Lorsque nous regardons l'actualité et que nous prenons un peu de hauteur, nous nous apercevons que le contrôle de notre quotidien par la technique et la technologie est autant le fait de structures supranationales que d'entités nationales, que cette avancée est irréversible et personne ne semble avoir les moyens d'y contre venir.
Pourtant, elle appelle directement à notre capacité de libre choix, du droit de vivre avec technologie ou du choix de vivre sans. Là se situe la liberté.
C'est pourquoi, j'ai mis en place une initiative sur mon blog de dessin https://pierreetjulien.blogspot.com pour vous proposer des histoires où le dessin est réalisé exclusivement à la main.
C'est par toutes ces petites initiatives d'auteurs, même de ceux qui ne sont pas édités que nous rétablirons l'idée simple de la liberté de choisir.
Contrairement à l’information
diffusée dans la presse grand publique et les velléités de certains de nos
dirigeants et personnels politiques de mettre en avant l’idée de la guerre et
des menaces d’attaques, nous observons plutôt depuis plusieurs décennies
comment nos États ayant eu pour modèle la caserne et l’armée, confrontés au
pacifisme, arrivent à un tournant de leur évolution et sont au pied du mur de
devoir en sortir et abandonner ce modèle. L’État - Caserne arrive à un moment
charnière de son existence qui annonce, contrairement aux désirs des
gouvernants, sa disparition. Nous entrons de façon irréversible dans un autre
mode D’État, comme l’avait certainement décrit Léon Duguit, il y a presque un
siècle maintenant, qui ne décidera plus de la vie et la mort de ses populations
en les envoyant sur des fronts de guerre, mais devra composé avec une paix
obligatoire. Nous nous expliquons.
L’argument de la guerre est
certainement le plus vieil argument pour justifier des levées fiscales.
Rappelez-vous, dans l’ancienne France, nos rois et nos seigneurs menaient des
guerres pour agrandir leur domaine, agréger des territoires et capter leurs
ressources. Ils menaient aussi des pillages pour financer les hommes en armes
et à cheval. Ce sera d’ailleurs pour entretenir des troupes permanentes que les
premiers impôts permanents seront institués. Oui, la guerre, ou même tout
simplement l’idée d’une menace ou d’un conflit, a toujours été un moyen commode
de justifier la création de taxe.
L'impôt et la recherche de fond se réalisent aussi par la levée d'hommes le moins onéreux possible, et c'est en ce sens par exemple que le Directoire (1795-1799) va créer par la loi Jourdan-Delbrel en 1798, une première forme d'obligation militaire. L'objectif n'est en rien le renforcement de l'idée de Nation, mais surtout la possibilité de lever des hommes pour la campagne d'Italie dont l'objectif était de capter les richesses pour combler le déficit budgétaire. Les résultats d'ailleurs sur ce plan seront très moyens. L'idée de lien armée / nation nait dans les années 70 pour contrecarrer le mouvement des objecteurs de consciences et les vagues pacifistes.
Ainsi, cette logique que nous décrivons pour
l’ancienne France alors que l’État prenait juste forme, ou la France post-révolutionnaire à la recherche d'une nouvelle légitimité , se vérifie aussi
dans des époques plus récentes et modernes. Ce sera l’histoire de l’impôt sur
le revenu.
Cet impôt fit débat tout au long du XIXe siècle. Il faudra attendre
l’arrivée du premier conflit mondial et la demande de financer l’effort de
guerre pour voir sa création en 1914. Dans cette conséquence, ce prélèvement
qui ne devait être que momentané va, comme il est souvent de coutume en matière
fiscale, perdurer dans le temps jusqu’à notre époque actuelle. Fort est donc à
parier, que les créations d’impôts, de taxes, les prélèvements qui seront créer
dans notre époque moderne pour couvrir un effort momentané d’armement perdurera
dans le temps, accentuant d’autant plus une fragilité budgétaire d’État
surendetté et de population pressurisée déjà à plus de 44% en moyenne de leur
revenu, le taux le plus élevé jamais atteint.
Le modèle de la caserne
s’imposa donc d’autant plus facilement en France que les deux principaux
fondateurs de nos Institutions sont deux militaires. Le premier est Napoléon 1er
qui est à l’origine de la plupart de nos Institutions (Préfectures, Conseil d’État, Cours des Comptes, Banque de France, instauration d’un Sénat, le code
civil charpente encore notre organisation juridique). Il a aussi du fait de sa
gestion réussi à imposer un centralisme absolu, rêve jamais atteint par aucun
roi. Son emprunte sur notre architecture, les arcs de triomphe, les ponts,
voies de circulation, l’organisation des garnisons est indéniable. L’impact de
Napoléon 1er sur notre société actuelle est encore considérable,
mais il est notable comment la parenthèse qu’il a ouverte tente aujourd’hui à
devoir se refermer quand nous observons la crise que vit la plupart des
Institutions qu’il a créées. Des Institutions qui cherchent aujourd’hui une
nouvelle base doctrinale.
