mardi 14 décembre 2021

Quand le droit nous transforme...

 

Bonjour,

Je souhaitais mettre en ligne sur mon blog l'article et la vidéo que j'ai réalisé sur le droit et sa capacité à réformer la société. Il était important de rappeler la portée de cette discipline.

 Aussi, le moment de rendre hommage à Montesquieu qui a bien montré comment avec l'Esprit de la loi, la réflexion sur le droit dépasse l'homme, qu'il y a un rapport au chose indépendant qu'il nous faut comprendre pour l'exprimer et être en phase avec son temps.

C'était aussi un moment de reprendre la distinction entre le privé et le public, et comment la notion de "bien commun" est en train de supplanter l'idée "d'intérêt général".

L'article : "A quoi sert le droit s'il ne permet pas de nous défendre?"

"En rendant un droit chaotique, et contrairement à ce que nous pourrions penser à première vue, les populations, ne se sont pas détournées du droit, elles le sollicitent encore plus car, cette discipline est, bien avant un moyen de se défendre, un principe de vie en commun, de faire société et permettre un certain rééquilibrage des rapports entre les personnes, les sociétés ou les groupes. 

Le droit parle aussi de l'homme au-delà de lui-même dans le sens où, certes, il y a le droit voté par les hommes, plus ou moins juste et justifiable, mais il y a aussi la valeur des choses en elle-même. 

Un laissez-passé ne sera jamais égal à la liberté, quoiqu'on dise, qu'on vote ou qu'on écrive. 

La force du droit est précisément ici pouvoir transformer la société même contre les volontés étatiques. La réflexion juridique a toujours été indépendante et doit viser avant tout le bien commun."

Xavier Pérez
Dr. en droit et sciences de l'éducation

 

mardi 30 novembre 2021

Avant même le QR code, la première cause d'insécurité est l'acceptation de la carte sim

Tout le monde est focalisé en ce moment sur le QR code car, il crée un monde déshumanisant à juste titre, d'ailleurs dès l'origine inventé pour gérer les stocks et leur transport. Mais, bien avant le QR Code, notre première cause d'insécurité et d'inhumanité a été lorsque nous avons accepté, sans même le savoir, la carte sim que tout le monde, y compris les plus révolutionnaires, a accepté.

C'est elle qui nous rattache au monde, elle détient votre numéro de téléphone et permet de vous connecter à internet sur de nombreux sites vitaux (banque, énergie, boite mail...) où tout passe par internet ou le téléphone, la moindre opération doit être confirmée. L'absence ou le chaos de la carte sim, vous exclus du monde.

C'est avec elle que tout a commencé, et il y a une vraie inquiétude surtout au niveau des numéros de téléphone qui sont souvent le sésame pour entrer dans vos espaces ou payer vos factures car, un numéro de téléphone ne vous appartient pas, vous ne le possédez qu'autant que vous le payez. Cette possession est un vrai problème de droit puisque le passage pour accéder à vos droits est payant de fait, et peut vous être retiré ou fermé ; alors même qu'en droit immobilier, à titre d'exemple, le droit de passage est garanti et date du moyen-âge alors qu'il ne l'est pas en droit du numérique ou de la citoyenneté.

En terme simple, nous vivons dans un monde très fragile où tout dépend d'un numéro de téléphone, contenu et accessible par une carte sim. La moindre défaillance et c'est l'avarie.

Nous sommes aujourd'hui pieds et poings liés. Il faudra dans l'avenir soit devenir propriétaire de son numéro de téléphone ou sortir de ce système, que nous connaîtrons de toutes les façons, avec l'effondrement de la technique.

vendredi 26 novembre 2021

La sécession ou la théorie de la renonciation


Face aux attaques répétées du monde néolibéral contre les populations, la volonté est forte de vouloir faire sécession avec ce monde, de se dire qu'il est finalement mieux de construire en parallèle un monde dans lequel nous serions autonome et où nous n'aurions plus besoin du monde officiel. Si en théorie cette vue est plaisante, si en effet, certaines personnes l'appliquent ou tentent de l'appliquer, il demeure une question de fond : en quoi nous devrions refuser de vivre dans le monde simplement parce que certains cherchent à le rendre invivable? Ce monde-là n'est-il pas le notre aussi ?

Cette question me semble d'autant plus importante qu'au regard de l'histoire, les sécessions ont finalement souvent été l'objet de guerre car, à plus ou moins brève échéance, les deux mondes qui vivent en parallèle, finissent à une confrontation.

La raison en est malheureusement simple, le monde officiel veut toujours dominer et rattrape, souvent par la force et la violence, le monde parallèle ou alternatif qui est finalement une défiance à son autorité.

Dans l'absolu, en cherchant à éviter l'affrontement, on finit par le trouver. « On rencontre souvent son destin en voulant l'éviter ».

Il y a donc bien une volonté de théoriser la renonciation au monde dans l'idée de sécession, renonciation qui demande d'être expliquée et de nous rassurer sur notre décision de ne plus vouloir faire face à l'adversité.

Parce que oui, c'est difficile, oui cela fait souffrir, mais nous devons alors nous rappeler de l'histoire, de la grande histoire, et voir comment les résistants n'ont jamais renoncé, ils n'ont jamais cherché à faire sécession car, ils savaient au fond de leur cœur que le monde qu'on voulait leur imposé n'est pas le vrai monde, n'est pas légitime, que la légitimité était de leur côté, et que le temps allait leur donner raison.

C'est ce que nous appelions l'honneur et la grandeur, deux mots qui peuvent paraître dérisoire aujourd'hui, mais qui ont pourtant construit l'histoire.

N'oublions jamais qu’Éros triomphe toujours de Thanatos.

vendredi 5 novembre 2021

La société de jeu, de la métaphore à la réalité

Texte rédigé en 2004, mise en forme en 2021, à la fin de mon séjour au MNHM (Musée de l'homme) où j'étudiais les cultures du Grand Nord. Période riche sur tous les plans, et l'idée que le jeu, cette activité jugée insignifiante conservait en sa pratique les fondements d'une culture en train de mourir. 

Vient alors pour moi la question que se passe-t-il quand le jeu englobe l'ensemble d'une société comme l'a fait le libéralisme, quand nous disons que nous sommes tous des acteurs qui jouent des rôles, où est la limite, quelles échéances attendre d'une telle société?

<< VOIR LA SOCIÉTÉ DE JEU>>

Le vent a emporté ma parole, homo autocriticus

 

Lorsque nous comprenons que ce que nous avons créé va mourir avec nous, nous avons un tout autre regard sur ce qui nous entoure. Les heures deviennent des secondes et l’absurde même de toute cette recherche vient en nous, l’insignifiance de cette création aussi.

Le regard critique sur un monde qui devient insipide et qui attend un nouveau souffle qui ne pourra venir que lorsque l’ancien monde tombera. C’est alors comme une bête blessée, il se relève toujours, retardant toujours d’avantage la naissance de ce qui devrait suivre.

Il est assez étrange de voir tous ces échecs, tous ces projets qui n’ont pas pu aboutir, tout ce que nous croyions avoir et qui à la dernière minute s’envole, sans que nous ne puissions rien y faire. La culpabilité tombe sur nous, et tout ce que nous entendons nous y ramène, y compris ceux qui en apparence disent être bien veillant, les chamans de l’individualisme, « soyez l’acteur de votre existence », jeu que l’on nous demande de jouer, mais face à la réalité, cela fait bien longtemps que cherchant simplement à être moi-même se développe l’antithèse de l’acteur. Non, nous ne sommes pas des acteurs, et c’est à force de nous le faire croire que perdu en nous-mêmes, nous cherchons des vérités qui n’y sont pas.

