre de l'éducation sur le collège publiées dans la presse ce 18 septembre 2022 ouvrent officiellement le débat sur la baisse du niveau des élèves dès le collège et met l'accent directement sur la « pédagogie » au cœur des résultats obtenus. L’Éducation Nationale est pourtant le plus important budget de l'Etat et malgré cela rien n'y fait, les résultats ne sont pas au rendez-vous, bien plus que le collège, n'est-ce pas une « méthode » qui trouve sa limite tant financière qu'idéologique : celle de l'autorité pour elle-même?

Telle a été la marque de la méthodologie de ces dernières années, d'être plus rigide, plus stricte, plus morale, plus autoritaire, on nous a assuré que c'était le laisser-aller supposé qui était responsable de la situation. On a donc sévi et le logiciel Pronote y a aidé, même les élèves bien élevés, courtois et socialisés n'y échappent pas.

Mais, s'est-on posé la question de l'origine de la connaissance ? C'est l'envie, oui l'envie d'apprendre.

Or, désolé, qu'est-ce qui caractérise la méthodologie au collège ? Une série de dogmes dont le premier est le contraire même de l'envie d'apprendre, de la connaissance, que l'on peut identifier dans l'ordre gratuit.

A-t-on vraiment envie d'apprendre lorsqu'on nous rabaisse ? Nous crie dessus ? Nous met des observations ? Qu'on ne nous laisse pas le droit de nous tromper ? L'erreur étant de suite sanctionnée par une mauvaise note.

La connaissance, c'est tout l'inverse ! C'est le droit de se tromper, de déambuler, de se perdre, de prendre les chemins de traverse pour apprécier la beauté du savoir, d'une lecture sans chercher à avoir une note ou un diplôme, être en retard. Mais, ça l'école, elle ne connaît pas, il faut suivre le logiciel d'acquisition des compétences de l'élève parfait, sauf que la perfection ne fait pas partie de ce monde.

Nous devrions interdire les logiciels de gestion des écoles pour revenir à quelque chose de plus informel et de plus humain, arrêter avec le dogme de l'autoritarisme, apprendre à rire (si cher à Bergson), à regarder différemment la connaissance autrement qu'une chose qui donne une note, quittant cette posture de supériorité, alors oui, seulement dans cette condition l'envie pourra renaître et avec lui la connaissance refleurir.

Nous entrons dans le monde post-moderne et il serait bien d'y entrer en ayant des écoles à taille humaine.

 

mardi 13 septembre 2022

Les devoirs, contre-productifs, et pourtant toujours à la mode!

Une journée, il faut savoir la commencer, mais il faut aussi savoir la terminer. Cette maxime, l'école l'a oubliée, et donne depuis des décennies des devoirs à faire à la maison pensant que l'enfant doit se parfaire, sauf que tous les établissements ou les pays qui ont arrêté avec les devoirs, ont vu le niveau scolaire général augmenter. Le terrain vient contredire la croyance, et il n'y a rien d'illogique à cela, même au contraire.

Comme je vous le disais, une journée, il faut savoir la commencer, mais il faut savoir aussi la terminer, ce qui est vrai pour les travailleurs, l'est aussi pour les écoliers. 

Le premier point avec les devoirs est que la journée d'école ne se termine jamais, l'école s'invite à la maison. A peine sortie de l'établissement, fatigué de sa journée, transport scolaire, journée de 8 heures, debout depuis 6 heures du matin, l'enfant doit en plus à l'heure où il devrait souffler, se remettre dans les leçons.

Vient alors les moments des râleries, des soufflements, des pleures aussi, « j'en est marre, je suis épuisé », « encore un devoir », ...et je vous passe les noms d'oiseaux. L'école s'invite à la maison pour tout le monde y compris ceux qui n'y mettent plus les pieds. 

Qui peut croire un instant que fatigué, râlant, un enfant apprend, non au contraire, il se bute, il se « débarrasse » des devoirs.

Mais, dans cette maison, les devoirs s'invitent aussi pour accentuer les inégalités sociales car il y aura les enfants qui auront des parents qui pourront les aider, d'autres qui peuvent payer des gens pour les aider, et les autres qui n'auront personnes; et les aides aux devoirs à l'école n'y font malheureusement rien.

La différences sociales s'invite de fait à l'école qui de par ce mécanisme l'accentue. 

