dimanche 31 juillet 2022

Post-modernité : Vers l'âge de la régulation ?

Bien des textes anciens prévoyaient déjà ce qui allaient nous arriver, mais ces textes anciens souvent oubliés, peu lus et certainement inconnus des commentateurs quotidiens et des décideurs devraient pourtant nous donner à réfléchir et notamment sur la question des ressources naturelles qui appellent forcément dans un avenir très proche à une démocratisation et une localisation de nos sociétés.

Il y a quelques années encore alors que j'écrivais mon doctorat de droit, j'étais tombé sur cette analyse du Doyen Léon Duguit sur le fait que la « décentralisation proprement dite est inconciliable avec la personnalité souveraine et indivisible de l’État », il ajoutait aussi en parallèle « comment la théorie moderne de la souveraineté n’est au fond qu’une création de l’Ancien Régime ... ». Il donnait aussi cet exemple pour bien nous faire comprendre comment un élu local n'est pas forcément un représentant de la localité, en effet lorsqu'un maire qui exerce ses pouvoirs de police dans sa commune « ne peut pas être considéré comme appartenant à la commune, et que le maire qui l’exerce est un instrument de l’autorité centrale et non point un agent décentralisé organe du groupe communal ». Léon Duguit connaissait les risques de la naissance d'un État sur-dominant d'où cette recommandation « que le développement de la décentralisation par service est la condition indispensable pour que le nombre de services publics puisse s’accroître sans que la puissance de l’État devienne excessive et absorbe les initiatives individuelles ».

Je souhaitais rappeler rapidement ces quelques réflexions de Duguit car elles font échos à notre époque qui entre dans les premiers temps de la post-modernité, c'est-à-dire ce qui arrive après l'idée centrale de la modernité et la progression technique perpétuelle et illimitée de notre société. D'ailleurs cette vision évolutionniste, devrions-nous dire cette mythologie, construisait non seulement notre regard de l'avenir matérialiste que notre vue de l'histoire, y compris celle, très approximative, que nous enseignons à l'école, d'une sorte de progression du primaire vers le mieux. Ce que nous apprend donc Duguit est que pour avoir une société de services (publics) il deviendra impératif que la souveraineté de l’État diminue et donc indirectement quitter cette vision progressive pour une vision plus territoriale et locale.

Dans le cadre d'un progressisme moderniste, cette idée pourrait paraître abscons, mais dans le cadre d'une post-modernité, elle prend du sens et notamment dans cette urgence qui se présente à nous, celle de la gestion des ressources naturelles et la lutte contre les pollutions.

Car, nous devrions rappeler que les deux secteurs les plus polluants et énergivores sans concurrence aucune sont l'administration et les transports. Serait-il temps alors de nous demander quels sont les objectifs de ces deux secteurs d'activités ?

Puisqu'aujourd'hui, lorsqu'on nous parle de l'économie d'énergie qu'entendons-nous : qu'il faut couper l'eau de la douche quand nous nous savonnons, éteindre les lumières lorsqu'on part de chez nous, descendre le chauffage de 20° à 19°, voire 18°, fermer la porte quand on met la climatisation (une loi est même proposée sur ce sujet)....ces affirmations sont-elles à la hauteurs des enjeux ? Quand en parallèle les routes du Tour de France sont arrosées pour les refroidir et permettre aux cyclistes de passer, que les pelouses des golfs sont arrosées ou que nos dirigeants voyages en jet privé sans mutualiser les déplacements ?

Qui a entendu parlé d'un grand plan de réduction énergétique qui toucherait réellement les deux grands secteurs que sont l'administration et les transports ?

Qui a entendu parlé d'une réforme qui viserait la simplification absolue ou la suppression de démarches administratives ou d'administration ? 

Au contraire, ce secteur ne fait que s’alourdir, plus il est dématérialisé, plus il croisse. 

Qui a entendu parlé d'une réduction du mille feuille administratif ? 

D'une reforme de la division des territoires ? 

Une réductions des commissions et instances administratives ? 

Qui a entendu parlé d'un grand plan transport ? 

La gratuité des transports collectifs ? 

Une vraie offre de transports collectifs ? 

Des transports partagés ? 

La remise en fonction des trains locaux ? 

Des trams départementaux ? 

Du développement d'une économie locale pour que chacun puisse avoir près de chez lui les biens les plus élémentaires ? 

Est-il encore concevable de devoir prendre sa voiture pour acheter une baguette de pain, et pourtant dans certaines villes ou campagnes s'est une nécessité ? 

Avez-vous entendu parlé d'un plan pour le rapprochement entre le domicile et le lieu de travail ? Ou sur les déplacements professionnels ? 