Les échecs de ses années me ramènent à mes propres critiques, aux sourires hypocrites et les croyances toujours affligeantes de ses formations qui confondent simulation et réalité, décidément tout nous ramène à l’acteur et au jeu, mais un bon acteur n’a jamais été un bon professionnel, deux dimensions tellement différentes que j’ai encore du mal à comprendre comment nous pussions y déverser l’argent public pour financer ce simulacre.

Les dessins, les peintures, les images inventées, les histoires, les scenarios, les écrits et toutes ces heures passées à lire, prendre des notes, devenir le spécialiste d’une dimension qui visiblement n’intéresse personne car, nous ne visons pas la célébrité, non, juste de pouvoir continuer à connaître et à avoir un lieu pour partager cette connaissance, mais visiblement c’est trop, les réseaux ayant pris le pas sur le savoir, le concours sur la compétence, et nous dans les limbes de notre espoir, l’avenir se ferme et nous savons que notre œuvre va mourir avec nous.

Pourtant, cet œuvre, lorsque nous voyons l’actualité, lorsque nous voyons les évolutions de notre époque aurait trouvé sa place sans difficulté, elle va finalement rejoindre les oubliettes et disparaitre quand le papier qui compose son support disparaîtra. Je ne sais pas pourquoi cela n’a pas vu jour, je ne sais pas pourquoi les chemins ne se sont pas ouverts, l’espoir me quitte, et je continue malgré tout, perdu en moi, étranger à ma propre patrie, je repense incrédule que les seules qui m’ont fait confiance son des étrangers, les seules qui m’ont permis de rester debout dans mon propre pays, leur vouant ma reconnaissance pour l’éternité.

Le vent a pris ma parole, les mots s’envolent, et la croyance qu’un discours pouvait changer le monde avec lui, l’idée naïve, à force d’écouter et lire les tribuns, que de simples mots prononcés avec conviction et don de soi pouvait changer le monde. Si cela fut vrai un temps, il en est plus rien aujourd’hui à l’heure d’internet, où tous les discours se valent, où le « succès » du matin est différent le soir même.

J’ai beau regardé, il ne me reste dans l'absolu presque plus rien, juste l'essentiel et l'amour des miens, le vent a beaucoup pris, même les derniers espoirs s’envolent avec lui. L’échéance est malheureusement connue, elle arrive, elle est là.

Comme une poésie, je me souviens alors de ce texte « la société de jeu » que j’avais écrit et où j’avais indiqué cette différence entre société de jeu et société du jeu, binarité non absolue, mais relative, elle avait surtout une existence explicative.

Ecrivant ceci et préfigurant bien de mes recherches futures, nous étions alors en 2004 :

« (…) la société de jeu se distingue de la société du jeu où jeu et quotidien sont séparés. Dans ce dernier, la mesure est dans le quotidien et la démesure dans les jeux. Elle ne cherche pas l’émulation perpétuelle et éternelle. Si la société de jeu est une société de survie alors qu’elle a pour vocation de créer l’abondance (la profusion des richesses), c’est précisément parce que cette abondance est fragile, elle se base sur une émulation continue, sans repos possible; ayant pour fin elle-même et excluant tout ce qui empêche cette croissance. Sa survie dépend de l’émulation.

Il en est bien différemment de la société du jeu où son vécu s’ancre dans le quotidien et où la personne se doit d’avoir des liens et un visage. Le jeu est ici une stimulation occasionnelle, il ne domine pas et se structure avec tous les autres éléments d’une société, cette dernière n’est pas fragmentaire.

C’est exact qu’une société du jeu crée moins de concentration de richesse qu’une société de jeu, qu’elle est moins abondante en surplus et moins prolifique en ajout et se base plus sur la répartition des richesses, mais il est vrai aussi qu’elle est moins fragile, elle ne fonde pas son vécu sur la fragilité d’une émulation perpétuelle (croissance). La société du jeu est moins obnubilée par l’accumulation et la concentration de richesses. C’est pour cela qu’elle est plus stable (plus équilibré entre ces différentes composantes) alors que la société de jeu désir la richesse et en perd beaucoup car, elle ne la redistribue pas. »

Je vois ainsi tout le piège de la critique aujourd’hui, celle de nous laisser sur place, espérant secrètement à la façon d’un Senancour ne rien savoir du tout et aller insouciant, devant subir chaque jour un peu plus l’absurdité d’un monde qui a défaut d’accepter la réalité, joue à la façon d’un acteur, une pièce de plus en plus incompréhensible.

Et bien contrairement à ce qui puisse être dit, bien plus cohérent et logique dans ma démarche, je constate simplement la voie sans issue qui devra se fissurer...

 


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samedi 23 octobre 2021

La vérité triomphera toujours de la force

C'est exact sur le moment de voir le mensonge l'emporter à de quoi nous désespérer. Nous pouvons avoir cette impression désagréable que rien ne change et que le malheur d'hier sera le malheur de demain. Nous pouvons le comprendre à un détail près, c'est que le mensonge s'impose toujours par la force, et la force s'épuise, se lasse, se relâche et définitivement tombe.

La vérité, à ceci de bien, qu'elle n'a pas besoin de faire d'effort, pas besoin d'inventer, de détourner les arguments, elle s'impose, malgré les rires et les moqueries.

Certes, il est facile de rire de celui qui s'insurge, qui possède encore cette dignité qui lui permet de refuser l'inacceptable, de défendre la liberté, celle qui permet de vivre. Alors, je vous entends déjà ici, mais qu'est-ce la vérité ? En a-t-il une ou plusieurs ? Et le mensonge ?

Je crois qu'il y a une grande différence entre celui qui dit une information en sachant éperdument que ce qu'il dit est faux et celui qui pense que ce qu'il dit est vrai.

Or, notre époque ce caractérise par le mensonge ériger en système de gouvernement, qu'importe si nous ne sommes pas en adéquation avec nos valeurs tant que le mensonge nous ferait gagner. C'est alors que nous nous croyons bien malin, oui « malin », le mot est lancé.

J'ai encore en souvenir les conseils de cet ami, qui tout juste s'il ne me disputait pas, pour que je me rapproche de personnes loin de mes convictions, mais qui pour lui, auraient été de véritables atout pour mon avenir. A tord ou à raison, je n'ai jamais accompli ce pas.

Car, je sais au plus profond de moi, que celui qui ne c'est pas compromis, qui a malgré les souffrances, les railleries continuées à dire une vérité, celle qu'il ne faut pas prononcer à cause de la censure, celle que l'on veut faire taire, et ai-je besoin de donner des exemples en notre époque, verra un jour la lumière, et alors que tous les moqueurs baisseront la tête, lui pourra être fier. Sauf, que ce n'est pas tant pour la fierté que la vérité doit être dite, mais c'est pour l'avenir.

Texte, je l'avoue d'inspiration pascalienne, qui ne peut que faire écho aux temps présent, c'est pourquoi, bien plus que le temps, c'est nous qui nous en allons, doucement, dans le silence de la vérité qui fait plier la force, cette force qui comme un homme est puissante jeune et faible vieille, alors que la vérité, toujours égale à elle même, n'a que faire du temps, et éclos dès les premiers rayons de soleil.

mardi 12 octobre 2021

Le tirage au sort : une idée à double tranchant

 

A force de s’être écarté du peuple, les politiques à la recherche de suffrages, vont forcément chercher « à faire peuple » et « à faire sympa », passant en revue toutes les bonnes fausses idées tant que celles-ci nous donnent l’impression qu’ils cèdent le pouvoir au peuple. 

Il en va ainsi du « tirage au sort » que je soumets à cette réflexion simple sur nos institutions et leurs mutations afin que nous ne transformions pas un absolutisme en un autre absolutisme, mais que nous cherchions l’équilibre nécessaire à toute chose.  

