Dans le passé, j’avais écrit beaucoup de textes sur Internet dans mon premier blog « naturéconomie » que j’ai perdu, j’ai donc décidé de réunir ce de ce blog-ci « Xavier Pérez Officiel », l’ouvrage est voué à prendre du volume avec le temps... ou alors d’en faire un second volume. Merci à tous ceux qui me suivent dans mes réflexions...
En
2002, alors que j'étais en année d'étude approfondie au Muséum
National d'Histoire Naturelle à Paris, à la section du Musée de
l'Homme, département de l'arctique, j'ai développé une théorie
autour du jeu et de l'économie de marché, je m'étais alors demandé
pourquoi nos sociétés s'étaient autant rigidifiées dans leur
structure sociale, dans une forme de pouvoir vertical, présentée sans
alternative. C'est bien l'étude des autres cultures qui m'ont permis
de poser une thèse générale.
J'affirmais alors que la grande
distinction entre la société occidentale dite « moderne »
et les sociétés dites « traditionnelles » dans leur
plus grande diversité était que notre société ne distingue pas la
structure du jeu et celle de la vie quotidienne. Je l'ai traduit dans
l'expression de la « société de jeu » pour caractériser
un monde où tout est jeu ou conçu comme tel, y compris dans notre
appréhension de l'existence .
Nous pouvons retrouver cette idée
lorsque nous parlons de « l'économie casino » pour
évoquer les marchés financiers. La société de jeu est d'ailleurs
une société où tout correspond au jeu l'économie, les relations
sociales, mais aussi l'élaboration des théories scientifiques
explicatives.
L'autre schéma serait les « société du jeu »,
c'est-à-dire des cultures qui distinguent l'univers du jeu de celui
du quotidien.
La "société du jeu" ne se confond pas avec le
quotidien. Cette étude m'avait notamment permis de comprendre des
mécanismes de transmission des savoirs et des cultures à travers
les jeux, et comment par ce « détour » nécessaire
l'unité du quotidien se raffermit.
Suite
à 2002 et mes péripéties professionnelles j'avais mit un peu en
retrait cette théorie, mais m'étais arrangé pour la faire imprimer
et la déposer en ligne comme nous le permet Internet (VOIR :La société de jeu, de la métaphore à la réalité).
Il est vrai
que nombreuses personnes me parlent encore de cette théorie qui peut
facilement se constater tous les jours et qui a des applications
très concrètes, notamment en éducation.
En
2022, 20 ans après, je viens de prendre connaissance de l'ouvrage de
David Graeber et David Wengrow, Au commencent était..., une nouvelle
histoire de l'humanité (publié en 2021) ; et m'a surprise fut
grande quand j'ai retrouvé trace, d'une façon un peu différente il
est vrai, de cette idée sur le « jeu ».
En effet, les
auteurs montrent comment notre société s'est rigidifié dans un
modèle unique de société verticale alors même que l'histoire de
l'humanité montre une grande imagination et souplesse des formes de
pouvoirs, y compris saisonnière. Ils en arrivent forcément à
étudier les jeux, fêtes, carnavals où le pouvoir est moqué et
porté en dérision, et notent donc ce mouvement pendulaire entre des
périodes de jeux très réglementés, ritualisés et le quotidien
bien plus souple et s'organisant même dans certaines régions
suivant les saisons. Ils arrivent à se demander : « Comment
la domination et l'asservissement en sont-ils venus à représenter à
nos yeux des éléments incontournables de la condition humaine,
plutôt que de simples expédients temporaires ou même les fastes de
quelques grandioses comédies saisonnières ? Si tout cela a
commencé comme un jeu, à quel moment avons-nous oublié que nous
étions en train de jouer ? » (p.152)
Cette
idée refait donc surface à un moment précis de notre histoire,
quand justement nous risquons de ne plus avoir de pièces pour
continuer à jouer. En effet, la question des ressources naturelles
et de l'énergie s'invitent à notre table comme je l'ai évoqué
depuis de nombreuses années, et beaucoup de nos concitoyens qui
jouaient le jeu de notre civilisation, risque bien de ne plus en
avoir les moyens et d'être privé de l'essentiel, et là on ne joue
plus, on ne peut plus jouer.
Lorsque
nous parlons des sociétés qui séparaient les moments des jeux et les moments du quotidien, nous évoquons surtout des civilisations qui avaient
des milliers d'année alors que lorsque nous parlons de la nôtre qui
s'est enfermée dans une structure de jeu, nous parlons au bas mot
d'une civilisation de 2 ou 300 ans, et nous sommes déjà en train de
jouer la fin de la partie.
C'est
en ce sens que la connaissance ethnologique est très vivante et nous
passe bien plus qu'une connaissance des sociétés autres ou
anciennes, mais bel et bien d'une forme de sagesse que nous avons
perdu.
L'ethnologie
pourrait sans difficulté s'interpréter comme le savoir de « mondes
retrouvés »
Voir aussi l'ethnologie dans l'interprétation de l'actualité: