mardi 12 septembre 2023

Une mobilité en berne, est-ce si grave ?

Depuis au moins les années 90, la mobilité sociale de la France est plus ou moins égale à zéro.Dit comme cela, on ne comprend pas bien ce que cette affirmation implique. En d'autres termes, cette affirmation signifie que la chance que vos enfants changent de catégories sociales en progression vers une meilleur situation que vous est presque impossible.

Nous pouvons même dire que dans le meilleur des cas, ils resteront à votre niveau, mais de façon de plus en plus courante ils régresseront qu'ils fassent des études ou qu'ils n'en fassent pas. C'est d'ailleurs ce qui est notable, l'impacte de l'école dans la mobilité sociale actuellement en France est elle aussi en berne, nous pourrions même dire l'inverse, elle participe au blocage.

Bien, mais dans la réalité nous notons néanmoins de petits mouvements sur plusieurs générations, car s'il est vrai que nous avons quasi aucune chance de dépasser le niveau social de nos parents, il existe un phénomène générationnel.

Par exemple, le grand-père ouvrier qui avait commencé à faire des études, le père qui avait passé les concours sans conviction ou sans réussite, et le fils qui va les réussir. La mobilité sociale aura mis ici trois générations, donc nous pouvons parler de frémissement social.

Et puis, les métiers ont profondément changé depuis les fortes délocalisations d'usines. Il faut donc aujourd'hui encore redessiner les contours sociaux. Mais, rien y fait. Rien ne bouge plus.

Je peux donner cet exemple d'un fils d'ouvrier en bâtiment qui fonda une entreprise dont le potentiel économique aurait pu être intéressant, mais qui ne la développera jamais en PME et va demeurer au niveau artisanal.

Nous pourrions dire que finalement ce n'est pas si mal la « reproduction sociale », même si elle a une tare de taille, c'est ce que nous appelons « l'endogamie sociale », ce sont les catégories ou groupes qui se reproduisent entre eux sans rien faire venir de nouveau de l'extérieur.

La plupart d'entre vous avait abordé le sujet à l'école lorsque qu'on vous a parlé de la « noblesse » lors de la Révolution Français. Là, c'est à peu de chose près la même chose, mais pour l'ensemble de la société.

C'est un monde qui ne se mélange plus, qui n'échange plus, qui ne se parle plus, qui est en panne et dont la première conséquence est la « pénurie » dans le personnel.

Ceci se voit bien dans le milieu enseignant, malgré le manque de personnel, ils sont incapables d'intégrer d'autres profils diplômés issus de d'autres catégories sociales ou de d'autres cultures. Cette fermeture est patente et se concentre autour de la question des concours devenue le symbole de l'immobilité sociale.

Nous comprenons bien que c'est l'architecture dans son ensemble qui se fige et qu'il faudra bien plus qu'une réforme sur l’orientation ou l'école pour sortir de cette immobilité.