La nature profonde des institutions de la Ve République basée sur une différence entre le temps présidentiel et le temps législatif, basée aussi sur une distinction entre un chef de gouvernement qui dirige l’administration et un Président qui devait garantir les institutions a faussé cette base dès le moment où avec le quinquennat, le temps présidentiel et le temps législatif ont été alignés et sont devenus identiques puisqu’il n’y a plus de différence, le chef du gouvernement devient de fait le Président, et il se pose alors la question de qui peut garantir ces mêmes institutions puisque le Président est devenu « juge et partie » ?

Nous avons donc par l’expérience même changé de régime en passant d’un pouvoir d’arbitrage à un pouvoir d’exécution directe. De fait, il n’est pas abusif de dire que nous sommes déjà en une VIe République dans le sens où la nature du régime a changé.

Cette observation est fondamentale car, nous ne parlons plus de la Ve République, mais d’une « VIe sans nom », et ceci est crucial puisqu’il est important de nommer ce que l’on souhaite changer.

Sinon, nous arrivons comme c’est le cas aujourd’hui, à des quantités d’idées de réformes, souvent bien attentionnées, mais qui posent des questions de fond importantes.

Par exemple, de nombreuses réformes évoquent l’instauration d’assemblées tirées au sort, ce qui en terme de démocratie et de symbole d’égalité peut apparaître comme le mieux, et dans l’absolu pourrait avoir ma préférence, à ceci près que de telles assemblées signifient que toute personne pourrait y être appelée autant celles qui le souhaitent que celles qui ne souhaitent pas. 

La question se pose alors de savoir que se passe-t-il si des personnes refusent d’y participer car, ils refuseraient au final le fondement même du régime dans lequel ils sont ? Que se passe-t-il si un grand nombre refuse ? Faudra-t-il les contraindre ? Les inciter ? Dans ce cas-là, peut-il exister une démocratie obligatoire ? Est-ce paradoxal ? Et dans le cas contraire, comment déciderons-nous de qui gère ce système ? 

Car, nous avons déjà l’expérience des cours d’assise, et le moins que l’on peut dire, demeure que l’encadrement et la personnalité du Président de la cours est primordial. Nous savons aussi que seule une excuse de santé ou d’urgence est recevable pour s’y soustraire. 

C’est pourquoi, nous allons voir, en nous posant, et en comprenant le profond changement qui travaille notre époque, que la représentation peut avoir des atouts si elle est accessible, encadrée et contrôlée, et si elle se complète autant que c’est possible de l’expression directe de tous, sorte de gestion partagée.

Le grand évènement qui frappe notre époque n’est pas politique, il est issu d’un long processus qui s’étend sur des centaines d’années. C’est le passage du temps la « modernité » au temps du « présent ». 

lundi 11 octobre 2021

L'absolutisme et la fin de la continuité du droit

Nous vivons actuellement la fin d'une époque qui se caractérise pour un temps comme la fin de la continuité du droit. 

Celui-ci reviendra, mais forcé de constater comment dans cette période trouble le droit est malmené, les principes élémentaires des droits fondamentaux ne sont plus respectés, on peut sans autre forme de procès, nous confiner ou nous masquer, et finalement, il n'y a plus que la pression économique qui semble en capacité de protéger le citoyen lambda. 

La continuité du service public qui était un sacro-saint et qui définissait ce dernier a lui aussi volé en éclat, les écoles ferment, la continuité pédagogique est aléatoire, tant qu'aux hôpitaux leur accès a été conditionné, et l'accès à certains transports aussi. 

Pourtant, la continuité était un principe d'importance en droit, il permettait à une certaine cohérence dans le traitement de chacun, à une jurisprudence, à une forme d'égalité. 

Sauf, que maintenant, au titre d'un absolutisme de la décision politique, cette continuité est jetée en éclat et nous n'avons plus que nos yeux pour pleurer. 

Mais, ne nous y trompons pas, quelque soit l'absolutisme, c'est toujours le même mécanisme.

 Qu'il vienne en effet d'un héritier de droit divin, d'une personne seule, président ou autre, homme ou femme, qu'il vienne d'un peuple, l'absolutisme de la décision, dans sa souveraineté, peut directement malmené la continuité du droit. 

Alors, suivant les obédiences, nous serons pour tel ou tel absolutisme, mais si, simplement, c'était l'absolutisme en lui-même qui pose de sacrés questions, celles notamment d'être finalement les jouets d'une décision, comme si la liberté élémentaire de pouvoir décider de son destin dérangeait formellement. 

La paix sera certainement à ce prix, savoir concilier la continuité du droit, des principes fondamentaux de défenses et d'humanité et les décisions nécessaires, certes, mais en aucun cas irréversibles. L'absolutisme ne craint que les contre-pouvoirs, et le droit devrait en rester un.

Écrans et devoirs, Incohérence et inégalité élevées en savoir faire

 

Voilà un sujet qu'il est important en ces temps d'écologie mondaine à relever tellement il est vrai qu'il impose des incohérences manifestes. Je parle évidemment de la politique sur les écrans en lien avec l'éducation. 

D'un côté, et cette fois à juste titre, les pouvoirs publics, alertent contre l'utilisation immodérée des écrans qui ont un impact négatif sur le développement neuronal de nos jeunes. Ces derniers seraient exposés en moyen plus de 4 à 6 heures à des écrans par jour, entre les téléphones, les jeux vidéos, les films et autres émissions à la télévision. A ceci, nous pourrions rajouter tous les écrans diffusés ici et là dans les villes. Il est donc légitime que nos chers pouvoirs publics alertent sur le sujet. Nous avons même vu sur le sujet un reportage d'Arté largement regardé.

Et pourtant, l'école se dirige de plus en plus vers un enseignement numérique, c'est-à-dire rajouter des écrans aux écrans, une contradiction avec les préoccupations de santé publique.

L'incohérence est en plus financer à grand coup de budget dès les collèges par les Départements, qui s'en glorifient et se vantent d'un ordinateur par élève et de la mise en place d'un logiciel « pronote » qui tient par une laisse numérique chaque élève. 

L'école ne se termine plus. Elle est présente à chaque minute dans le quotidien de l'élève, à un point tel qu'il n'est pas rare de voir des élèves abandonner leur sport extra-scolaire pour réussir à faire toutes les tâches qui leurs sont demandées. Ceci peut aller jusqu'à rajouter des devoirs le soir à « l'improvisade » via Internet et le fameux logiciel. Des enfants qui commencent leur journée à 8h et souvent la termine à 17h, dont les cartables sont souvent aussi volumineux qu'eux-mêmes, se retrouvent le soir avec d'autres devoirs tout aussi volumineux. 

Sans compter bien évidemment, qu'en cette période d'économie d'énergie, cette politique du tout informatique est une aberration. 

Sans compter, que face aux pénuries de matière première, nous entrons dans une logique sclérosante et handicapante pour l'apprentissage scolaire. 

La politique du tout informatique et des devoirs systématiques du soir demeurent une élévation des inégalités criantes. 

D'abord, celle de l'argent, il y a ceux qui peuvent payer et ceux qui ne peuvent pas, ceux dont l'enfant a son propre ordinateur et ceux qui ne doivent compter que sur l'ordinateur familial, et ceux qui n'en ont pas bien évidemment. Mais, l'inégalité ne s'arrête pas là, puisque qui dit devoirs, dit possibilité de les faire. 

Là aussi, il y aura les élèves qui peuvent être aidés et les autres, tous les autres, ceux qui auront les moyens de payer des soutiens scolaires, et ceux qui abandonneront, il y a aussi ceux qui craquent, qui font le burn out ; mais, dont nous n'avons pas le droit de parler. 

Il est temps de couper avec ces évolutions de l'éducation pour enfin se donner les moyens d'avoir à nouveau la liberté et l'égalité comme idéal, enfin si, je l'espère, nous ne les avons pas oubliés.

lundi 26 juillet 2021

Le fait et la réalité

Une attitude m'a profondément marqué en notre époque, c'est la façon dont nous nions les faits, la preuve et la réalité.
 

