Il
est courant de définir les menaces hybrides à travers les menaces
CBRN (chimiques, biologiques, radiologiques et nucléaires), ceci
entrant en effet dans une définition militaire des menaces, c’est
certainement la raison pour laquelle nous évoquons le concept de
« guerre hybride ».
Cette
façon de poser la question des menaces hybrides ne sépare pas les
menaces contre la société et les menaces contre l’Etat, ces deux
entités sont souvent réunies en une entité commune, définissant
par ce biais les menaces CBRN venant toujours de l’extérieur par
des forces étatiques ou non-étatiques.
Cette
réalité n’englobe pas l’ensemble de la réalité.
Comme
nous pouvons le constater ceci nous ramène constamment à une
lecture militaire des menaces hybrides alors que les menaces qui
pèsent sur la société sont plus larges que les CBRN, elles peuvent
être d’ordre économique, sociale, médiatique… et demandent pour
ce fait que nous comprenions et intégrons que l’Etat n’est pas
la société et inversement.
Quand
nous les séparons et quittons l’unique analyse militaire des
menaces hybrides, nous pouvons alors les définir comme « tout
ce qui menace la stabilité d’une société ».
Facile alors
de reconnaitre, qu’elles peuvent provenir en effet de l’extérieur,
être des CBRN, mais qu’elles peuvent aussi venir de l’intérieur,
être d’un autre Etat, d’une organisation quelconque, voire de
son propre Etat. Nous pourrions aussi dire qu'elles peuvent être volontaires ou non-volontaires, conséquences de choix industriels, économiques, par exemple; ouvrant ainsi de vraies possibilités d'analyse.
Et
c’est certainement ici, en élargissant la définition à son
maximum, que la définition de menace peut prendre tout son sens et
nous permettre de comprendre qu’une « menace » peut
être multiforme y compris dans son origine.
Le
champ des possibles devient par-là immense et nous permet ainsi de
donner du sens au terme de « menaces hybrides », là où
celui de « guerre » nous restreignait à la seule sphère
militaire.
Il
sera donc possible de discuter dans une analyse de l’ensemble des
critères, y compris dans les positions de nos propres Etats et
institutions internationales, et demandera d’y incorporer une
« dimension économique » et une « d’étude
politique », car l’information n’a de fiabilité que dans
la capacité que nous avons de la comparer et la croiser avec
d’autres.
Les
fausses informations, les propagandes, les manipulations peuvent
venir de partout, y compris de médias qui ont pignon sur rue.
Qu’est-ce
qui pousse à diffuser telle ou telle information ? Comment
circule les réseaux d’information ? Sont autant
d’interrogations qui interrogent toute personne qui réfléchit sur
les menaces hybrides, dans un domaine certes larges à première vue,
mais où le croisement des données, réduit très vite les
explications.
Ces menaces vont devenir de plus en plus pressentes dans la mesure aussi où nous vivons la fin d'une époque, donc de mutations et de changements importants.