mardi 12 avril 2022

La guerre des générations n'aura pas lieu, il faut certainement regarder ailleurs...

Suite au premier tour de l’élection présidentielle française de 2022, une explication revenait souvent sur les réseaux sociaux, comme quoi ce serait les « boomers » qui seraient devenus la base de l'électorat du Président sortant. Pour appuyer cette théorie, une étude affirme que près de 40 % des votants avaient 65 ans et plus.

Sur Twitter, j'ai reçu un graphique qui détaille le vote par âge, et que ne fut pas ma surprise. D'abord, si 40 % des votants pour le président sortant ont plus de 65 ans, cela signifie aussi que 60 % des plus de 65 ans n'ont pas voté pour lui, soit une majorité d'entre eux, en suite, cela signifie aussi que l'électorat du président sortant n'est pas que boomers.

Je me suis intéressé aux autres tranches d'âge de ce document, et que voit-on ?

Chez les moins de 24 ans, il est arrivé en deuxième position, il est aussi en deuxième position chez les 35-49 ans, et enfin, chose plus surprenante à première vue, il est en deuxième position aussi chez les 50-64 ans avec 25 % alors même qu'il a déclaré qu'il allait prolonger le départ de l'âge de la retraite, et c'est la classe directement concernée par cette mesure.

Or, un tel graphique a l'inconvénient de mélanger toutes les catégories socio-professionnelles et de revenus.Il y a pourtant une grande différence entre un ouvrier de 60 ans et un cadre ou haut fonctionnaire du même âge. Si l'un ne se voit pas travailler plus longtemps, l'autre n'y voit peut-être pas tant inconvénient car, son centre d'intérêt n'est pas le même.

Lorsqu'on apprend que la grande majorité de l'électorat du président sortant gagne plus de 3000 euros par mois, les chiffres de l'âge commencent à être relativisés.

Les pourcentages que nous voyons, comme souvent en France, ont une réalité socio-économique, ils correspondent à la classe moyenne – moyenne supérieure, celle qui a un petit capital, fortement individualiste, dont une bonne partie adhère au libéralisme et à sa promesse de bonheur matériel, bonheur matériel qui devient une source de liberté en lieu et place de la liberté politique, celle qui est généralement pro-européenne, qui rêve de pouvoir passer dans la classe supérieure. Elle craint de sortir de l'euro car, elle croit qu'il garantirait son épargne, qui la protège, même si cette idée est plus de l'ordre de la croyance que de la vérité dans le sens où l'euro étant une monnaie internationale s'appliquant sur plusieurs pays au niveau économique très différent coûte très cher aux territoires où cette monnaie devrait être dévaluée, et la France fait partie de ces territoires.

Or, c'est certainement cela que nous apprend finalement ce graphique, derrière ce vote, quel qu'en soit la véracité, c'est un combat de classe, entre ceux qui voyant le bateau couler ont déjà pris les radeaux, et ceux qui s'accrochent au mat croyant le capitaine, que tant qu'ils gardent le même cap, l'inondation les épargnera.

C'est pour cette raison que la guerre des générations n'aura pas lieu car, c'est bien le portefeuille qui est en jeu dans cette histoire, et comme de plus en plus de personnes commencent à avoir les pieds dans l'eau, mais visiblement pas suffisamment, on attend que le bateau coule pour comprendre qu'être attaché au mat ne sert à rien.

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