C'est d'ailleurs pour cette raison qu'il existe un mouvement scientifique qui remettaient en avant l'idée simple, et que nous aurions pu croire acquise, de la « science par la preuve ». Car, souvent nous mélangeons réalité et vérité ; un fait est souvent unique alors que son interprétation qui nous a amené à une vérité peut être multiple. L'enjeu de la science n'est pas tant la vérité que la réalité ; or, c'est cette dernière qui est niée.

Comment alors dégager des interprétations vraies si la base est niée et faussée ?

La négation de la réalité est constatable dans toutes les disciplines ; en santé avec le refus d'utiliser des médicaments qui fonctionnent et alors même que leur posologie et leurs effets secondaires sont largement connus depuis plus de cinquante ans ; en écologie, où le dogme militant finit par faire construire des usines à gaz pour produire de l'électricité ; en économie, en vivant sur une dette que l'on croit infinie ; en physique, à la recherche de la pierre philosophale énergétique pour remplacer un pétrole finissant, en niant simplement notre dépendance de la matière et notre impossibilité de créer de la richesse autrement qu'en exploitant les ressources terrestres épuisables.

Les sujets sont nombreux et nous ramènent à la même problématique : nous sommes dans un monde où nous devons prouver que l'eau mouille, à un point tel qu'on peut être aujourd'hui mis en danger quand on est scientifique et que l'on veut simplement décrire la réalité, parler des preuves... mais comme dit le vieil adage : chasser la nature, elle revient au galop... personne n'échappe à la réalité et surtout pas celui qui la refuse. 

 

Multiple et indivisible

Une République qui se déclare une est forcément divisible, et c'est d'ailleurs à ce que nous assistons puisque ce qui est un est cassable alors que, contrairement à ce que l'on pense à première vue, ce que l'on déclare multiple est de fait indivisible puisque les cassures sont déjà intégrées, elles ont déjà eu lieu et pourtant l'unité globale a été conservée.

Face à la division culturelle de notre pays, la République a décidé de se déclarer une, sauf que malgré elle, les réalités culturelles persistes. Nous assistons notamment aujourd'hui à des divisions administratives artificielles qui font l'objet d'une décentralisation pour acquérir une identité locale, mais ces divisions ne restent pas moins, pour la plus part, artificielles. 

Quand on pense au « Périgord » que nous avons baptisé pour une grande partie « Dordogne », nom du fleuve ; au « Pyrénées Atlantiques  » qui regroupe le Pays-Basque et une partie du Béarn, Nantes enlevé à la Bretagne, on perçoit que ces division pourtant datant de la Révolution n'ont toujours pas enlevé les anciennes dénomminations.

Au final, à titre d'identité, nous avons des départements qui portent des noms de fleuves. Nous pouvons aussi citer le « Lot-et-Garonne », la « Loire », les « pays de Loire », la « Seine », « Rhône Alpes » (ou de montagne)...qui a profondément déstructuré le pays où les territoires, sans pour autant supprimer les appartenances ancestrales comme, à titre d'illustration, le « Vercors », la « Camargue », l' « Alsace ». Loin d'être oubliées, ces identités perdurent malgré tout et redeviendront tôt ou tard la seule et véritable division administrative territoriale d'une terre humaine en lieu et place des départements et régions avec leur découpage arbitraire. 

Régions, dont les noms sont devenus tragi-comiques, "Haut de France", "Nouvelle Aquitaine" (jusqu'à quand sera-t-elle nouvelle?), "Grand Est", marque une déstructuration garantie dont l'abstention record aux élections en est un triste révélateur. 

La division territoriale est essentielle car, elle marque l'attachement de tous à son territoire et de tous les territoires à la France, à ce pacte qui nous fait vivre ensemble, non dans la contrainte, mais dans un projet commun qui a pour base la liberté et l'égalité, la possibilité de gérer notre terre directement et d'être protégé contre les pressions d'un monde économique puissant, le pacte de gérer par nous même notre territoire « multiple et indivisible », la reconnaissance de cette diversité est la condition de notre unité.

La Nature et la Nation

Voilà un sujet, l'environnement, qui fait aujourd'hui couler beaucoup d'encre entre ceux qui en ont fait leur propriété et les autres qui le rejettent tout bonnement. Mais, disons le d'un trait, ces deux attitudes envers la Nature sont les deux phases d'une même réalité. Cette réalité d'une économie de marché bicéphale qui se fissure de toute part aujourd'hui continue de s'affronter pour un dernier round sur le champ de la nature, que l'on appelle indifféremment ces derniers temps « environnement », « écologie », « climat » sans établir réellement de distinction entre tous ces termes. 

Nous nous apercevons bien que l'environnement est devenu bien plus un argumentaire politique (ou de business) qu'une réalité par ceux-là mêmes qui le promulguent. Il est intéressant de noter comment les uns comme les autres véhicules l'environnement par la contrainte, les taxes, les règles et autres interdictions pour les uns, dénonciation pour les autres. Dans les deux attitudes, il y a une même victime, la Terre car, les uns comme les autres ne veulent pas voir une réalité qui s'impose à nous, la matière n'est pas infinie, la Terre s'épuise et notre modèle économique actuel en dépend en totalité. 

Avec la technologie verte, c'est bien ce monde qui veut fermer les yeux sur cette réalité et accélère sa dégradation. Car, contrairement à ce que nous pensons couramment, c'est bien l'homme qui a besoin de la nature, même si nous rêvons d'en modifier les règles, alors que c'est plutôt nos lois économiques que l'on devrait changer. Il n'y a pas d'opposition entre Nature et Nation car, la réalité qui nous arrive s'impose à tout le monde d'une façon identique.

La question de la nature, c'est celle de la matière qui va appeler à gérer les territoires à un niveau culturel cohérent, une nouvelle division territoriale, moins grande, soucieux de l'histoire de ces territoires, qui ne correspond absolument pas aux divisions actuelles. 

Si la Nation veut survivre, elle devra redevenir le point d'unité d'une multitude de territoires qui auront en commun la volonté d'agir ensemble, et seule la libre entente, et le niveau d'authenticité démocratique le prouve : une sorte de république des provinces unies, permettant à chaque territoire d'avoir l'unité culturelle suffisante pour gérer concrètement l'environnement. 

C'est pourquoi, il n'y a jamais d'opposition Nature / Nation car, nous parlons de deux niveaux différents qui se réunissent par l'action impulsée au niveau local.

samedi 24 juillet 2021

Liberté et spiritualité

 "Christ nous a placé dans la liberté en nous affranchissant;
demeurez donc fermes" (Galates 5.1)

" Là où est l'Esprit Saint du Seigneur, il y a la liberté" (2 Corintiens 3.17)

jeudi 24 juin 2021

Quand l'idée de « progrès » laisse la place à l'idée du « moment présent »

Nous ne vivons plus la fin d'une époque, nous avons changé d'époque et ce détail fait toute la différence aujourd'hui car, ce qui pouvait être une réalité future est actuelle, sauf qu'il y a un bémol. Si en effet, les populations ont changé d'époque, ont tourné la page de l'histoire, ont clos un chapitre, nos structures, nos administrations, nos économies, nos dirigeants sont restés bloqués dans l'ancienne époque, créant une impossibilité de communiquer entre deux mondes étrangers l'un à l'autre, l'un qui disparaît inexorablement, et l'autre qui est déjà et va s'imposer quoiqu'il en soit. Mais que sont-ils ?

Personnellement, je l'ai résumé dans une conférence que j'ai nommé « Terre naissante, L'histoire d'une humanité qui veut continuer à vivre libre... », titre évocateur puisque précisément, cette fin d'époque est celle d'un très long processus qui a démarré bien avant notre siècle. C'est la raison pour laquelle je parle d'époque, et non de « siècles » ou d '« ère ».

