mardi 12 octobre 2021

Le tirage au sort : une idée à double tranchant

 

A force de s’être écarté du peuple, les politiques à la recherche de suffrages, vont forcément chercher « à faire peuple » et « à faire sympa », passant en revue toutes les bonnes fausses idées tant que celles-ci nous donnent l’impression qu’ils cèdent le pouvoir au peuple. 

Il en va ainsi du « tirage au sort » que je soumets à cette réflexion simple sur nos institutions et leurs mutations afin que nous ne transformions pas un absolutisme en un autre absolutisme, mais que nous cherchions l’équilibre nécessaire à toute chose.  

La nature profonde des institutions de la Ve République basée sur une différence entre le temps présidentiel et le temps législatif, basée aussi sur une distinction entre un chef de gouvernement qui dirige l’administration et un Président qui devait garantir les institutions a faussé cette base dès le moment où avec le quinquennat, le temps présidentiel et le temps législatif ont été alignés et sont devenus identiques puisqu’il n’y a plus de différence, le chef du gouvernement devient de fait le Président, et il se pose alors la question de qui peut garantir ces mêmes institutions puisque le Président est devenu « juge et partie » ?

Nous avons donc par l’expérience même changé de régime en passant d’un pouvoir d’arbitrage à un pouvoir d’exécution directe. De fait, il n’est pas abusif de dire que nous sommes déjà en une VIe République dans le sens où la nature du régime a changé.

Cette observation est fondamentale car, nous ne parlons plus de la Ve République, mais d’une « VIe sans nom », et ceci est crucial puisqu’il est important de nommer ce que l’on souhaite changer.

Sinon, nous arrivons comme c’est le cas aujourd’hui, à des quantités d’idées de réformes, souvent bien attentionnées, mais qui posent des questions de fond importantes.

Par exemple, de nombreuses réformes évoquent l’instauration d’assemblées tirées au sort, ce qui en terme de démocratie et de symbole d’égalité peut apparaître comme le mieux, et dans l’absolu pourrait avoir ma préférence, à ceci près que de telles assemblées signifient que toute personne pourrait y être appelée autant celles qui le souhaitent que celles qui ne souhaitent pas. 

La question se pose alors de savoir que se passe-t-il si des personnes refusent d’y participer car, ils refuseraient au final le fondement même du régime dans lequel ils sont ? Que se passe-t-il si un grand nombre refuse ? Faudra-t-il les contraindre ? Les inciter ? Dans ce cas-là, peut-il exister une démocratie obligatoire ? Est-ce paradoxal ? Et dans le cas contraire, comment déciderons-nous de qui gère ce système ? 

Car, nous avons déjà l’expérience des cours d’assise, et le moins que l’on peut dire, demeure que l’encadrement et la personnalité du Président de la cours est primordial. Nous savons aussi que seule une excuse de santé ou d’urgence est recevable pour s’y soustraire. 

C’est pourquoi, nous allons voir, en nous posant, et en comprenant le profond changement qui travaille notre époque, que la représentation peut avoir des atouts si elle est accessible, encadrée et contrôlée, et si elle se complète autant que c’est possible de l’expression directe de tous, sorte de gestion partagée.

Le grand évènement qui frappe notre époque n’est pas politique, il est issu d’un long processus qui s’étend sur des centaines d’années. C’est le passage du temps la « modernité » au temps du « présent ». 

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