Le second militaire qui a
influencé durablement nos Institutions est le Général de Gaulle, père de la Ve
République, qui est encore le régime en fonction actuellement. La gestion du
pouvoir exécutif y est fortement protégée et décisive. Ce régime connait
d’ailleurs au même moment que les Institutions napoléonienne une perte de
vitesse, une quête de sens et recherche une nouvelle base doctrinale. La crise
est si profonde qu’une partie de la classe politique commence à appeler au vote
d’une VIe République.
Mais, l’influence de l’armée
dans notre société ne s’arrête pas ici. Nous possédons dans notre Constitution
par exemple la possibilité de l’Etat de siège, c’est-à-dire le passage de
l’autorité politique à une autorité militaire. Nous possédons aussi la
possibilité de décréter la mobilisation générale, c’est-à-dire que l’Etat
mobilise l’ensemble des moyens humains et matériels de façon autoritaire.
Rappelez-vous durant la période de l’état d’urgence sanitaire, le conseil de
défense, organe militaire, était le point à partir duquel de nombreuses
décisions étaient prises sans rendre de compte à aucune Institution.
Nous pourrions d’ailleurs sans
difficulté faire un parallèle avec la société du bas-empire romain (environ 235
après J.C) où une forme de société de caste y régissait. Nous savons qu’en
France, la mobilité sociale est en berne, faisant que la société de classe se
bloque et prend des accents de société de caste tant sur la fixation et
l’hérédité des positions sociales que sur la hiérarchisation. Ce dernier élément
est également une valeur centrale dans l’organisation militaire. Ainsi, dans ce
bas empire romain, comme l’écrit Gilbert Hanard dans son Droit Romain, publié
en 1997 : « La fonction publique se hiérarchise sur le modèle de
l’armée, le reste de la société sur celui du fonctionnariat »[1]. Il y a donc comme un jeu
de domino où un modèle se duplique de façon continue.
Ce modèle de société basé sur
l’armée et la caserne aurait pu durer encore très longtemps, même s’il y eut
des critiques sur les institutions qui ont tenté de s’y écarter de façon toute
relative. On note par exemple la critique en 1940 de l’école accusée par le
régime de Vichy d’être à l’origine de la défaite (voir mon ouvrage sur le sujet
Appréhender l’inconnu). Mais, cette critique au regard de l’époque et de
l’origine demande à être fortement relativisée car, au contraire, l’école dans
ses techniques et méthodes conserve à bien des égards le modèle de la caserne,
critique d’ailleurs d’un nombre croissant de mouvements pédagogiques (depuis Freinet).
Ce modèle a du faire face à un changement majeure : l’entrée dans l’aire
nucléaire.
L’apparition de la bombe atomique,
et le fait d’en avoir doté la France, a changé profondément notre société. En
effet, les pays possédant la bombe, qui sont aussi les pays qui possèdent une
influence sur l’ensemble de la planète, sont aujourd’hui dans l’impossibilité
de se faire la guerre sans le risque d’un conflit thermonucléaire dévastateur,
non seulement pour les deux pays qui s’affronteraient, mais aussi pour
l’ensemble de la planète.
Il y a donc non seulement
l’impossibilité de se faire la guerre, mais par voie de conséquence aussi
l’obligation de se faire la paix. Ce deuxième aspect a été fortement négligé
par les analystes car c’est lui qui va modifier profondément notre société à la
faisant entrer dans un pacifisme obligatoire.
Là où avant les États
pouvaient avoir un droit de « vie et de mort » sur leur population,
notamment en les envoyant à la guerre, « se faire tuer pour la
patrie », ou dans un style plus péjoratif « être de la chair à
canon », expression qui se développe en évoquant les tranchés de 14-18, nous
avons un nouvel axiome qui s’amplifie dans l’idée que « tout le monde a le
droit de vivre ». Ce nouvel axe est véritablement nouveau puisque
traditionnellement dans l’histoire les États étaient peu soucieux d’envoyer à
la mort leurs populations. Regardez par exemple l’argument du président
américain pour justifier la nécessité de cesser la guerre en Ukraine : des
millions de jeunes meurent chaque jour. Cet argument est vraiment nouveau et
met bien en avant ce nouvel axiome du « tout le monde a le droit de
vivre », parce que si tout le monde a le droit de vivre » de quel droit,
aussi puissant que je sois, je condamnerai à mort des jeunes à mort en les
envoyant au front.