Il faut avoir en mémoire qu'au début la Terre apparaissait pour les hommes comme immense, voire infinie, et que c'est la découverte de ses limites, le franchissement de ses horizons qui a fait changé la conception du monde des hommes, face à une Terre qui devenait de plus en plus petite, ils lui ont substitué un élément qui leur a apparu infini, « l'homme lui-même », c'est la découverte du « Moi », du « cogito », de la « conscience », du « génie créateur », nous sommes devenus alors notre propre centre.

Mais, comme je le dis nous parlons d'un très long processus.

Pour aller à l'essentiel, de là est né l'idée d'une progression de l'homme capable de transgresser les limites, et de par ses découvertes de faire que chaque génération qui suit vivra mieux que la suivante, et cela a pu paraître vrai à certaine époque, selon le progrès technologique.

Nous sommes allés plus loin, plus vite, nous sommes devenus plus puissants à en oublier précisément la Terre, d'où nous venons, et les limites matérielles de cette dernière.

Il est vrai que l'idée de progrès à particulièrement cru ces dernières années depuis la fin de la seconde guerre mondiale, comme le sprint de ses derniers 100 mètres. Avec elle, évidemment, c'est l'idée d'individualisme qui s'est développée, d'homme seul, assisté de la technologie et n'ayant besoin de rien d'autre, la société s'est atomisée, chacun vivant de son côté et nos humanités s'arrêtent aux portes de nos jardins. Bien sûr en réaction à cet individualisme extrême, l'aide humanitaire s'est développé, mais ne doit pas cacher le mouvement de fond, l'homme, cet « animal social », qui vivait en groupe est devenu un être seul, une foule d'êtres solitaires.

Le confinement a été au bout de cette logique avec le « distanciel », « l'enfermement », les « gestes barrières », ne plus s'embrasser, éliminer tout geste d'amitié, et surtout considérer que chacun est devenu une menace pour l'autre. Comme un bouquet final, la santé dernier bastion de cette idée de progrès a montré toute son incapacité à lutter contre un virus, refusant les traitements d'anciennes molécules qui fonctionnaient, voulant absolument trouver le remède miracle issu du progrès technologique. Or, dès premiers résultats, l'idée d'un vaccin salutaire s'effondre, même devient au fil des résultats une menace, et petit à petit, c'est l'idée même de vaccination qui s'effondrera face aux résultats d'une modernité impuissante et contre productrice.

Car, l'idée de progrès ne se constate plus dans la société, l'idée simple que les générations vivront mieux que les suivantes ne se vérifie pas, la Terre se dégrade, on parle de la « fin de l'économie pétrole », et cette science qui devait proposer autre chose de mieux pour que nous gardions notre niveau de développement y est tout simplement incapable, toute personne honnête le constate, et c'est ainsi que cet homme qui refusait les limites de la Terre, croyant qu'en devenant le centre, l'infini lui était ouvert, finit par rencontrer sa propre finitude, se rappelant que quoiqu'il fasse, il n'est ce qu'il est que parce qu'il y a une Terre.

Il faut dire que tout dans notre pays c'est organisé autour de l'idée de progrès, l'éducation, l'administration, l'industrie, le travail et l'expression politique avec cette idée des partis du progrès face aux partis plus conservateurs, rien n'y a échappé, sauf que maintenant plus rien n'y correspond, nous vivons donc dans une structure hors sol, abstraite, déconnecté du réel, ironie pour une époque qui prétend vivre dans l'hyper-connection d'internet, dans une bulle...

Face à l'impossibilité de se projeter dans le temps, les hommes ont commencé à investir leur espace, le « moment présent », abandonnant le « futur » pour le « présent », ce sont toutes les pensées de la « pleine conscience », de « l'ici et du maintenant », de la gestion raisonnée de notre Terre, d'une certaine forme de décroissance, face à l'incertitude du futur, nous avons cherché la certitude du présent. Nous avons vécu la fin de l'idée de progrès, et comme ce sont les couches les plus inférieures de la société qui l'ont subit en premier, ce sont les premières qui ont changé. Au fur et à mesure, chaque niveau permute jusqu'à aujourd'hui où l'ensemble de la société se transforme, sauf ses structures dirigeantes, les dernières à subir les difficultés du temps.

Nous devons écrire la synthèse d'une histoire qui a commencé par nous montrer les limites de la Terre, puis celle de l'homme, il faut donc composer avec les deux pour construire notre présent, infini qui tourne sur lui comme les cycles de la nature.

Intéressant de noter, que lorsque Claude Lévi-Strauss avait parlé des sociétés à histoire chaude, qui ont une relation à l'histoire linéaire, et des sociétés à histoire froide, qui ont une relation à l'histoire circulaire, évoquant par là les « sociétés sans histoire », beaucoup de chercheurs s'étaient mépris étant à l'époque dans un temps où l'idée de progrès arrivait à son paroxysme, mais forcé de reconnaître que nos sociétés à histoire chaude se refroidissent beaucoup, et passent inexorablement d'une économie de progrès à une économie circulaire.

L'abandon du futur pour le présent, du temps pour l'espace s'inscrit bien évidemment dans une histoire de l'humanité qui avait refusée de dialoguer avec la Terre, et qui va devoir y revenir. Je dis bien la Terre et non la seule nature, car il existe malheureusement une écologie politique qui ne voit le monde que dans l'ornière de la contrainte et de la sanction, alors même que l'orientation de nos sociétés vers le « moment présent » est exactement l'inverse, un monde qui doit conjuguer avec le dialogue, l'écoute, la discussion, le partage, la prise en compte de la Terre, d'une économie intégrée, la gestion raisonnée de nos ressources, la relocalisation des échanges ; enfin, vers où toutes les structures dirigeantes ne vont pas, mais devront y aller car, c'est matériellement que l'histoire d'une humanité qui veut rester libre en a pris le sens. 

Nous ne vivons plus la fin d'une époque, nous avons changé d'époque et ce détail fait toute la différence aujourd'hui car, ce qui pouvait être une réalité future est actuelle, sauf qu'il y a un bémol. Si en effet, les populations ont changé d'époque, ont tourné la page de l'histoire, ont clos un chapitre, nos structures, nos administrations, nos économies, nos dirigeants sont restés bloqués dans l'ancienne époque, créant une impossibilité de communiquer entre deux mondes étrangers l'un à l'autre, l'un qui disparaît inexorablement, et l'autre qui est déjà et va s'imposer quoiqu'il en soit. Mais que sont-ils ?

Personnellement, je l'ai résumé dans une conférence que j'ai nommé « Terre naissante, L'histoire d'une humanité qui veut continuer à vivre libre... », titre évocateur puisque précisément, cette fin d'époque est celle d'un très long processus qui a démarré bien avant notre siècle. C'est la raison pour laquelle je parle d'époque, et non de « siècles » ou d '« ère ».

Il faut avoir en mémoire qu'au début la Terre apparaissait pour les hommes comme immense, voire infinie, et que c'est la découverte de ses limites, le franchissement de ses horizons qui a fait changé la conception du monde des hommes, face à une Terre qui devenait de plus en plus petite, ils lui ont substitué un élément qui leur a apparu infini, « l'homme lui-même », c'est la découverte du « Moi », du « cogito », de la « conscience », du « génie créateur », nous sommes devenus alors notre propre centre.

Mais, comme je le dis nous parlons d'un très long processus.

Pour aller à l'essentiel, de là est né l'idée d'une progression de l'homme capable de transgresser les limites, et de par ses découvertes de faire que chaque génération qui suit vivra mieux que la suivante, et cela a pu paraître vrai à certaine époque, selon le progrès technologique.

Nous sommes allés plus loin, plus vite, nous sommes devenus plus puissants à en oublier précisément la Terre, d'où nous venons, et les limites matérielles de cette dernière.