Alors, je sais que chaque année, on nous sort l'élève studieux qui vient précisément de ces quartiers, un arbre qui cache la forêt.

Dans cette forêt, le niveau ne fait que baisser, il faut dire qu'au lieu de faire de l'instruction de matières, de l'apprentissage de connaissances, le temps est de plus en plus consacré à « faire la morale et la police », surtout depuis qu'il y a pronote, la relation avec l'école est médiatisée via un logiciel de surveillance.

Et pourtant, les choses pourraient être si simple. 

Sans devoir, il n'y aurait plus besoin de pronote, un gain pour l'environnement, il n'y aurait plus besoin de faire circuler les livres de l'école à la maison, et de la maison à l'école puisque les exercices on les ferrait à l'école. Finit aussi les cartables lourds !

On ne passerait plus 20 minutes à chaque début de cours pour savoir qui a fait et qui n'a pas fait, plus besoin de se mettre en colère, plus d'observations désagréables à faire, la paix retrouvée, la possibilité pour l'enseignant de se concentrer directement sur son cours et sa matière.

Imaginez un instant que les élèves n'auraient plus à changer de salle entre les cours, sauf pour les matières spéciales où il y a des expériences, les livres pourraient rester en classe, être collectifs et être distribués le cas échéant, fini aussi la perte des livres et leur oubli.

Contrairement à ce que nous croyons, et les résultats en éducation comparée le prouvent, les devoirs sont contre-productifs, ils sont un obstacle pour l'acquisition générale des connaissances.

A chacun sa conscience car commencer une journée demande aussi de la terminer.

Voir aussi

  1. Docteur en sciences de l'éducation ICI 
  2. Écrans et devoirs, Incohérence et inégalité élevées en savoir faire ICI 


mercredi 24 août 2022

"L'autoritarisme ou le partage", une réalité qui nous rattrape

Mis en ligne il y a à peu près 5 ans, je suis de plus en plus surpris comment notre monde se dirige de plus en plus vers cette problématique que j'avais résumé dans l'expression de "L'Autoritarisme ou le Partage, le choix d'un monde face aux enjeux de la planète"





Le Tramway départemental, unité et transition d'un territoire

Il y a encore quelques années, pas encore si lointaines, bien des territoires en France avaient un tramway départemental qui reliait certaines villes et villages entre eux. Il faut dire qu'à l'époque, début du XXe siècle, la voiture individuelle y était très peu développée, et que l'arrivée d'un tel mode de transport devenait une vraie révolution.

Puis, le temps a passé, le monde est devenu plus individuel, il a fallu faire marcher l'industrie et vendre de la voiture, chacun la sienne. Les trajets faits en tramway se sont petit à petit réalisés en véhicule individuel. Les lignes peu rentables ont été lentement supprimées.

L'histoire aurait pu en rester là, sauf....

Que la voiture individuelle n'est pas éternelle, que l'énergie qu'elle mobilise va coûter de plus en plus cher, que les matières quelles demandent vont être de plus en plus rares, que face à l'échéance les constructeurs n'ont qu'une réponse le tout électrique. Certains prétendent que ce serait pour l'environnement et lutter contre le « réchauffement climatique », d'autres prétendent que cette technologie électrique est finalement aussi polluante et que les batteries ne sont pas si sûrs que cela, elles pourraient s'enflammer. D'un avis à l'autre, une seule certitude, le compte n'y est pas.

Nous allons devoir à nouveau penser le déplacement de façon « collectif » et « partagé » sinon des départements vont à brèves échéances se retrouver bloqués.

C'est alors que nous nous souvenons qu'avant toute cette technologie individuelle, nous nous déplacions quand même, nous redécouvrons alors l'existence du Tramway.

Certaines grandes villes ont sauté le pas, et la campagne ? N'avait-elle pas elle aussi un tramway avant ?

N'attendons pas trop avant de le remettre en fonction car nous parlons de projet de 10 ans, voire 20 ans, n'attendons pas que nous n'ayons plus accès à un véhicule individuel à cause de son prix, son énergie, ses difficultés diverses et variées.

C'est maintenant que la décision se prend pour l'unité et la transition d'un territoire. 

 Voir aussi sur un sujet proche, le localisme #1 et #2:

mardi 9 août 2022

Nous sommes notre première ressource

Parce que nous l'avons simplement oublié, ou parce que le monde dans lequel nous vivons nous invite à l'enfouir au plus profond de nous, à un point tel que même l'idée que nous soyons notre première ressource peut nous paraître loin, voire impossible, dans ce monde précisément où petit à petit notre indépendance nous a été ôté.

