Personnellement, je l'ai
résumé dans une conférence que j'ai nommé « Terre
naissante, L'histoire d'une humanité qui veut continuer à vivre
libre... », titre évocateur puisque précisément, cette fin
d'époque est celle d'un très long processus qui a démarré bien
avant notre siècle. C'est la raison pour laquelle je parle d'époque,
et non de « siècles » ou d '« ère ».
Il faut avoir en mémoire
qu'au début la Terre apparaissait pour les hommes comme immense,
voire infinie, et que c'est la découverte de ses limites, le
franchissement de ses horizons qui a fait changé la conception du
monde des hommes, face à une Terre qui devenait de plus en plus
petite, ils lui ont substitué un élément qui leur a apparu infini,
« l'homme lui-même », c'est la découverte du « Moi »,
du « cogito », de la « conscience », du
« génie créateur », nous sommes devenus alors notre
propre centre.
Mais, comme je le dis
nous parlons d'un très long processus.
Pour aller à
l'essentiel, de là est né l'idée d'une progression de l'homme
capable de transgresser les limites, et de par ses découvertes de
faire que chaque génération qui suit vivra mieux que la suivante,
et cela a pu paraître vrai à certaine époque, selon le progrès
technologique.
Nous sommes allés plus
loin, plus vite, nous sommes devenus plus puissants à en oublier
précisément la Terre, d'où nous venons, et les limites matérielles
de cette dernière.
Il est vrai que l'idée
de progrès à particulièrement cru ces dernières années depuis la
fin de la seconde guerre mondiale, comme le sprint de ses derniers
100 mètres. Avec elle, évidemment, c'est l'idée d'individualisme
qui s'est développée, d'homme seul, assisté de la technologie et
n'ayant besoin de rien d'autre, la société s'est atomisée, chacun
vivant de son côté et nos humanités s'arrêtent aux portes de nos
jardins. Bien sûr en réaction à cet individualisme extrême,
l'aide humanitaire s'est développé, mais ne doit pas cacher le
mouvement de fond, l'homme, cet « animal social », qui
vivait en groupe est devenu un être seul, une foule d'êtres
solitaires.
Le confinement a été au
bout de cette logique avec le « distanciel »,
« l'enfermement », les « gestes barrières »,
ne plus s'embrasser, éliminer tout geste d'amitié, et surtout
considérer que chacun est devenu une menace pour l'autre. Comme un
bouquet final, la santé dernier bastion de cette idée de progrès a
montré toute son incapacité à lutter contre un virus, refusant les
traitements d'anciennes molécules qui fonctionnaient, voulant
absolument trouver le remède miracle issu du progrès technologique.
Or, dès premiers résultats, l'idée d'un vaccin salutaire
s'effondre, même devient au fil des résultats une menace, et petit
à petit, c'est l'idée même de vaccination qui s'effondrera face
aux résultats d'une modernité impuissante et contre productrice.
Car, l'idée de progrès
ne se constate plus dans la société, l'idée simple que les
générations vivront mieux que les suivantes ne se vérifie pas, la
Terre se dégrade, on parle de la « fin de l'économie
pétrole », et cette science qui devait proposer autre chose de
mieux pour que nous gardions notre niveau de développement y est
tout simplement incapable, toute personne honnête le constate, et
c'est ainsi que cet homme qui refusait les limites de la Terre,
croyant qu'en devenant le centre, l'infini lui était ouvert, finit
par rencontrer sa propre finitude, se rappelant que quoiqu'il fasse,
il n'est ce qu'il est que parce qu'il y a une Terre.
Il faut dire que tout
dans notre pays c'est organisé autour de l'idée de progrès,
l'éducation, l'administration, l'industrie, le travail et
l'expression politique avec cette idée des partis du progrès face
aux partis plus conservateurs, rien n'y a échappé, sauf que
maintenant plus rien n'y correspond, nous vivons donc dans une
structure hors sol, abstraite, déconnecté du réel, ironie pour une
époque qui prétend vivre dans l'hyper-connection d'internet, dans
une bulle...
Face à l'impossibilité
de se projeter dans le temps, les hommes ont commencé à investir
leur espace, le « moment présent », abandonnant le
« futur » pour le « présent », ce sont
toutes les pensées de la « pleine conscience », de
« l'ici et du maintenant », de la gestion raisonnée de
notre Terre, d'une certaine forme de décroissance, face à
l'incertitude du futur, nous avons cherché la certitude du présent.