Il est vrai que l'idée de progrès à particulièrement cru ces dernières années depuis la fin de la seconde guerre mondiale, comme le sprint de ses derniers 100 mètres. Avec elle, évidemment, c'est l'idée d'individualisme qui s'est développée, d'homme seul, assisté de la technologie et n'ayant besoin de rien d'autre, la société s'est atomisée, chacun vivant de son côté et nos humanités s'arrêtent aux portes de nos jardins. Bien sûr en réaction à cet individualisme extrême, l'aide humanitaire s'est développé, mais ne doit pas cacher le mouvement de fond, l'homme, cet « animal social », qui vivait en groupe est devenu un être seul, une foule d'êtres solitaires.

Le confinement a été au bout de cette logique avec le « distanciel », « l'enfermement », les « gestes barrières », ne plus s'embrasser, éliminer tout geste d'amitié, et surtout considérer que chacun est devenu une menace pour l'autre. Comme un bouquet final, la santé dernier bastion de cette idée de progrès a montré toute son incapacité à lutter contre un virus, refusant les traitements d'anciennes molécules qui fonctionnaient, voulant absolument trouver le remède miracle issu du progrès technologique. Or, dès premiers résultats, l'idée d'un vaccin salutaire s'effondre, même devient au fil des résultats une menace, et petit à petit, c'est l'idée même de vaccination qui s'effondrera face aux résultats d'une modernité impuissante et contre productrice.

Car, l'idée de progrès ne se constate plus dans la société, l'idée simple que les générations vivront mieux que les suivantes ne se vérifie pas, la Terre se dégrade, on parle de la « fin de l'économie pétrole », et cette science qui devait proposer autre chose de mieux pour que nous gardions notre niveau de développement y est tout simplement incapable, toute personne honnête le constate, et c'est ainsi que cet homme qui refusait les limites de la Terre, croyant qu'en devenant le centre, l'infini lui était ouvert, finit par rencontrer sa propre finitude, se rappelant que quoiqu'il fasse, il n'est ce qu'il est que parce qu'il y a une Terre.

Il faut dire que tout dans notre pays c'est organisé autour de l'idée de progrès, l'éducation, l'administration, l'industrie, le travail et l'expression politique avec cette idée des partis du progrès face aux partis plus conservateurs, rien n'y a échappé, sauf que maintenant plus rien n'y correspond, nous vivons donc dans une structure hors sol, abstraite, déconnecté du réel, ironie pour une époque qui prétend vivre dans l'hyper-connection d'internet, dans une bulle...

Face à l'impossibilité de se projeter dans le temps, les hommes ont commencé à investir leur espace, le « moment présent », abandonnant le « futur » pour le « présent », ce sont toutes les pensées de la « pleine conscience », de « l'ici et du maintenant », de la gestion raisonnée de notre Terre, d'une certaine forme de décroissance, face à l'incertitude du futur, nous avons cherché la certitude du présent. Nous avons vécu la fin de l'idée de progrès, et comme ce sont les couches les plus inférieures de la société qui l'ont subit en premier, ce sont les premières qui ont changé. Au fur et à mesure, chaque niveau permute jusqu'à aujourd'hui où l'ensemble de la société se transforme, sauf ses structures dirigeantes, les dernières à subir les difficultés du temps.

Nous devons écrire la synthèse d'une histoire qui a commencé par nous montrer les limites de la Terre, puis celle de l'homme, il faut donc composer avec les deux pour construire notre présent, infini qui tourne sur lui comme les cycles de la nature.

Intéressant de noter, que lorsque Claude Lévi-Strauss avait parlé des sociétés à histoire chaude, qui ont une relation à l'histoire linéaire, et des sociétés à histoire froide, qui ont une relation à l'histoire circulaire, évoquant par là les « sociétés sans histoire », beaucoup de chercheurs s'étaient mépris étant à l'époque dans un temps où l'idée de progrès arrivait à son paroxysme, mais forcé de reconnaître que nos sociétés à histoire chaude se refroidissent beaucoup, et passent inexorablement d'une économie de progrès à une économie circulaire.

L'abandon du futur pour le présent, du temps pour l'espace s'inscrit bien évidemment dans une histoire de l'humanité qui avait refusée de dialoguer avec la Terre, et qui va devoir y revenir. Je dis bien la Terre et non la seule nature, car il existe malheureusement une écologie politique qui ne voit le monde que dans l'ornière de la contrainte et de la sanction, alors même que l'orientation de nos sociétés vers le « moment présent » est exactement l'inverse, un monde qui doit conjuguer avec le dialogue, l'écoute, la discussion, le partage, la prise en compte de la Terre, d'une économie intégrée, la gestion raisonnée de nos ressources, la relocalisation des échanges ; enfin, vers où toutes les structures dirigeantes ne vont pas, mais devront y aller car, c'est matériellement que l'histoire d'une humanité qui veut rester libre en a pris le sens.

Vidéo sur le même sujet :


dimanche 18 avril 2021

<< Chacun s'isole dans son trou, s'écarte des autres, se cache, lui et son bien (...)>>

Extrait de l'ouvrage des Frères Karamazov de Dostoïevski qui expose bien l'idée d'atomisation de nos sociétés occidentales dont je parle assez fréquemment ...

"En effet, en ce siècle, tous se sont fractionnés en unités. Chacun s'isole dans son trou, s'écarte des autres, se cache, lui et son bien, s'éloigne de ses semblables et les éloigne de lui. Il amasse de la richesse tout seul, se félicite de sa puissance, de son opulence; il ignore, l'insensé, que plus il amasse plus il s'enlise dans une impuissance fatale. Car, il est habitué à ne compter que sur lui-même et s'est détaché de la collectivité, il s'est accoutumé à ne pas croire à l'entraide, à son prochain, à l'humanité et tremble seulement à l'idée de perdre sa fortune et les droits qu'elle lui confère. Partout, de nos jours, l'esprit humain commence ridiculement à perdre de vue que la véritable garantie de l'individu consiste, non dans son effort personnel isolé, mais dans la solidarité. Cet isolement terrible prendra certainement fin un jour, tous comprendront à la fois combien leur séparation mutuelle était contraire à la nature, tous s'étonneront d'être demeurés si longtemps dans les ténèbres, sans voir la lumière (...)" (Chapitre "Biographie du starets Zosime d) Le mystérieux visiteur)

dimanche 7 mars 2021

Critique de la doctrine générale du droit classique

Comme à son époque, mais surement avec moins de génie, quand Kant élabora sa "critique de la raison pure" remettant en cause les bases philosophiques de son temps, il est certainement venu le moment aussi pour nous d'élaborer, comme à son image en y intégrant la prise en compte des faits, une critique de la doctrine générale du droit classique.

Il faut pour saisir le travail colossal qui s'annonce à nous, de bien comprendre que les formes de production des théories juridiques sont de près ou de loin, attachées à un  pouvoir, et que leur remissent en cause annonce forcément un basculement du pouvoir dont nous mêmes, en sommes étranger.

Mise à part ceci, il faut néanmoins avouer que cette dernière année 2020, nous a montré de façon splendide une dissociation entre la théorie classique du droit et ses divisions(par exemple :public/privé, administratif/civil, intérêt général/ intérêt particulier ...etc.), et la réalité. Car, c'est peut-être ce qui caractérise le plus notre époque, l'anachronisme des formes institutionnelles dans laquelle elle se complet. 

Mais cette critique va de paire avec l'histoire et sa lente évolution où tout ce qui nous semble normal aujourd'hui, pourra paraître farfelu aux générations qui nous étudierons, ainsi va le temps...

Il n'en reste pas moins de constater que malgré les preuves indubitables et les faits, la théorie ou ce que nous appelons plus couramment la "doctrine" s'impose malgré nous, fait œuvre de décision envers et contre la réalité souvent, il est vrai, attachée au peuple, à ce que la personne vit en son quotidien et dont une instance vient lui apprendre que cette réalité vécue ne doit être comprise comme elle a été vécue, mais comme l'instance le conçoit. 