Vous le savez que je mène une recherche sur les ressources naturelles et les savoirs locaux, et dernièrement j'ai beaucoup discuté sur les pénuries et les ressources naturelles, mais finalement très peu des savoirs locaux alors même qu'ils sont essentiels.

La technique nous a fait oublié la force de notre corps, de notre capacité à construire, à nous mouvoir, à avoir des initiatives. Nous sommes face à ces institutions qui nous enlève cette capacité, institutions « non critiquables » car nous avons collectivement accepté l'équation qu'elles devaient nous dire le bien du mal, le juste de l'injuste, accepter que sans leur avale nous n'étions rien, autodidacte au rebut, l'expérience quotidienne inexistante si elle n'est pas sanctionnée par un tampon, nous avons favorisé les « bons élèves » sur le monde vivant, la « bureaucratie » sur le vécu.

Alors il est possible qu'à côté de toutes ces ressources, le cuivre, l'eau, les hydrocarbures, les minéraux, les jardins... dont je vous parle, il en a une de plus précieuse, celle qui nous fabrique tous les jours, celle qui nous permet de comprendre que nous pouvons quitter cette dépendance institutionnelle, que nous pouvons briser tous ces centralismes, en comprenant que nous avons beaucoup plus à offrir, à bâtir, à mettre au centre de la pièce.

L'époque est avec nous car le modèle militaro-industriel et tout ce qui s'y rattache, arrivent en bout de course, ce n'est pas qu'une époque qui prend fin, c'est l'ensemble d'une société qui quitte sans réellement s'en rendre compte un mode de fonctionnement, à nous peut-être de savoir le devancer.

Pour ma part, La Maison des ressources naturelles et des savoirs locaux est aussi la façon d'aider chacun de nous à retrouver cette force d'agir, car comme je le crois, la première fonction d'un tel lieu est de permettre de recréer du lien et l'environnement pour agir. 

Voir sur le même sujet :

 


 <<VOIR LA PRÉSENTATION>>

 


 

dimanche 31 juillet 2022

Post-modernité : Vers l'âge de la régulation ?

Bien des textes anciens prévoyaient déjà ce qui allaient nous arriver, mais ces textes anciens souvent oubliés, peu lus et certainement inconnus des commentateurs quotidiens et des décideurs devraient pourtant nous donner à réfléchir et notamment sur la question des ressources naturelles qui appellent forcément dans un avenir très proche à une démocratisation et une localisation de nos sociétés.

Il y a quelques années encore alors que j'écrivais mon doctorat de droit, j'étais tombé sur cette analyse du Doyen Léon Duguit sur le fait que la « décentralisation proprement dite est inconciliable avec la personnalité souveraine et indivisible de l’État », il ajoutait aussi en parallèle « comment la théorie moderne de la souveraineté n’est au fond qu’une création de l’Ancien Régime ... ». Il donnait aussi cet exemple pour bien nous faire comprendre comment un élu local n'est pas forcément un représentant de la localité, en effet lorsqu'un maire qui exerce ses pouvoirs de police dans sa commune « ne peut pas être considéré comme appartenant à la commune, et que le maire qui l’exerce est un instrument de l’autorité centrale et non point un agent décentralisé organe du groupe communal ». Léon Duguit connaissait les risques de la naissance d'un État sur-dominant d'où cette recommandation « que le développement de la décentralisation par service est la condition indispensable pour que le nombre de services publics puisse s’accroître sans que la puissance de l’État devienne excessive et absorbe les initiatives individuelles ».

Je souhaitais rappeler rapidement ces quelques réflexions de Duguit car elles font échos à notre époque qui entre dans les premiers temps de la post-modernité, c'est-à-dire ce qui arrive après l'idée centrale de la modernité et la progression technique perpétuelle et illimitée de notre société. D'ailleurs cette vision évolutionniste, devrions-nous dire cette mythologie, construisait non seulement notre regard de l'avenir matérialiste que notre vue de l'histoire, y compris celle, très approximative, que nous enseignons à l'école, d'une sorte de progression du primaire vers le mieux. Ce que nous apprend donc Duguit est que pour avoir une société de services (publics) il deviendra impératif que la souveraineté de l’État diminue et donc indirectement quitter cette vision progressive pour une vision plus territoriale et locale.

