mardi 1 août 2023

Étude de la preuve, argumentation et justification – une spécialité qui mériterait toute notre attention

Naturellement, il est courant de rattacher « l'étude de la preuve » au droit alors même que toutes les disciplines y sont confrontées, et c'est d'ailleurs sur elle, vérifiable ou construite, que l'on bâtit souvent son argumentation et son discours. 
 
Il y a d'ailleurs eu un mouvement en sciences pour remettre la preuve au cœur de l'analyse scientifique, preuves, qui a de nombreuses reprises, viennent contredire la pensée couramment admise. 
 
Souvent, comme des poussières, on aime mettre la preuve sous le tapis, mais elle est là et devient de plus en plus évidente, jusqu'à s'imposer.

En droit, elle demande de trouver des éléments qui alimentent notre défense, qui prouve que ce que nous disons est la « vérité ». Il y a avec l'étude de la preuve une nécessaire recherche de la vérité, ou plus exactement d'une « vérité présentable », ce qu'on appelle aussi la "vraisemblance".

Cette dernière notion beaucoup plus discutable note qu'une preuve, même matérielle, même placée devant nos yeux, est dès fois insuffisante car elle vient contredire des statuts juridiques, des coutumes, des habitudes de pensée, que sais-je, et pourra donc être réinterprétée.

Quelle est la place de l'interprétation dans l'exploitation d'une preuve ? Ne dit-on pas qu'il n'y a pas pire aveugle que celui qui ne veut pas voir ? Apprendre l'étude de la preuve n'a rien d'intuitif, elle demande une attitude, un savoir, des compétences pour traiter ou aller chercher ces documents (tant matériel qu'immatériel) qui vont développé notre discours ; et puis surtout connaître l'objectif, que souhaitons-nous faire de la preuve car, la question reste bien actuelle, toute vérité est-elle bonne à dire ?

De l'argumentation

Brièvement, comme nous venons de le voir ci-dessus, l'argumentation se construit avec la découverte des preuves, et pas l'inverse. Il est très fréquent de voir des discours existants qui cherchent des argumentations pour justifier leur existence, qui « torde le coup » à la réalité. 

Nous devons dans cet ordre d'idée nous méfier forcément de l'argument d'autorité, du document officiel qui de son officialité tire sa véracité, de la parole d'un supérieur, d'une autorité reconnue. Il est important de savoir que toutes les sources doivent pouvoir être recoupées, vérifiées et rentrer dans le jeu du contradictoire, c'est pourquoi, l'argumentation dans l'étude de la preuve peut vite se révéler un piège si nous n'apprenons pas à remettre les éléments en ordre et surtout ne porter aucun jugement.

De la justification

C'est pour justifier notre discours, notre stratégie, notre démarche que nous cherchons des preuves. Souvent, d'ailleurs, ces preuves ne sont pas vues comme telles, et quand nous les accumulons nous pensons forcément avoir raison, sauf que la preuve peut avoir plusieurs natures, et suivant les contextes, la nature, la procédure, elles ne se valent pas toutes de la même façon. 

Certaines justifications, mêmes insignifiantes, concernant la procédure peuvent se révéler déterminantes. Mais, la justification, même exagérée, même grossière, est un passage presque obligatoire, elle est en règle générale la base de mon action, ma raison d'agir.

De la documentation

La recherche de la documentation est primordiale dans la mesure où nous sommes dans une société de l'écrit, et d'ailleurs même les procédures orales ont tendance à devenir écrites. L’ascendance des logiciels et de l'informatique y aide beaucoup. Cette mutation a profondément changé notre rapport au document, même un témoignage doit être retranscrit à l'écrit, c'est vrai en droit, mais aussi en sciences sociales. Cette mise à l'écrit est comme son marquage dans le temps, son témoignage et donc sa véracité. 

La recherche documentaire n'a jamais été chose aisée et elle est très énergivore, elle peut aussi demander un certain nombre d'autorisation. Tout n'est donc pas permis. 

Il y a le culte du document secret et que personne n'a lu, et dès fois que personne ne lira jamais. Cette recherche demande beaucoup d'organisation et de précision, savoir aussi être curieux.

De la logique

Dernier point que j'aborderai ici sur mon blog de façon succincte est celui de la logique car il est le plus « traître », il faut s'en méfier. Tout peut paraître « vrai », « allant de soi », « le discours s'agence bien », « l'argument tient la route », « c'est officiel » ou « dès fois cela remet en cause de façon éclairante la version officielle ».....or tout est faux. 

La logique est un des aspects de « l'étude de la preuve » le plus compliqué à gérer. J'en arrive même à me dire aujourd'hui que seule l'expérience arrive à l’éclaircir. 

Je sais « l'expérience », ce n'est pas très rationnel, mais c'est à force de recherches, de lectures, de confrontations d'arguments, de remises en cause qu'un moment nous sommes capables de dire que cette « logique », pourtant « très logique », n'a que très peu de chance de « prospérer », qu'il y a « plus de verbiage que de logique ». Oui, de « verbiage », vous remarquerait que souvent les logiques qui n'en sont pas ont une tendance à produire du « verbe », c'est-à-dire de la « parole », « des exemples simplistes » … et ça a tous les niveaux.

Pour Conclure

Voilà, en quelques mots si je voulais présenter la spécialité de « l'étude de la preuve », elle est autant une activité de recherche suivant les sujets et les thématiques, qu'une activité d'éclaircissement, de classification et de comparaison. Elle ne nous est pas innée, elle s'apprend et se pratique. 

 

 

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