Avec l'élaboration de cette critique, nous sommes bien là dans une nouvelle conception du pouvoir qui ne se veut plus centraliste, mais "multipolaire", pour donner suite à mes travaux passés. 

Revenir à la preuve, là aussi, à l'image du mouvement scientifique de l'acceptation de la preuve, du fait, qui demande forcément à une remise en cause de nos habitudes, et c'est peut-être là le plus difficile. Accepter que chaque groupe dans la société peut produire une vision d'intérêt général est de fait une remise en cause de l'exclusivité des pouvoirs publics en la matière, et donc une remise en cause de l'idée même de l'unanimisme de l'autorité, entrainant là aussi des conséquences sur bien d'autres conceptions de notre monde.

Nous débutons donc ce travail, important me semble-t-il, si ce n'est pour les générations futures, et redonne de l'intérêt à penser des concepts que beaucoup croyaient acquis. 

Comme quoi rien dure jamais en ce monde....

mardi 9 février 2021

L'Etat Multipolaire, la montée d'un pouvoir citoyen

 

<< Télécharger L'Etat Multipolaire >> 

" (...) Cette mythologie du centre unificateur et de la neutralité territoriale vise à créer un territoire uniforme, un peuple uniforme et indifférencié. Mais, tout ceci comme je l’écris ce n’est qu’un discours, une mythologie, les distinctions sociales et territoriales sont d’autant plus présentes que le discours tente à les ignorer.

L’histoire que l’on se raconte nous explique qu’il y a un avant et un après la Révolution, alors même que la majorité des changements était déjà à l’œuvre dans la société, la Révolution a finalement réussi à les faire aboutir. Le centralisme, les Rois y pensaient mais n’y arrivaient pas, la réforme de la fiscalité de même, sortir de la société d’Ordre pour une société plus faussement indifférenciée était aussi en germe, les grands penseurs sur lesquels s’appuient toutes ces réformes ont vécus sous l’Ancien Régime, la justice administrative y trouve ses origines, l’agrégation y est née et avec elle l’idée des concours.

La fracture de la Révolution a été au final l’accomplissement des souhaits de l’Ancien Régime. Nous avons ainsi basculé dans un nouveau monde qui portait déjà en lui sa principale difficulté est que la France n’est pas centraliste, elle possède une multitude de pôles territoriaux, sociaux, culturels, politiques, elle est et a toujours été multipolaire". 

Xavier Pérez
Dr. en droit et Dr. en sc. de l'éducation

 


mercredi 13 janvier 2021

La Révolution et l'échec d'un grand reset à la française

Je copie ici un extrait du texte que je suis en train d'écrire pour résumer mes travaux de recherche sur les institutions. Je me suis laissé aller à une réflexion sur l'idée de "table rase" comme nous avons pu le connaître avec la Révolution de 1789 et comprendre les illusions derrière cette idée simple en apparence :

"Face à l’impasse fiscale de réformer le pays, le Roi décide donc de convoquer les Etats Généraux en 1789 pour engager les décisions nécessaires. Le résultat aboutit à une Révolution, la fin de la monarchie, le début d’une République fragile, vite remplacé par un Directoire, puis un Empire qui résout son besoin de finance en la nationalisant par la création de la Banque de France.

Mais, l’idée qui va dominer à la Révolution, est celle de la « table rase », une sorte de grand « réset » du passé pour le plus grand malheur de ses initiateurs. C’est donc dans un véritable salut public fiscal que les révolutionnaires réinventent le « fisc ».

Au début, l’idée est noble, il ne faut plus d’impôts indirects injustes et antidémocratiques, et pour se faire il faut tout raser sans distinction car, ce n’est pas seulement les dettes qui doivent disparaître avec un moratoire, mais le régime, les traditions, la religion qui doit être remplacée par de nouvelles fêtes, un nouveau baptême « républicain », un calendrier qui part de l’an zéro, celle de la Révolution de la France. Une véritable table rase.

On tourne la page et on recommence.

Sauf, que ce n’est pas aussi facile dans le sens où le passé s’accroche, les dettes effacées n’effacent pas les dépenses, et la guerre coûte chère. L’endettement revient alors très vite. Il faut alors improvisé avec une monnaie-emprunt, l’assignat, qui n’ira pas au-delà du Directoire, il faut alors prendre l’argent où il y en a, pense-t-on à l’époque, sur les biens de l’Eglise et chez les riches.

La table rase est une spirale, séduisante à première vue, elle nous entraine dans les travers de l’homme, celui de croire qu’il peut être Dieu à la place de Dieu, effacer l’ardoise et tout recommencer.

Mais, « on n’empêche pas un homme d’être le fils de son père », et c’est pour cette raison que l’idée de tout effacer ramène les privilèges par la fenêtre, là où ils étaient partis par la porte. Les propriétés en vente sont acquises par les riches qui deviennent alors encore plus riche, et ceux qui sont en exils, en définitif, ne le resteront pas si longtemps et reviendront récupérer une bonne partie de leurs biens à la Restauration.

Dans la mesure où la nature profonde du pouvoir est d’en abuser, et non pas comme nous croyons trop souvent d’en user, les hommes effacent le passé pour redistribuer un jeu de carte truqué ou lancer un dé pipé, et c’est exactement ce qui s’est passé.

Cette période devrait nous inspirer pour notre présent pour éviter précisément les erreurs du passé.

Alors, je pense qu’il est nécessaire de faire une digression importante pour l’histoire.

Face à une dette monumentale, et devenue incontrôlable, la tentation est grande de vouloir l’effacer, de la faire disparaitre par une simple convention se disant que si tout le monde est d’accord, elle disparait et nous n’en parlerions plus, et nous pourrions en profiter pour réorganiser le système au passage.

Cette idée simple au demeurant est tout sauf simple car, elle engage des millions (voire des milliards) de situations différentes, d’hommes et de femmes qui seront à terme victimes de cette idée puisque cette dette a avant tout pour origine l’imprévoyance des gouvernements qui comme nous l’avons dit ont abusé de leur pouvoir.

Il y a une grande illusion de croire qu’imprimer de la monnaie sur papier ou même de façon scripturale serait créer de la richesse, au contraire c’est créer un pont invisible sans aucune fondation, qui tôt ou tard s’effondrera.

Et, la table rase n’y change rien, dans la mesure où la raison de cet irréalisme économique, dans notre cas la société de surproduction et d’hyperconsommation, ne disparaitra pas avec un effacement des dettes, au contraire, si elles sont effacées, c’est pour nous permettre d’y retourner encore plus fort qu’avant.

Il y a me semble-t-il une vraie illusion dans cette idée de table rase, qu’ont vécu aussi les Révolutionnaires, celle de croire que nous pouvons inventer le monde par notre esprit, sauf que le monde est bien plus que nous-mêmes, est bien plus qu’une addition de rationalités.

La réalité n’est pas fixée par l’Homme, elle est fixé par la Nature et la Terre, appelons-là comme nous le souhaitons, le fait est que la Terre nous est donnée, nous ne la créons pas, nous la transformons certainement, nous aimerions la dominer comme nous souhaiterions dominer les phénomènes sociologiques et économiques, mais rien y fait, l’homme reste un homme, et rien de plus, et rien de moins.

Il peut effacer ce qu’il veut, ce ne sera qu’une opération de l’esprit, son passé le rattrapera quand même, il serait plus inspiré, d’y faire face. 