Petit à petit depuis les
casernes ont quitté notre espace urbain. Elles ont été désaffectées et vendues
pour en faire des logements, centres culturels ou commerces. Les deux exemples
à Bordeaux de la Caserne Niel et de Santé Naval sont à ce titre très parlant.
Le premier est devenu l’espace Darwin, un espace alternatif et culturel, et
l’autre essentiellement des logements. Les exemples pourraient sans aucun doute
se multiplier. Le résultat est que la caserne n’est plus un modèle de société
et l’armée d’organisation, le ministère de la défense n’est plus l’arche sacré,
un État dans l’État, il est devenu un ministère comme les autres avec une
mission très spécifique (voir mon texte Les armées, une autorité civile particulière).
Cet abandon du modèle
militaire se perçoit jusque dans les mouvements sociaux qui de plus en plus
veulent se structurer sans leader ou chef, rejetant d’ailleurs aussi souvent la
classe politique, dans la peur que l’on trahisse leur parole, se condamnant il
est vrai à ne pas incarner leurs revendications et d’être absent politiquement.
Cet absence permet notamment au pouvoir de développer son agenda de réformes
sans avoir à tenir compte des revendications de la population. Nous avons donc
des structures de pouvoir de plus en plus minoritaires, basées sur un modèle
d’autorité qui ne correspond plus aux aspirations des populations transformées
par un pacifisme obligatoire, et auquel personne ne peut déroger. De ce fait,
les populations poussent dans leur vote, leur expression, leur mouvement à une
transformation de l’État pour passer d’un État commandeur, gestionnaire de
l’intérêt général attaché à sa vision de la société à un État, coordinateur du
bien commun, « bien » qui appartient à tout le monde et dont chacun
peut défendre et revendiquer. L’État devrait aller vers une forme co-gestionnaire
des services publiques avec la population, perdant de fait son statut
d’autorité sans partage.
D’ailleurs, nous avons vu qu’État et fiscalité sont liés, il est presque certain que nous connaitrons
une réforme fiscale qui visera précisément le fait d’allouer plus directement
la fiscalité aux services publiques. Nous devrions connaitre une forte remise
en cause du principe d’universalité du budget.
Pour conclure, je crois
surtout que dans cette évolution les peuples ne cherchent plus la guerre, s’ils
ne l’ont même peut-être jamais cherchée, mais il recherche la paix,
c’est-à-dire un monde où tout le monde a le droit de vivre.
[1] G. Hanard,
Droit Romain, tome 1, notions de base – concept de droit, sujet de droit,
Facultés Universitaires, Saint-Louis, 1997.
Est-ce que le déficit est une réalité pour une population dont le pays a accès à l'emprunt?
Est-ce que lorsque nous évoquons le "déficit" cette notion leur parle ou a un sens pour eux?
Je n'en suis pas certain au regard des réactions, je ne suis en effet pas certain que lorsque nous disons que si la France n'emprunte pas sur les marchés elle ne peut pas boucler son budget, soit véritablement cru.
Beaucoup pense, et peut-être à juste titre, lorsque nous entendons les sommes vertigineuses des dépenses étatiques, qu'il y aurait de l'argent, et qu'il y en aurait même beaucoup.
Le sentiment qui ressort de cette appréhension et que derrière ces questions de budget, il y aurait un traquenard.
Pourtant, aussi difficile que cette réalité puisse paraître les comptes de l’État sont bel et bien au rouge. Nous empruntons bien l'équivalent de quatre mois de budget.
Face à cette réalité, la tentation est d'appliquer à la France un plan d’assainissement des finances publiques, et bien évidemment la "bête noire" des économistes reste et demeure les "dépenses sociales", sauf qu'en ce domaine, la part la plus importante des dépenses sociales ne dépend pas tant de l'imposition, mais des cotisations. Ces dépenses sont donc essentiellement du "salaire différé".
Dans le passé, les tentations ont été grandes de faire financer aux prestations sociales, les politiques de l’État en matière tant du travail que sociale.
Car, contrairement à ce qui est souvent évoqué, nous ne vivons pas la crise de 29, et donc il n'y a pas besoin d'un énième plan de relance puisque ce que nous vivons, est une crise de la surproduction.