Dans le cadre d'un progressisme moderniste, cette idée pourrait paraître abscons, mais dans le cadre d'une post-modernité, elle prend du sens et notamment dans cette urgence qui se présente à nous, celle de la gestion des ressources naturelles et la lutte contre les pollutions.

Car, nous devrions rappeler que les deux secteurs les plus polluants et énergivores sans concurrence aucune sont l'administration et les transports. Serait-il temps alors de nous demander quels sont les objectifs de ces deux secteurs d'activités ?

Puisqu'aujourd'hui, lorsqu'on nous parle de l'économie d'énergie qu'entendons-nous : qu'il faut couper l'eau de la douche quand nous nous savonnons, éteindre les lumières lorsqu'on part de chez nous, descendre le chauffage de 20° à 19°, voire 18°, fermer la porte quand on met la climatisation (une loi est même proposée sur ce sujet)....ces affirmations sont-elles à la hauteurs des enjeux ? Quand en parallèle les routes du Tour de France sont arrosées pour les refroidir et permettre aux cyclistes de passer, que les pelouses des golfs sont arrosées ou que nos dirigeants voyages en jet privé sans mutualiser les déplacements ?

Qui a entendu parlé d'un grand plan de réduction énergétique qui toucherait réellement les deux grands secteurs que sont l'administration et les transports ?

Qui a entendu parlé d'une réforme qui viserait la simplification absolue ou la suppression de démarches administratives ou d'administration ? 

Au contraire, ce secteur ne fait que s’alourdir, plus il est dématérialisé, plus il croisse. 

Qui a entendu parlé d'une réduction du mille feuille administratif ? 

D'une reforme de la division des territoires ? 

Une réductions des commissions et instances administratives ? 

Qui a entendu parlé d'un grand plan transport ? 

La gratuité des transports collectifs ? 

Une vraie offre de transports collectifs ? 

Des transports partagés ? 

La remise en fonction des trains locaux ? 

Des trams départementaux ? 

Du développement d'une économie locale pour que chacun puisse avoir près de chez lui les biens les plus élémentaires ? 

Est-il encore concevable de devoir prendre sa voiture pour acheter une baguette de pain, et pourtant dans certaines villes ou campagnes s'est une nécessité ? 

Avez-vous entendu parlé d'un plan pour le rapprochement entre le domicile et le lieu de travail ? Ou sur les déplacements professionnels ? 

Tout le monde veut lutter contre la voiture en ville alors que lorsque vous postulez à un emploi la première chose que l'on vous demande c'est de savoir si vous avez le permis de conduire ?

Nous voyons bien que la modernité se termine, contradictoire elle ne répond plus au aspirations de nos sociétés, qu'il est temps de passer à autre chose et surtout de nous en donner les moyens.

Cette âge que l'on appelle post-modernité est pour moi celui de la régulation : régulations de nos ressources naturelles, de notre Terre, de nos sociétés et nos décisions collectives. 

L'âge de la régulation commence aujourd'hui, et elle appelle forcément comme le présentait Duguit à la limitation du pouvoir vertical de l’État et à la naissance d'un localisme territorial.

Voir sur le même sujet 

   


jeudi 7 juillet 2022

Le Cuivre : Va-t-on vers une nouvel âge du cuivre ?

Voilà une matière dont nous parlons peu et pourtant qui est au centre de nos existences depuis plus de 2500 ans et les débuts de l'âge du Bronze. Son utilité a petit à petit évolué car d'un très bon conducteur de chaleur et un très bon alliage, il se révèle aussi un très bon conducteur électrique à un point tel qu'il est très difficilement substituable.

Cette question est d'ailleurs au cœur de notre société actuellement puisqu'avec la « transition énergétique » qui se traduit d'ailleurs par une électrification progressive de notre quotidien et le développement des technologies de l'information et des télécommunications la demande de cuivre explose.

Des milliers de tonnes nécessaires au début du XIXe, nous allons devoir produire dans les environs de 30 millions de tonnes par an pour répondre à la demande mondiale. Il faut dire que la transition est gourmande en matière première. Une voiture électrique contient 4 fois plus de cuivre qu'une voiture à hydrocarbure, et l'impact environnementale de la naissance du véhicule à sa destruction ne serait pas aussi significatif qu'il a été affirmé.