 

 

mardi 12 janvier 2021

La mutation de notre paradigme économique ne sera pas numérique

Contrairement à ce que beaucoup pense, la mutation de notre paradigme économique ne sera pas numérique, puisque ce dernier est sa poursuite, non le changement devra forcément être l'exact inverse, je l'écrivais déjà en 2017 dans l'introduction de mon ouvrage "L'économie intégrée au vivant" (voir ici) ou (ouvrir le lien) dont je vous recopie ici l'extrait : 

"Objet d’indifférence, la Nature se rappelle à nos souvenirs. Sauvage ou cultivée, elle nous remémore qu’elle demeure l’élément fondamental, indispensable et nécessaire à tout ce qui existe. Il n’y a aucun avenir à imaginer un monde sans elle, aucune matière et aucune possibilité de la substituer. Nous lui restons pieds et poings liés quelle qu’en soit notre philosophie. Nous la maltraitons pourtant, usons et gaspillons les richesses qu’elle a mises à notre disposition pour assouvir notre cupidité.

Nous bâtissons des murs de connaissance pour l’ignorer, des théories pour nous en séparer et affirmer que nous pouvons la modifier jusqu’en notre corps.

Nous refusons, en parallèle, tous changements des lois politiques et économiques que nous avons pourtant créées. Dans ces conditions, l’immuable devient modifiable et l’éphémère éternel.

Nous sommes néanmoins informés sur la limite prochaine de nombreuses matières premières car, ce n’est pas que le pétrole qui est touché par une fin proche, mais un ensemble de matières. Nous savons également, à l’heure actuelle, que les découvertes scientifiques butent sur une production massive d’énergie de substitution sans transformer l’économie. La mutation de cette dernière devient véritablement chaque jour une marche forcée à la recherche de l’équilibre naturel.

Nous nous préparons à l’un des changements les plus importants de l’économie, en l’intégrant au rythme naturel, même si les initiatives pour la préparer restent marginales. Aucune réflexion sur de nouveaux modes économiques de production et distribution de la monnaie (si ce n’est les monnaies alternatives) est mise en place parce que nous vivons sur l’espoir de découvertes scientifiques.

Ces dernières sont pourtant confrontées au problème d’échelle, y compris pour le pétrole de synthèse ou de substitution. La production de bio-pétrole ne résout d’ailleurs pas non plus la question de la pollution, émise notamment par les transports, même si on est abreuvé de schémas assez simplistes, comme celui où l’on peut voir une voiture qui émet du CO2 et une usine qui le recycle ; or, cette image n’est qu’une image de communicant. Dans la réalité, rien ne se passe de la sorte. Le CO2 qui aide à la transformation est celui d’usines émettrices de forts polluants, et non celui des voitures. Le CO2 se dévoile aussi dans d’autres campagnes de communication comme l’égal d’une énergie propre, l’homme voulant imiter la Nature. Cette formule est malheureusement aussi un slogan de communicants, puisque dans sa première version, ces bioénergies n’ont de « bio » que le nom. Elles ont un très fort impact sur la planète.

Il est alors possible que dans la panique face à l’échéance, on construise à tout va des usines de bio-pétrole un peu partout sur tous les continents. Mais, cette précipitation ne résout malheureusement rien sur le fond car, ce n’est pas qu’une question de pétrole et de véhicules, c’est une question avant tout de comportements. Les problèmes ne sont pas forcément où on croit qu’ils sont, puisque le véritable enjeu est politique, et celui-ci, peu de personnes veulent le voir.

Dans la mesure où notre présent nous semble éternel, qu’il soit sûrement absurde pour de nombreuses personnes que les scientifiques (?!) ne trouvent pas de solutions à nos échéances, personne n’aura d’intérêt à s’intéresser à la question de l’énergie et à la mutation inéluctable de nos économies. Mais, est-ce pour autant que nous devons nous en désintéresser ? Car, il est indéniable que la fin progressive ou brutale des matières premières va entrainer, de fait, si elle n’a pas été anticipée, un choc dont nous avons du mal à en imaginer l’impact. Les réactions seront, sans nul doute, violentes et remplis d’incompréhensions.

Aborder ce sujet entraine la question quasi systématique : où est la solution ? Toutes les analyses aussi performantes soient-elles n’attirent l’attention du public que s’il y a l’annonce d’évolutions techniques acceptables, en d’autres termes, qui ne modifient pas trop nos habitudes quotidiennes : Alors, préparons–nous !

Si nous voulons faire face aux évènements à venir, la mutation de l’économie devra sans aucun doute être radicale. Cette perspective loin de nous effrayer devrait au contraire nous réconforter car, elle signifie que si la physique n’amène pas de réponses satisfaisantes, les sciences politiques n’ont peut-être pas dit leurs derniers mots.

Il est certain que les changements à opérer vont être énormes, lourds et contraignants, mais ces dernières signifient au moins qu’il y a des solutions. Puis, les hommes les accepteront et ils arrêteront d’en ricaner quand le changement deviendra inéluctable et réel. C’est pourquoi, même si cette perspective d’avenir, pourrait sembler à de nombreux égards, perdue, il n’en est rien, bien au contraire, l’espoir doit rester de mise car, les bases théoriques d’une économie intégrée au Vivant demeurent possibles. Bien moins complexe qu’il n’y paraît, la situation économique reste relativement simple à résumer.

Les revenus sont liés à la production ; cette dernière détermine l’ensemble de l’économie, y compris la bourse qui prospère en spéculant sur elle ou le crédit qui se rembourse sur son bon fonctionnement, et les impôts qui sont, ne l’oublions pas, des prélèvements sur les consommations et les revenus.

Si nous n’arrivons pas à séparer la création des revenus de la production, le système actuel va rencontrer de plus en plus de difficultés, puisqu’il ne peut produire intensivement et indéfiniment sans tenir compte des rythmes naturels.

Les Ressources n’étant pas infinies, ce système d’exploitation à outrance connaîtra de fait l’implosion. Il devient, par conséquent, impératif d’imaginer un système économique où la création monétaire (dans certaines limites et directement distribuée auprès des personnes physiques) soit distincte de la production.

Il devient, par extension, crucial de déterminer les biens fondamentaux pour que l’économie respecte la Nature et que soient partagées équitablement les Ressources.

A chaque fois que le système politique écrase un individu pour ses dettes, qui met une personne à la rue, qui le prive des biens essentiels ; ce système est en échec.

Si nous élisons nos gouvernants, c’est précisément pour être soutenu, protégé, et pour préparer notre avenir ; et non l’inverse. Bien sur cette surconsommation a eu une conséquence sur le climat et le réchauffement de la Terre.

Une théorie circule néanmoins qu’il suffirait de modifier les modes de consommation d’énergies non renouvelables vers des énergies renouvelables pour arrêter le phénomène du réchauffement. Or, il n’en est rien car, ce qu’il faut changer, c’est bien plus que des modes de consommation, c’est le mode économique qui établit la relation entre la production des biens et l’acquisition des richesses ; et par extension, notre incapacité de répartir cette richesse.

L’enjeu du réchauffement climatique et des catastrophes qu’il va engendrer, demeure l’un des multiples aspects des conséquences dramatiques d’un modèle économique qu’il faut quitter car, lutter contre le réchauffement climatique est certainement un acte moral, mais aussi et surtout une obligation politique et économique.

Nous avons connaissance de la pile à combustible, de la feuille artificielle, des procédés liés à l’hydrogène, toutes ces technologies prometteuses pour certaines, peuvent résoudre d’une façon momentanée des difficultés ; mais la technologie appelant la technologie, cette démarche ne résout malheureusement pas le cœur du problème, lié au modèle économique, et son incapacité actuelle de partager les richesses produites, mais au contraire, d’exploiter à outrance nos Ressources, de les gaspiller en lieu et place d’un système efficace pour leur bonne répartition.

Il y a un vrai risque de l’illusion technologique qui donnerait finalement naissance à un monde encore plus ségrégationniste entre les riches et les pauvres, permettant toujours à un petit nombre de continuer à vivre en ignorant le reste de l’Humanité, corps et âme, dévouée à produire le bien être de cette minorité."