J'ai
créé Maître Julien l’Hippopotame au cours de mes études de
droits et notamment lors de mon passage en cabinet d'avocat, j'étais
alors animé par l'image de l'avocat du XIXe plaidant et pouvant
s'élever contre toutes formes d'injustice.
L'image
de Léon Gambetta m'animait profondément car pour moi, à l'époque,
l'avocat était celui qui parle, qui défend qui protège.... bien
loin il est vrai de ce qu'est la profession aujourd'hui, et c'est ce
décalage qui donne tout son charme à cet hippopotame, il permet
ainsi d'aborder tous les sujets sensibles sans trop de graviter, y
apporter une autre vision qui pousse à la défense, à la probité
et la grandeur d'âme.
Qu'il
prenne la parole pour une victime ou un accusé, c'est toujours
l'occasion pour lui de nous parler à nous directement.
Les
histoires, tantôt sérieuses, tantôt loufoques, sont toujours
l'occasion de mettre en avant les talents de Maître Julien
l'Hippopotame.
Mon
regret est qu'il n'ait pas trouver un moyen d'être diffusé à plus
grande échelle car son potentiel est multiple.
J'ai toujours pensé, à tort peut-être, qu'il aurait pu être utile à des "causes" sociales ou humanitaires, pour diffuser des messages sans se renier lui-même dans le sens où il diffuse déjà des messages.
L'humour y est aussi très présent quand je le tourne bien évidemment en dérision ou quand lui aussi dans un style feutré se moque de son adversaire, tourne cette fois en dérision l'argument de son opposé.
Mais, au fil des histoires, nous nous apercevons que les oppositions n'en sont pas réellement, que bien des adversaires viendront le chercher pour être défendu, rendant un monde complexe où rien n'est tout blanc ou tout noir, chacun vivant avec ses fantômes et ses turpitudes.
Il y a donc un côté bon enfant...dont j'espère un jour pouvoir le diffuser à un plus grand nombre.
J'ai voulu écrire cet ouvrage pour illustrer ma thématique sur "les trajectoires collectives" et la possibilité collectivement de les maîtriser et pour démontrer comment nous vivons un moment charnière du passage d'une mythologie fondatrice à une autre. Comme je dis un "mythe ne se critique pas, il se remplace"...
Voilà mon ouvrage "Préliminaire d'une métamorphose" pour lequel je cherchais un éditeur
<< La
principale caractéristique de notre civilisation est le fait de
posséder le même « bien » pour définir et déterminer
la richesse et permettre l’échange des choses élémentaires dont
une personne ou un groupe a besoin pour vivre. L’économie
occidentale capitaliste a donné naissance, à partir de cette
confusion, à une mythologie, c’est-à-dire des histoires (ou des
maximes) sur lesquelles nous organisons notre société. Sauf, que
ces mythes fondateurs de l’économie occidentale capitaliste
rencontrent aujourd’hui la limite matérielle de notre Monde à un
point tel que tout ralentissement ou toute récession pourrait
entamer les revenus de millions de personnes. Dans cet ordre d’idée,
ce n’est plus tant la question de l’influence ou pas de la
monnaie sur la réalité qui serait d’actualité, mais bien
l’inverse celle de l’influence de la réalité matérielle sur la
monnaie, et donc l’équilibre générale de nos économies. « Il
est donc nécessaire de se demander s’il est possible d’imaginer
un système où la production de richesses et la distribution d’un
« bien d’échange » soient disjoints pour l’acquisition
des choses élémentaires >>
Il
existe des écoles supérieures de guerre, des écoles de guerre
économique, il existe des institutions pour apprendre ce que nous
appelons, peut-être improprement, « l 'art de la guerre », et dans ces
objectifs se sont des milliards qui y sont consacrés, mais
existe-t-il une école de la paix ?
La
raison en est malheureusement très simple, c'est que les puissances
étatiques sont nées de la guerre, c'est d'elles qu'ils justifient
leur autorité, mais leur naissance doit-elle pour autant
conditionner leur devenir, leur projection dans leur futur ? Ce
n'est pas parce que nous serions nés de parents violents que nous
devrions être violent. Qu'est-ce qui pousse les puissances étatiques
à vouloir poursuivre leur origine ?
Oui,
je sais lorsque nous traitons de la paix, il y a beaucoup de
questions et très peu de réponses, parce que les réponses devraient
être écrits par ceux-la mêmes qui s'efforcent à vouloir faire la guerre
ou se préparer à la guerre, c'est la même chose.
Car,
vouloir la paix demande déjà de faire des actes de paix et donc par
conséquent de développer une économie de paix, c'est-à-dire une
économie qui laisse la possibilité aux habitants d'exploiter leur
territoire, d'y faire le commerce et de le façonner à leur image.
La
paix appelle à un monde décentré qui lutterait contre toute forme
de centralisme ou de concentration de pouvoir.
La
paix appelle à créer un espace où le mot "avenir" aura à nouveau du
sens.