Tout cela fait que le marché du cuivre est tendu et une différence demande/offre n'est pas à exclure. Sans compter, que l'exploitation minière pour avoir ces minerais est fortement consommatrice d'eau et a un impact certain sur l'environnement et la planète. Certains mettent en avant un bon taux de recyclage du cuivre qui couvrirait environ 30 % de la demande mondiale.

Alors, nous posons la question, va-t-on vers un nouvel âge d'or du cuivre ? Une société qui se définit par les métaux qu'elle utilise. Mais, surtout en avons-nous la capacité ? Un monde tout électrique et virtuel est-il possible ? Est-il soutenable ? La dématérialisation montre une plus grande dépendance à la matière que les sociétés dites matérielle ?

Nous sommes pieds et poings liés à la technologie, à l'information, à la communication qui participent à l'ensemble d'actes quotidiens comme simplement aller acheter du pain.... mais ce modèle est-il véritablement écologique ?

La question de sa soutenabilité est donc plus que jamais d'actualité comme elle est posée dans le cadre de La Maison des Ressources Naturelles et des Savoirs Locaux.

 

mercredi 6 juillet 2022

Dessiner par envie et non plus par ennui

Voilà un sujet que j'aborde peu sur mon blog et pourtant un onglet lui est consacré : le dessin. Je dessine tous les jours, de 10 minutes à 10 heures sans interruption, tout dépend des jours et de ma motivation.

J'ai repris le dessin en 2011 et la peinture en 2013 pour mes enfants, pour leur passer quelque chose de moi d'où ma signature de Pierre-et-Julien.

Et puis, j'ai beaucoup dessiné la nuit pour couvrir mes insomnies, le jour pour meubler ma journée et l'ennui qui pouvait m'envahir.

Jusqu'au jour où tout c'est arrêté, je n'ai plus eu goût au dessin, j'ai refusé cette spirale de l'ennui, du vide à combler, de dessiner faute de faire autre chose, de dessiner par dépit. J'ai donc posé les crayons, les feutres et les peintures durant des mois, plus rien, plus un dessin.

Quand un jour, j'ai repris une feuille, un crayon de papier et j'ai fait un dessin, non plus pour combler l'ennui, non plus pour plaire à telle ou telle personne, pour être aimé, admiré, mais simplement parce que j'avais envie de le faire, envie de tracer des lignes, de donner naissance à des expressions et une situation, créer parce que j'en avais envie.

Aujourd'hui, bien des détails ont changé, le mouvement appelle à ne garder que l'essentiel de ce que nous souhaitons, nous concentrer sur cet essentiel car le temps file très vite, et comprendre que cette envie nous appartient.



<< Voir le monde de Pierre-et-Julien>>

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mardi 7 juin 2022

La pénurie aléatoire et le ralentissement de l'innovation

Intéressant de voir comment depuis quelques temps de grandes sociétés des nouvelles technologies, de l'Internet et de l'automobile accusent le télétravail d'être responsable du ralentissement de l'innovation de leur entreprise. Sur ce constat, beaucoup d'entre elles ont déjà appelé les salariés à revenir au bureau. Certains même développent un pessimisme économique pour le futur. Sauf, que tous ces acteurs influents de l'économie, ont tous oublié un détail, c'est que nous sommes en train d'entrer dans des économies à pénurie aléatoire. Et nombres d'entre elles ont déjà eu à cause de ce phénomène des ralentissements de production et des reports de commandes.

Les études transversales sur ce phénomène sont peu nombreuses, et comme je l'ai déjà expliqué, elles sont essentiellement sectorielles. A ce titre, elles ne donnent qu'une vision partielle du phénomène. Néanmoins, et dans l'attente que je puisse un jour réunir les moyens institutionnels pour mieux appréhender les mutations actuelles et éviter ainsi une pensée « néo-tayloriste » fort peu explicative, nous savons que les économies à pénurie aléatoire ralentissent constamment l'innovation.

A ceci des primo-explications ont déjà été apporté dans le fait notamment que les pénuries changent profondément la nature d'un marché et le rapport entre les acheteurs et les vendeurs, ces derniers n'ont plus à conquérir la clientèle qui peut attendre dès fois des mois avant d'avoir l'objet en question. Tout ralentit et ce changement profond y compris de la nature de l'échange modifie de fait la nature de la nécessité d'innover.

