lundi 24 août 2020

Penser l'alternative d'une démocratie en otage

L’idée d’une alternative politique grandit quand les régimes en places confisquent les pouvoirs et les retournent, dans une multitude de mesures oppressives, contre ceux-là mêmes qu’ils étaient censés servir.

[...] Lorsque le choix démocratique s’arrête aux seuls candidats qui auront la capacité de se présenter, il suffit de contrôler cette capacité et ce choix pour contrôler la démocratie.

[…] Il faut avouer qu’[en France], nous vivons sur une illusion, celle de l’élection présidentielle qui serait, à en croire les théoriciens institutionnels, une discussion entre un homme (ou une femme) et son peuple, et que cette personne élue serait au-dessus des partis politiques. Cette idée, peut-être réelle (et encore, pas totalement) pour le Général de Gaulle, se révèle être inadéquate pour ces successeurs qui tous sans exceptions représentent bien le candidat d’une formation politique. Le système des primaires de droite et de gauche a d’ailleurs validé cet état de fait qui était déjà existant dans le passé. Nous pouvons aussi nous rappeler comment la majorité à l’assemblée nationale, lors des cohabitations, imposait la provenance du premier ministre. Le Président était bien d’un clan et le chef du gouvernement d’un autre puisque si l’idée d’un Président au-dessus des partis avait été réelle, l’expression même de « cohabitation » devenait vide de sens. En effet, comment pouvons-nous être en cohabitation si nous sommes au-dessus de tous les clans politiques ?

Tout ceci signifie que les partis politiques ont toujours occupés une place primordiale dans l’organisation de notre République et d’autant plus avec l'idée d’un Président au-dessus de partis car, la pratique nous a démontré que c’était faux.

Cette illusion n’est en rien un détail car, depuis l’adoption du quinquennat nous avons aligné le temps présidentiel et le temps législatif. En terme simple, quand nous élisons le Président, issu d’un clan politique, si ce clan obtient dans la foulée, ce qui est souvent le cas, la majorité à l’Assemblée Nationale, nous avons les mêmes élus durant 5 ans sans aucune possibilité pour les citoyens de les juger, les évaluer et approuver par le vote dit démocratique. En termes simples, ils ont, étant du même clan, carte blanche pendant 5 années, … et ceci peut être très long.

Ne reste plus alors à notre bon peuple que l’expression de la rue puisqu’on ne les appellera plus aux urnes, au moins durant 5 ans. Vous voyez comment rien que dans ce simple mécanisme, sans parler du fonctionnement de nos institutions, la démocratie a été confisquée d’autant plus que le choix des candidats et des clans sont à fortiori très restreints et très contrôlés, si ce n’est par la question financière ou les signatures des grands élus dans le cas présidentiel qu’un candidat doit obtenir.

Dans ces conditions, soyons assez clair, la démocratie n’a à peu près aucune chance de s’exprimer et reste l’otage des bourreaux et des bouffons. […]

[Car], la démocratie, c’est en effet élire ses dirigeants, certes, ce devrait être aussi le choix des candidats, mais surtout ce devrait surtout être le contrôle des administrations par les citoyens. […]

Tout ceci signifie que s’il est vrai qu’il est important que les citoyens puissent par l’intermédiaire de référendum d’initiative populaire décider de porter à débat et au vote des projets de loi, il est encore plus important qu’ils puissent dans un fonctionnement normal de nos institutions avoir un droit de regard et de participation à la décision quotidienne car, c’est ici dans le tous les jours que la démocratie s’applique et se vit.

Cette idée demande une mutation complète de nos administrations et de ses règles, qui vont devoir être simplifiés pour certaines et supprimer pour d’autres, mais cette idée demande aussi que l’administration accepte qu’elle n’est pas toute puissante et que le pouvoir en démocratie se partage.

Cette idée nous amène ainsi vers un principe, qui est pour moi l’expression du véritable quatrième pouvoir, à côté des trois traditionnels, le législatif, l’exécutif et le judiciaire, celui attribué aux citoyens, en lien direct avec le chef de l’Etat, celui de la régulation.

Le pouvoir de régulation est ce pouvoir qui permet aux trois autres de s’organiser, communiquer et s’articuler sans jamais se confondre, il a une place centrale en démocratie car, c’est lui qui la détermine comme étant un régime démocratique puisqu’il vise à l’implication des citoyens dans l’organisation de leur propre société. 

[...]