Alors
la paix est-elle une illusion ? Si elle reste un discours,
certainement; s'il est décidé, par contre, de développer des actes de paix et
une économie de paix, le possible deviendra alors une réalité.
C'est
peut-être la un fait paradoxal mais le cycle de paupérisation que
commence à connaître la France va entraîner autant la perte de
richesse d'une partie importante de la population que
l'enrichissement et la concentration du capital dans une petite
partie de cette même population.
Il
y a d'abord une illusion : celle du salaire.
Il
est vrai que tant que nous touchons notre salaire pour ceux qui ont
un emploi, nous avons l'impression que tout va bien, que l'économie
se porte bien.
Il
faut pourtant dépasser cette première vue car dans tous les pays,
comme la Grèce, qui ont eu de fortes difficultés financières
jusqu'au déclenchement de la crise, du clash, les salariés et
fonctionnaires recevaient leurs salaires.
Plusieurs
indices devraient nous alerter.
D'abord,
que la sphère publique a de moins en moins de capacité financière.
Le premier indice est les retards de paiement, voire même dans
certains cas les impayés, des prestations des entreprises et
artisans à l'espace public (État comme collectivité territoriale).
A
chaque fois est plaidé l'erreur technique, la faute du logiciel
informatique, sans remettre en cause leur explication, ces faits ont
tendance à se multiplier à un point tel qu'ils découragent bien
des artisans à travailler pour la sphère publique.
L'autre
fait qui devrait nous alerter, ce sont les multiples appels à faire
des économies par l’État et notamment via les décisions
gouvernementales, mais aussi les rapports soit de la cours des
comptes qui les demandent, les instances européennes qui le
souhaitent ou même le défenseur des droits qui les constatent.
Dernier
phénomène qui devrait nous alerter est le fait que les populations
en difficulté qui réclament leurs droits sont pointés du doigt.
Nous parlons pourtant de « droits » et pourtant le fait
de recevoir ses droits est de plus en plus dénoncé et décrit comme
une « anomalie », émettant un sentiment de « honte »
à demander ses droits. Ce phénomène est un indicateur profond du
début d'un cycle de paupérisation.
Je
sais, il est difficile de croire que la France entre dans un cycle
accéléré de paupérisation qui entraîne forcément ses
paradoxes : celui que l'argent circule de plus en plus mal entre
les différentes sphères de la société. Le « Bien
d'échange » (argent) indispensable pour accéder à un
logement, à alimentation, à la santé se fait de plus en plus rare
pour une partie significative de la population, y compris
travailleuse.
Il
faudra sans nul doute avouer que la France n'a plus les moyens de sa
politique si nous voulons nous donner une change de faire en sorte
que chacun est un revenu, appelant forcément à une profonde réforme
de notre économie ...
C'est dans son texte "La France contre les robots" (1944) que provient cet extrait, issu du chapitre II, Georges Bernanos y évoque la progression de l'idée "d'ordre" sur celle de la "liberté". Dans cet ouvrages, il n'hésite pas à déstabiliser les logiques couramment admises, il y confronte la "démocratie" face à la "liberté", la "Patrie" face à "l’État", une justesse des "privilèges" pour protéger "l'égalité"... paradoxe et origine de notre liberté trop vite oublié, qui nous fait perdre le sens des valeurs et la raison de vivre...
le sens de l'engagement :
"Oui,
cher lecteur, je crains que vous ne vous imaginiez pas la Liberté
comme de grandes orgues, qu’elle ne soit déjà pour vous qu’un
mot grandiose, tel que ceux de Vie, de Mort, de Morale, ce palais
désert où vous n’entrez que par hasard, et dont vous sortez bien
vite, parce qu’il retentit de vos pas solitaires. Lorsqu’on
prononce devant vous le mot d’ordre, vous savez tout de suite
ce que c’est, vous vous représentez un contrôleur, un policier,
une file de gens auxquels le règlement impose de se tenir bien
sagement les uns derrière les autres, en attendant que le même
règlement les entasse pêle-mêle cinq minutes plus tard dans un
restaurant à la cuisine assassine, dans un vieil autobus sans vitres
ou dans un wagon sale et puant. Si vous êtes sincère, vous avouerez
peut-être même que le mot de liberté vous suggère
vaguement l’idée du désordre – la cohue, la bagarre, les prix
montant d’heure en heure chez l’épicier, le boucher, le
cultivateur stockant son maïs, les tonnes de poissons jetées à la
mer pour maintenir les prix. Ou peut-être ne vous suggérerait-il
rien du tout, qu’un vide à remplir – comme celui, par exemple,
de l’espace… Tel est le résultat de la propagande incessante
faite depuis tant d’années par tout ce qui dans le monde se trouve
intéressé à la formation en série d’une humanité docile, de
plus en plus docile, à mesure que l’organisation économique, les
concurrences et les guerres exigent une réglementation plus