Ceci est d'autant plus marqué dans le domaine de l'automobile qui pour des raisons tant liées aux politiques climatiques, environnementales de lutte contre les pollutions, de situation internationale et de difficultés d'approvisionnement de certaines matières premières se trouvent contraint de changer et de remplacer la quasi totalité du parc automobile mondial. Le marché est immense et les moyens limités, d'autant plus que l'ensemble des constructeurs ont décidé à brève échéance de passer au tout électrique et « tout plastique », si je peux m'exprimer ainsi (avec l'objectif d'alléger le poids des véhicules et d'éviter des matières tels que l'acier qui se raréfie sur les marchés pour des raisons très diverses). Or, si le fait de construire des voitures électriques pouvaient être un point distinctif entre les constructeurs, celui-ci va forcément disparaître puisqu'ils feront tous de l'électrique. Nous devrions donc voir apparaître un marché monocorde et où la seule possibilité de se démarquer était l'innovation, or nous sommes en économie à pénurie aléatoire.

Ce système va pousser les États à vouloir intervenir de plus en plus, de vouloir planifier de plus en plus et à vouloir centraliser de plus en plus, et c'est précisément ces décisions qui vont accélérer les pénuries et entretenir le phénomène.

Je ne peux que reformuler la nécessité d'étudier ce phénomène avec ceux qui ont déjà une expertise, mais qui pour des raisons diverses ne sont pas aux premières loges. 

 

Rappel de mon projet de recherche

Les Objectifs sont :

  • Étudier et comprendre les phénomènes de pénuries dans tous ses aspects pour élaborer des stratégies d’adaptation face aux nouvelles menaces ;

  • Établir une veille pour prémunir et prévenir les phénomènes de pénuries ;

  • Élaborer des outils économiques et monétaires pour amortir les différentes formes de pénuries et aider à l’orientation des investissements.

Télécharger le projet (cliquez sur le lien) : Prévenir et prémunir des différentes formes de pénuries par l'adaptation du système économique

ou  Voir l'article résumé sur le blog Projet de recherche article sur le blog

 


lundi 30 mai 2022

Nous entrons dans une économie de "pénuries aléatoires"

Nous entrons dans une économie de « pénuries aléatoires », c'est-à-dire que notre système économique connaît des pénuries de biens alimentaires, de matières premières, de produits industriels, manufacturés, voire de services et de mains d’œuvre d'une façon aléatoire, qui peut apparaître « n'importe où », sans ordre de grandeur ni en importance, ni dans le temps, de façon non-absolue et qui touchent tous ces domaines sans forcément de signes préalables, qui peut donc être soudain pour le grand public, et dont le phénomène est plus subit qu'anticipé. Ce phénomène sans aucun doute appellerait une étude pour le comprendre à laquelle je suis prêt de m'associer pour la conduire, mais aucune institution n'a visiblement pour l'instant pris la mesure du phénomène et de son impact sur les logiques économiques.

Pour ma part, j'écris ce petit billet dans le cadre de ma spécialité de l'économie des ressources naturelles et de l'environnement, car il est certain qu'une économie de « pénuries aléatoires » a des conséquences sur le mode de fonctionnement de notre société.

Je peux en évoquer brièvement quelques uns. La première est que dans la mesure où nous ne connaissons pas le produit ou le service qui sera touché par la pénurie, tous les produits et tous les services sont susceptibles d'être le prochain sur la liste. Nous entrons donc dans une phase d'incertitude.

Cette incertitude est d'autant plus redoutée car elle peut être l'occasion de retard dans la mise en place de projet, et donc de pertes financières certaines.

La « pénurie aléatoire » indique aussi qu'elle n'est que rarement totale. Ce phénomène a une conséquence importance car il signifie que les acteurs économiques vont essayer de trouver le bien ou le service manquant avant d'en imaginer une substitution. La pénurie entraîne donc que l'acheteur sera soumis au vendeur. Ce dernier n'a plus d'effort pour aller chercher le client qui lui prendra de toutes les façons le produit manquant dès sa réception.

Ce mécanisme est un véritable frein à l'innovation. Les économies de « pénuries aléatoires » sont souvent dans l'histoire des économies où l'innovation est faible, et la recherche de nouveaux marchés peu dynamiques.