Nous avons vécu la fin de l'idée de progrès, et comme ce sont les
couches les plus inférieures de la société qui l'ont subit en
premier, ce sont les premières qui ont changé. Au fur et à mesure,
chaque niveau permute jusqu'à aujourd'hui où l'ensemble de la société
se transforme, sauf ses structures dirigeantes, les dernières à
subir les difficultés du temps.
Nous devons écrire la
synthèse d'une histoire qui a commencé par nous montrer les limites
de la Terre, puis celle de l'homme, il faut donc composer avec les
deux pour construire notre présent, infini qui tourne sur lui comme
les cycles de la nature.
Intéressant de noter,
que lorsque Claude Lévi-Strauss avait parlé des sociétés à
histoire chaude, qui ont une relation à l'histoire linéaire, et des
sociétés à histoire froide, qui ont une relation à l'histoire
circulaire, évoquant par là les « sociétés sans histoire »,
beaucoup de chercheurs s'étaient mépris étant à l'époque dans un
temps où l'idée de progrès arrivait à son paroxysme, mais forcé
de reconnaître que nos sociétés à histoire chaude se
refroidissent beaucoup, et passent inexorablement d'une économie de
progrès à une économie circulaire.
L'abandon du futur pour
le présent, du temps pour l'espace s'inscrit bien évidemment dans
une histoire de l'humanité qui avait refusée de dialoguer avec la
Terre, et qui va devoir y revenir. Je dis bien la Terre et non la
seule nature, car il existe malheureusement une écologie politique
qui ne voit le monde que dans l'ornière de la contrainte et de la
sanction, alors même que l'orientation de nos sociétés vers le
« moment présent » est exactement l'inverse, un monde
qui doit conjuguer avec le dialogue, l'écoute, la discussion, le
partage, la prise en compte de la Terre, d'une économie intégrée,
la gestion raisonnée de nos ressources, la relocalisation des
échanges ; enfin, vers où toutes les structures dirigeantes ne
vont pas, mais devront y aller car, c'est matériellement que
l'histoire d'une humanité qui veut rester libre en a pris le sens.
Nous ne vivons plus la
fin d'une époque, nous avons changé d'époque et ce détail fait
toute la différence aujourd'hui car, ce qui pouvait être une
réalité future est actuelle, sauf qu'il y a un bémol. Si en effet,
les populations ont changé d'époque, ont tourné la page de
l'histoire, ont clos un chapitre, nos structures, nos
administrations, nos économies, nos dirigeants sont restés bloqués
dans l'ancienne époque, créant une impossibilité de communiquer
entre deux mondes étrangers l'un à l'autre, l'un qui disparaît
inexorablement, et l'autre qui est déjà et va s'imposer quoiqu'il
en soit. Mais que sont-ils ?
Personnellement, je l'ai
résumé dans une conférence que j'ai nommé « Terre
naissante, L'histoire d'une humanité qui veut continuer à vivre
libre... », titre évocateur puisque précisément, cette fin
d'époque est celle d'un très long processus qui a démarré bien
avant notre siècle. C'est la raison pour laquelle je parle d'époque,
et non de « siècles » ou d '« ère ».
Il faut avoir en mémoire
qu'au début la Terre apparaissait pour les hommes comme immense,
voire infinie, et que c'est la découverte de ses limites, le
franchissement de ses horizons qui a fait changé la conception du
monde des hommes, face à une Terre qui devenait de plus en plus
petite, ils lui ont substitué un élément qui leur a apparu infini,
« l'homme lui-même », c'est la découverte du « Moi »,
du « cogito », de la « conscience », du
« génie créateur », nous sommes devenus alors notre
propre centre.
Mais, comme je le dis
nous parlons d'un très long processus.
Pour aller à
l'essentiel, de là est né l'idée d'une progression de l'homme
capable de transgresser les limites, et de par ses découvertes de
faire que chaque génération qui suit vivra mieux que la suivante,
et cela a pu paraître vrai à certaine époque, selon le progrès
technologique.
Nous sommes allés plus
loin, plus vite, nous sommes devenus plus puissants à en oublier
précisément la Terre, d'où nous venons, et les limites matérielles
de cette dernière.
Il est vrai que l'idée
de progrès à particulièrement cru ces dernières années depuis la
fin de la seconde guerre mondiale, comme le sprint de ses derniers
100 mètres. Avec elle, évidemment, c'est l'idée d'individualisme
qui s'est développée, d'homme seul, assisté de la technologie et
n'ayant besoin de rien d'autre, la société s'est atomisée, chacun
vivant de son côté et nos humanités s'arrêtent aux portes de nos
jardins. Bien sûr en réaction à cet individualisme extrême,
l'aide humanitaire s'est développé, mais ne doit pas cacher le
mouvement de fond, l'homme, cet « animal social », qui
vivait en groupe est devenu un être seul, une foule d'êtres
solitaires.