En relançant la production sur un système qui produit déjà trop, nous ne faisons qu'aggraver la situation. Cette crise de la surproduction évoque surtout un monde qui mute, qui change en autre chose et dont nous serions inspirés d'accompagner son éclosion.
Mais, comment cette question peu prise au sérieux au moment où j'écris pourrait-elle réveiller une population largement endormie par le mouvement incessant des courtes vidéos qui défilent devant leurs yeux?
Tant que les salaires tombent, que la voiture roule, que l'alimentation est bien ranger sur les étagères des supermarchés, comment donner une réalité à cette idée de dette et la nécessité de muter nos économies en un quelque chose de moins vorace et de plus juste?
Nous aimons nous raconter notre société, notre économie, les règles qui organiseraient notre monde, nous les racontons et nous y croyons, car là peut-être se situe le plus important.
Lorsque d'ailleurs nous entendons ces histoires sur l'ordre de notre société, j'ai toujours été frappé par l'apollon de ceux qui les contaient.
A les entendre notre monde né de l'informe aurait pris au fil des siècles une forme de plus en plus complexe et abouti, la technique nous aiderait dans ce chemin, et bien évidemment à l'origine du monde, il y aurait le "troc", et nous devrions tous faire attention puisque la remise en cause de ces histoires et ces logiques nous feraient revenir en arrière.
Les hommes aiment se raconter des histoires de paix et de guerre, de disputes et de réconciliations, d'exploits avec ses héros d'un temps et puis déchus un autre temps.
Contrairement à ce que nous pensons la mythologie ne concerne pas que les peuples anciens, elle est très vivante chez nous aussi. Notre société abonde de mythologies et de récits en tout genre avoués ou même cachés, des sortes d’axiomes qui se révèlent dans nos actions et dans nos modes quotidiens.
Lorsque nous lisons la presse, ou que nous entendions les commentaires des journalistes posons-nous la question de ce qui relève d'un propos certain et de ce qui a pour origine une histoire fabuleuse ou terrifiante.
Alors vous me direz, est-ce que cela veut dire que tout dans notre monde serait histoire?
Sans forcément aller jusqu'à la célèbre affirmation de Caldéron sur le songe, il est remarquable que le récit ordonne notre monde et notre quotidien, et dire que tout dans notre monde serait histoire ne signifie pas que ces histoires n'ont pas de conséquences réelles et tragiques.
C'est d'ailleurs peut-être là l'essentiel, les histoires que nous nous racontons sont réelles, même quand elles sont fantastiques, mythiques, extraordinaires, elles sont réelles car elles transforment notre quotidien, elles influencent des décisions.
L'imaginaire est concret et réel lui aussi, le comprendre, le décoder, ne lui enlève pas sa réalité, et c'est d'ailleurs pourquoi, il est peine perdu de vouloir changer un mythe par la critique. Un mythe se remplace.
Seul un autre discours, une autre histoire ou un autre mythe remplace un mythe fondateur, nous le fera voir comme usagé et ancien.
Nous vivons une époque précisément où les récits fondateurs s'étiolent et se fissurent, ils nous laissent percevoir déjà les changement qui s'annoncent, les bonheurs et les regrets, et c'est certainement pourquoi ces histoires méritent que nous les racontons.
Lorsqu'on parle de droit, généralement, la plupart d'entre nous entendent une discipline qui serait neutre à un point tel que l'on s'en réfère comme si nous parlions de lois de la physique ou de la science biologique.
Nous entendons allègrement des commentaires du genre « en droit international » ou « dans le droit.... » comme si le droit détenait la « vérité » alors que nous devrions rappeler que le droit est avant tout une discipline conçue par les hommes et qu'à ce titre deux visions s'opposent entre ceux qui considèrent que nous pouvons créer des lois à notre bon désir (et il y en a un certain nombre) et ceux au contraire qui pensent que le droit est avant tout là pour acter l'évolution de la société.
Quoiqu'il en soit, le droit apporte une vision de la société et rien que pour ce fait, il ne peut pas être conçu comme un agent neutre, il nous donne des cases à penser et par ce fait organise jusqu'à notre façon de nous percevoir et nous organiser.
Ce phénomène est tellement ancré en nous que nous avons des difficultés à en être conscient. Mais, regardez, lorsqu'on divise le droit en « droit public » d'un côté et « droit privé » de l'autre, nous concevons le monde autour de ces notions. Pour faire simple, le droit public concerne l’État et tout ce qui tourne autour de lui, et le droit privé, c'est tout le reste, allant jusqu'à organiser notre administration juridique avec d'un côté des tribunaux pour l'administration et de l'autre côté des tribunaux généraux.