Cet état de fait entraîne la sphère politique à centraliser les décisions, à vouloir mettre en place des systèmes de planification alors que ces mécanismes ont pour premières conséquences d'entretenir la pénurie, nous entrons donc dans une économie de la subvention, de la hiérarchie administrative. Plus nous voudrons contrôler et plus le phénomène de la pénurie perdurera car nous ne laisserons pas les populations développer et imaginer de nouvelles formes économiques, et donc de nouveau choix de développement et orientations sociétales.

Souvent le phénomène de pénurie est lié directement au mode de société que nous organisons, c'est souvent un appel à changer nos concepts et notre façon de faire. Se demander où est l'essentiel et l'objectif de notre avancer dans le temps.

Je ne peux que souhaiter que quelque part une institution comprendra l'importance d'une telle étude sans quoi nous continuerons à subir au lieu d'imaginer des solutions. 

 

vendredi 20 mai 2022

Pénurie et ressources humaines, le symbole de la paupérisation d'une société ?

Disons les choses simplement : la pénurie ne concerne pas que l'essence et les matières premières, tous les secteurs peuvent faire l'objet de pénurie, et cette dernière peut- être en effet réelle, voulue, subite ou fantasmée, mais dans tous les cas, elle nous apprend beaucoup sur l'état de notre société d'une façon brute.

L'un des secteurs touché par les pénuries sont les ressources humaines, chose d'autant plus étrange que nous sommes des sociétés productrices de chômage, alors comment s'y reconnaître ? D'un côté nous pouvons lire un peu partout qu'il manque du personnel dans les métiers en tension et de l'autre nous ne comptons plus le nombre incessant de personnes au chômage que l'on refuse à l'emploi. Cette situation a de quoi surprendre d'autant plus que lorsqu'un chômeur se présente à l'un de ses emplois, il a souvent un « défaut » qui justifie le fait que l'on ne l'embauche pas, y aurait-il une forme d’hypocrisie dans ce système ou y-a-t-il une véritable incompatibilité entre les offres et les demandes ?

Le fait qui semble indubitable est qu'il y a forcément quelque chose qui ne va pas autant dans notre façon d'aborder la question des pénuries de ressources humaines que la façon de les solutionner. Loin de moi l'envie de donner une solution dans cet article, juste l'idée de dire que « nous avons peut-être tout faux » et qu'il serait bien de se le dire car, quand vous abordez la question avec les « spécialistes », nous avons l'impression qu'ils ont la solution à tout et que le système a tout prévu, mais la preuve que « non » puisque tout s'empire.

En plus, cette situation est expliquée secteur par secteur, nous laissant le sentiment que ce phénomène est conjoncturel, alors en s'implantant dans la durée, il devient forcément structurel et révèle au contraire des faiblesses, voire des incapacités, du système.

Le cas des urgences hospitalières est véritablement le symbole d'un pays qui s'appauvrit devant nos yeux sans que personne ne réagisse d'autant plus que dans cette situation là il y a aussi la question de la rupture des savoirs.

En effet, dans les travaux à haute connaissance, ce n'est pas simplement un emploi qui n'est pas occupé, c'est un agent possédant un savoir qui est absent et qui ne fait plus le lien de la connaissance, le passage au suivant qui un jour devra prendre sa place. Ces ruptures sont d'autant plus graves que rien aujourd'hui ne les compense. Dans un premier temps, elles ne touchent que les usagers immédiats, mais se diffusent lentement jusqu'à concerner l'ensemble des classes sociales.

Le cas des urgences cache bien d'autres problèmes puisque nous parlons de services où de par l'obligation vaccinale une partie du personnel a été écarté, partie qui fait défaut aujourd’hui, mais aussi a découragé bien des jeunes à vouloir s'engager dans cette voie.

Il y a donc un double déficit : lié à l'état présent, et à l'état futur ; à ceci il faudrait ajouter ceux aussi qui fuient un système devenu de plus en plus lourd et pesant à mesure que la masse de travail va devenir importante par personne restante, une spirale c'est donc mise en route et rien dans l'immédiat semble pouvoir l'arrêter.

Cette « mésembauche » de personnels a de quoi surprendre vue les causes, est-elle le symbole d'un secteur en difficulté ou d'un secteur qui organise sa réduction de moyen volontairement ? Y-a-t-il une stratégie de faire autant avec moins par manque de moyens financiers ? Car, toutes ces questions ne sont que très rarement posées, nous faisons comme si nous possédions une infinité de moyens, mais est-ce le cas ? Puisque si cet aspect se révélait juste, alors le manque de ressources humaines, serait bien avant tout le symbole d'une société qui ne peut plus payer autant qu'avant, une société qui s'appauvrit.