Tout le monde veut lutter contre la voiture en ville alors que lorsque vous postulez à un emploi la première chose que l'on vous demande c'est de savoir si vous avez le permis de conduire ?

Nous voyons bien que la modernité se termine, contradictoire elle ne répond plus au aspirations de nos sociétés, qu'il est temps de passer à autre chose et surtout de nous en donner les moyens.

Cette âge que l'on appelle post-modernité est pour moi celui de la régulation : régulations de nos ressources naturelles, de notre Terre, de nos sociétés et nos décisions collectives. 

L'âge de la régulation commence aujourd'hui, et elle appelle forcément comme le présentait Duguit à la limitation du pouvoir vertical de l’État et à la naissance d'un localisme territorial.

Voir sur le même sujet 

   


jeudi 7 juillet 2022

Le Cuivre : Va-t-on vers une nouvel âge du cuivre ?

Voilà une matière dont nous parlons peu et pourtant qui est au centre de nos existences depuis plus de 2500 ans et les débuts de l'âge du Bronze. Son utilité a petit à petit évolué car d'un très bon conducteur de chaleur et un très bon alliage, il se révèle aussi un très bon conducteur électrique à un point tel qu'il est très difficilement substituable.

Cette question est d'ailleurs au cœur de notre société actuellement puisqu'avec la « transition énergétique » qui se traduit d'ailleurs par une électrification progressive de notre quotidien et le développement des technologies de l'information et des télécommunications la demande de cuivre explose.

Des milliers de tonnes nécessaires au début du XIXe, nous allons devoir produire dans les environs de 30 millions de tonnes par an pour répondre à la demande mondiale. Il faut dire que la transition est gourmande en matière première. Une voiture électrique contient 4 fois plus de cuivre qu'une voiture à hydrocarbure, et l'impact environnementale de la naissance du véhicule à sa destruction ne serait pas aussi significatif qu'il a été affirmé.

Tout cela fait que le marché du cuivre est tendu et une différence demande/offre n'est pas à exclure. Sans compter, que l'exploitation minière pour avoir ces minerais est fortement consommatrice d'eau et a un impact certain sur l'environnement et la planète. Certains mettent en avant un bon taux de recyclage du cuivre qui couvrirait environ 30 % de la demande mondiale.

Alors, nous posons la question, va-t-on vers un nouvel âge d'or du cuivre ? Une société qui se définit par les métaux qu'elle utilise. Mais, surtout en avons-nous la capacité ? Un monde tout électrique et virtuel est-il possible ? Est-il soutenable ? La dématérialisation montre une plus grande dépendance à la matière que les sociétés dites matérielle ?

Nous sommes pieds et poings liés à la technologie, à l'information, à la communication qui participent à l'ensemble d'actes quotidiens comme simplement aller acheter du pain.... mais ce modèle est-il véritablement écologique ?

La question de sa soutenabilité est donc plus que jamais d'actualité comme elle est posée dans le cadre de La Maison des Ressources Naturelles et des Savoirs Locaux.

 

mercredi 6 juillet 2022

Dessiner par envie et non plus par ennui

Voilà un sujet que j'aborde peu sur mon blog et pourtant un onglet lui est consacré : le dessin. Je dessine tous les jours, de 10 minutes à 10 heures sans interruption, tout dépend des jours et de ma motivation.

J'ai repris le dessin en 2011 et la peinture en 2013 pour mes enfants, pour leur passer quelque chose de moi d'où ma signature de Pierre-et-Julien.

Et puis, j'ai beaucoup dessiné la nuit pour couvrir mes insomnies, le jour pour meubler ma journée et l'ennui qui pouvait m'envahir.

Jusqu'au jour où tout c'est arrêté, je n'ai plus eu goût au dessin, j'ai refusé cette spirale de l'ennui, du vide à combler, de dessiner faute de faire autre chose, de dessiner par dépit. J'ai donc posé les crayons, les feutres et les peintures durant des mois, plus rien, plus un dessin.

Quand un jour, j'ai repris une feuille, un crayon de papier et j'ai fait un dessin, non plus pour combler l'ennui, non plus pour plaire à telle ou telle personne, pour être aimé, admiré, mais simplement parce que j'avais envie de le faire, envie de tracer des lignes, de donner naissance à des expressions et une situation, créer parce que j'en avais envie.

Aujourd'hui, bien des détails ont changé, le mouvement appelle à ne garder que l'essentiel de ce que nous souhaitons, nous concentrer sur cet essentiel car le temps file très vite, et comprendre que cette envie nous appartient.



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