minutieuse. Ce que vos ancêtres appelaient des libertés, vous
l’appelez déjà des désordres, des fantaisies. « Pas de
fantaisies ! disent les gens d’affaires et les fonctionnaires
également soucieux d’aller vite, le règlement est le règlement,
nous n’avons pas de temps à perdre pour des originaux qui
prétendent ne pas faire comme tout le monde… » Cela va vite, en
effet, cher lecteur, cela va très vite. J’ai vécu à une époque
où la formalité du passeport semblait abolie à jamais. N’importe
quel honnête homme, pour se rendre d’Europe en Amérique, n’avait
que la peine d’aller payer son passage à la Compagnie
transatlantique. Il pouvait faire le tour du monde avec une simple
carte de visite dans son portefeuille. Les philosophes du XVIIIe
siècle protestaient avec indignation contre l’impôt sur le sel –
la gabelle – qui leur paraissait immoral, le sel étant un don de
la Nature au genre humain. Il y a vingt ans, le petit bourgeois
français refusait de laisser prendre ses empreintes digitales,
formalité jusqu’alors réservée aux forçats. Oh ! oui, je sais,
vous vous dites que ce sont là des bagatelles. Mais en protestant
contre ces bagatelles le petit bourgeois engageait sans le savoir un
héritage immense, toute une civilisation dont l’évanouissement
progressif a passé presque inaperçu, parce que l’État Moderne,
le Moloch Technique, en posant solidement les bases de sa future
tyrannie, restait fidèle à l’ancien vocabulaire libéral,
couvrait ou justifiait du vocabulaire libéral ses innombrables
usurpations. Au petit bourgeois français refusant de laisser prendre
ses empreintes digitales, l’intellectuel de profession, le parasite
intellectuel, toujours complice du pouvoir, même quand il paraît le
combattre, ripostait avec dédain que ce préjugé contre la Science
risquait de mettre obstacle à une admirable réforme des méthodes
d’identification, qu’on ne pouvait sacrifier le Progrès à la
crainte ridicule de se salir les doigts. Erreur profonde ! Ce n’était
pas ses doigts que le petit bourgeois français, l’immortel La
Brige de Courteline, craignait de salir, c’était sa dignité,
c’était son âme. Oh ! peut-être ne s’en doutait-il pas, ou ne
s’en doutait-il qu’à demi, peut-être sa révolte était-elle
beaucoup moins celle de la prévoyance que celle de l’instinct.
N’importe ! On avait beau lui dire : « Que risquez-vous ? Que vous
importe d’être instantanément reconnu, grâce au moyen le plus
simple et le plus infaillible ? Le criminel seul trouve avantage à
se cacher… » Il reconnaissait bien que le raisonnement n’était
pas sans valeur, mais il ne se sentait pas convaincu. En ce temps-là,
le procédé de M. Bertillon n’était en effet redoutable qu’au
criminel, et il en est de même encore maintenant. C’est le mot de
criminel dont le sens s’est prodigieusement élargi, jusqu’à
désigner tout citoyen peu favorable au Régime, au Système, au
Parti, ou à l’homme qui les incarne. Le petit bourgeois français
n’avait certainement pas assez d’imagination pour se représenter
un monde comme le nôtre si différent du sien, un monde où à
chaque carrefour la Police d’État guetterait les suspects,
filtrerait les passants, ferait du moindre portier d’hôtel,
responsable de ses fiches, son auxiliaire bénévole et public. Mais
tout en se félicitant de voir la Justice tirer parti, contre les
récidivistes, de la nouvelle méthode, il pressentait qu’une arme
si perfectionnée, aux mains de l’État, ne resterait pas longtemps
inoffensive pour les simples citoyens. C’était sa dignité qu’il
croyait seulement défendre, et il défendait avec elle nos sécurités
et nos vies. Depuis vingt ans, combien de millions d’hommes, en
Russie, en Italie, en Allemagne, en Espagne, ont été ainsi, grâce
aux empreintes digitales, mis dans l’impossibilité non pas
seulement de nuire aux Tyrans, mais de s’en cacher ou de les fuir ?
Et ce système ingénieux a encore détruit quelque chose de plus
précieux que des millions de vies humaines. L’idée qu’un
citoyen, qui n’a jamais eu affaire à la Justice de son pays,
devrait rester parfaitement libre de dissimuler son identité à qui
il lui plaît, pour des motifs dont il est seul juge, ou simplement
pour son plaisir, que toute indiscrétion d’un policier sur ce
chapitre ne saurait être tolérée sans les raisons les plus graves,
cette idée ne vient plus à l’esprit de personne. Le jour n’est
pas loin peut-être où il nous semblera aussi naturel de laisser
notre clef dans la serrure, afin que la police puisse entrer chez
nous nuit et jour, que d’ouvrir notre portefeuille à toute
réquisition. Et lorsque l’État jugera plus pratique, afin
d’épargner le temps de ses innombrables contrôleurs, de nous
imposer une marque extérieure, pourquoi hésiterions-nous à nous
laisser marquer au fer, à la joue ou à la fesse, comme le bétail ?
L’épuration des Mal-Pensants, si chère aux régimes totalitaires,
en serait grandement facilitée."
Sur un sujet proche, mes vidéos sur la dématérialisation :