Alors, je sais que ce sont des questions qui font mal, surtout pour nous qui avons eu l'habitude de l'économie d'abondance, mais ce que nous apprend l'histoire est que lorsque des plans de gestion et de planification des ressources sont mit en place, c'est que nous commençons à entrer dans des économies de pénuries. Il serait donc urgent de se poser la question si nous avons vraiment les solutions pour y faire face ?

Nous ne le dirons jamais assez, dans cette situation seule la souplesse et l'adaptabilité seront salvatrices, ceci demandera de quitter un pouvoir vertical et de réglementations qui empêchent les agents de terrain de répondre à la situation. 

 

mercredi 27 avril 2022

Pourquoi les économistes ont des difficultés à aborder la question de la pénurie ?

D'abord, à me répéter, la pénurie ne concerne pas seulement l'énergie et l'alimentation. Il est vrai que lorsque couramment nous entendons parler de pénurie, immédiatement ce sont ces deux sujets qui apparaissent, mais c'est une erreur couramment commise.

La pénurie est un concept multiforme et complexe qui s'applique à des situations très différentes et qui induit surtout des comportements d'anticipation.

L'idée couramment admise est que nous vivons dans une société d'abondance, alors l'idée même que nous pourrions vivre à nouveau des pénuries est une peur en arrière fond de notre société, ce serait véritablement un retour en arrière.

Rien que l'évocation de ce thème fait fuir les économistes. Ils répondent tous en cœur « mais non ce n'est pas possible, il n'y a pas lieu de s'inquiéter ».

Parler des pénuries n'a pas pour vocation de nous inquiéter car, comme nous l'avons écrit et dit, la pénurie n'est que très rarement totale, elle est le plus souvent partielle et momentanée, nous devrions d'ailleurs dans de nombreuses situations plutôt parler de manque.

Concept multiforme car il touche tous les domaines matériels de fait, de services, de mains d’œuvre et même d'argent y compris dans sa quantité que dans sa circulation.

Nous l'avons encore vu sa puissance avec l'histoire du gaz russe où les européens costauds, bombant le torse, ont du au final accepter la nouvelle exigence de payer en rouble par peur de ne plus pouvoir accéder à cette énergie et paralyser tout leur système productif.

Sur un autre sujet, nous avons vu comment rien que l'idée ou la rumeur qui manquera de l'huile alimentaire a amené les consommateurs à faire des stocks et créer une pénurie d'huile alimentaire dans les grandes surfaces. Ce qui est notable aussi est que ce manque a surtout touché l'huile bon marché et donc les circuits longs ; la pénurie s'observe moins, voire pas du tout, dans les circuits courts ou hauts de gamme. Ceci nous informe aussi sur la couche sociale qui est touchée par ces phénomènes.

La pénurie ne triche pas, ne ment pas, et s'impose à nous s'en ménagement, même quand elle est seulement imaginée ou redoutée ; là est sa force, c'est le retour à la réalité.

Car, la pénurie parle des dépendances, des fragilités d'un système, des vrais rapports de forces, nous ne pouvons plus tricher avec ce sujet. Elle remet même en cause la théorie de la croissance verte, des nouvelles technologies et du monde virtuel quand nous comprenons que plus de 3 milliards de personnes dans le monde n'ont pas accès à l'électricité d'une façon continue.

C'est certainement la raison principale que les économistes ont des difficultés à aborder cette question contrairement à d'autres scientifiques sociologues, philosophes ou anthropologues car elle remet en cause l'ensemble de notre système et de nos théories.

Alors que c'est précisément cet objectif qui devrait nous enthousiasmer, il nous donne à devoir renouveler notre appareil théorique, remettre en cause les lois que nous croyons acquises et comprendre que l'avenir se passe au-delà du triste débat croissance/ décroissance.

Il nous appartient donc de continuer l'étude de ce sujet même si aucune institution ne souhaite visiblement en faire un sujet d'étude, la connaissance ne doit pas souffrir de ces peurs et frilosités, car nous devons absolument connaître les mécanismes de ce phénomène. 

Voir aussi sur le même sujet :

Télécharger le sujet (cliquez sur le lien) : Prévenir et prémunir des différentes formes de pénuries par l'adaptation du système économique 

ou  Voir l'article résumé sur le blog :  Projet de recherche article sur le blog