Le confinement a été au
bout de cette logique avec le « distanciel »,
« l'enfermement », les « gestes barrières »,
ne plus s'embrasser, éliminer tout geste d'amitié, et surtout
considérer que chacun est devenu une menace pour l'autre. Comme un
bouquet final, la santé dernier bastion de cette idée de progrès a
montré toute son incapacité à lutter contre un virus, refusant les
traitements d'anciennes molécules qui fonctionnaient, voulant
absolument trouver le remède miracle issu du progrès technologique.
Or, dès premiers résultats, l'idée d'un vaccin salutaire
s'effondre, même devient au fil des résultats une menace, et petit
à petit, c'est l'idée même de vaccination qui s'effondrera face
aux résultats d'une modernité impuissante et contre productrice.
Car, l'idée de progrès
ne se constate plus dans la société, l'idée simple que les
générations vivront mieux que les suivantes ne se vérifie pas, la
Terre se dégrade, on parle de la « fin de l'économie
pétrole », et cette science qui devait proposer autre chose de
mieux pour que nous gardions notre niveau de développement y est
tout simplement incapable, toute personne honnête le constate, et
c'est ainsi que cet homme qui refusait les limites de la Terre,
croyant qu'en devenant le centre, l'infini lui était ouvert, finit
par rencontrer sa propre finitude, se rappelant que quoiqu'il fasse,
il n'est ce qu'il est que parce qu'il y a une Terre.
Il faut dire que tout
dans notre pays c'est organisé autour de l'idée de progrès,
l'éducation, l'administration, l'industrie, le travail et
l'expression politique avec cette idée des partis du progrès face
aux partis plus conservateurs, rien n'y a échappé, sauf que
maintenant plus rien n'y correspond, nous vivons donc dans une
structure hors sol, abstraite, déconnecté du réel, ironie pour une
époque qui prétend vivre dans l'hyper-connection d'internet, dans
une bulle...
Face à l'impossibilité
de se projeter dans le temps, les hommes ont commencé à investir
leur espace, le « moment présent », abandonnant le
« futur » pour le « présent », ce sont
toutes les pensées de la « pleine conscience », de
« l'ici et du maintenant », de la gestion raisonnée de
notre Terre, d'une certaine forme de décroissance, face à
l'incertitude du futur, nous avons cherché la certitude du présent.
Nous avons vécu la fin de l'idée de progrès, et comme ce sont les
couches les plus inférieures de la société qui l'ont subit en
premier, ce sont les premières qui ont changé. Au fur et à mesure,
chaque niveau permute jusqu'à aujourd'hui où l'ensemble de la société
se transforme, sauf ses structures dirigeantes, les dernières à
subir les difficultés du temps.
Nous devons écrire la
synthèse d'une histoire qui a commencé par nous montrer les limites
de la Terre, puis celle de l'homme, il faut donc composer avec les
deux pour construire notre présent, infini qui tourne sur lui comme
les cycles de la nature.
Intéressant de noter,
que lorsque Claude Lévi-Strauss avait parlé des sociétés à
histoire chaude, qui ont une relation à l'histoire linéaire, et des
sociétés à histoire froide, qui ont une relation à l'histoire
circulaire, évoquant par là les « sociétés sans histoire »,
beaucoup de chercheurs s'étaient mépris étant à l'époque dans un
temps où l'idée de progrès arrivait à son paroxysme, mais forcé
de reconnaître que nos sociétés à histoire chaude se
refroidissent beaucoup, et passent inexorablement d'une économie de
progrès à une économie circulaire.
L'abandon du futur pour
le présent, du temps pour l'espace s'inscrit bien évidemment dans
une histoire de l'humanité qui avait refusée de dialoguer avec la
Terre, et qui va devoir y revenir. Je dis bien la Terre et non la
seule nature, car il existe malheureusement une écologie politique
qui ne voit le monde que dans l'ornière de la contrainte et de la
sanction, alors même que l'orientation de nos sociétés vers le
« moment présent » est exactement l'inverse, un monde
qui doit conjuguer avec le dialogue, l'écoute, la discussion, le
partage, la prise en compte de la Terre, d'une économie intégrée,
la gestion raisonnée de nos ressources, la relocalisation des
échanges ; enfin, vers où toutes les structures dirigeantes ne
vont pas, mais devront y aller car, c'est matériellement que
l'histoire d'une humanité qui veut rester libre en a pris le sens.