Une telle division place l’État au centre de notre société alors même que bien des situations ne relèvent pas de cette division entre « public » et « privé ».
Par exemple, nous attribuons la capacité à créer des actions « d'intérêt générales » à l'administration. Seule l'administration et l’État agiraient pour l'intérêt de tous. Cette idée est fortement ancré dans notre société, pourtant nous avons de plus en plus d'associations loi 1901, donc de droit privé, qui agissent pour la collectivité, pour le fonctionnement de celle-ci, pour la défense de celle-ci, pour l'entre-aide, le partage, voire même son développement. Elles agissent pour le « bien commun ». Ainsi, ces associations développent des actions dans l'espace de « l'intérêt général », mais ne seront jamais qualifiées comme telles. La raison est l'acceptation de la division entre « public » et « privé ».
L’État peut agir dans l'espace privé et pourtant sera toujours considéré comme une action publique.
Cette division arbitraire a modelé notre vision du monde et a ficelé notre capacité à l'action. Quand je reprends l'exemple des associations, alors que l’État a le droit à attribuer des salaires à des agents agissant pour « l'intérêt général », les associations ne peuvent pas rétribuer leurs dirigeants (Président, Trésorier...) dans la mesure où la non-lucrativité (c'est-à-dire sa capacité à agir pour tous) d'une association est déterminée par son « fonctionnement » et non par sa « nature ». Là aussi, cette division pose un certain nombre d'inégalités et d'injustices envers les personnes qui agissent, puisque certaines auront le droit d'être rétribuées alors que pas les autres pour une même action.
C'est pour quoi il serait intéressant d'affirmer l'unité du droit et de qualifier les événements du droit non en fonction d'une division arbitraire et fixe (public/privé), mais à partir d'une classification modulable qui va du « conjoncturel » au « structurel », jugeant ainsi les événements juridiques selon une série de critères, au moins cinq : l'espace, le temps, la situation, l'intention et l'intensité.
Forcément, dans une telle hypothèse l’État ne serait plus forcément le dépositaire de l'intérêt général, et l'association ne serait pas obligé d'avoir un Président bénévole pour justifier de sa non lucrativité. Redessinant le droit, nous redessinons de fait la société et nous ouvrons enfin de vraies possibilités à notre imaginaire de développer la société.
Pour les associations, nous pourrions imaginer d'ailleurs de caler leur rétribution sur la grille salariale de la fonction publique.
Enfin, terminons sur une pensée de Montesquieu quand il définissait le droit comme l'étude de « la nature des choses ». Car, cette démarche est précisément celle à laquelle j'invite, « étudier la nature des choses » qui en elles-mêmes nous parle de leur place et de l'équilibre de notre société qui appelle à intégrer tous les pôles de celle-ci et non de tourner autour de l’État à en avoir le tournis.
La rénovation du droit est essentielle pour faire face aux enjeux de notre temps qui appellent de valoriser chacun et chacune, et de permettre à tous d'émerger et vivre.
"Au milieu de la nuit, La Lumière" est la réunion de l'ensemble de mes écrits, hors les productions dessins. L'ensemble des écrits que je pourrais réunir puisque bien des textes ont été rédigés sur Internet et quelques écrits universitaires que j'ai perdu pour diverses raisons. Ici, le volume 1, 2, 3 et 4.
Il y a déjà deux ans, dans une vidéo sur ma chaîne Audhistoire, je souhaitais répondre à la question simple "la banqueroute est-elle à notre porte?"
Je me posais cette question, car nous entendions à peu près partout que tout aller "plus que bien" et que finalement tout était "merveilleux" dans le meilleur des mondes possible.
Sauf, que cette douce mélodie ne correspondait pas avec les textes, les rapports et les chiffres que l'on pouvait voir pour tout lecteur un peu curieux de creuser la question économique: l'inflation, la dette, le ralentissement de la croissance, les "non-investissements" dans l'innovation, la lourdeur administrative, la pression fiscale ....la liste pourrait être encore très longue.
Je comparais alors notre économie à une belle maison dont le plancher aurait été mité, et à laquelle on aurait repeint les volets et refait la façade, mais où on aurait oublié de changer le plancher, et c'est alors qu'il craque d'un seul coup.
J'y maintenais aussi que nos difficultés sont d'ordre avant tout structurel et non immédiatement conjoncturel. Le contexte peut avoir un effet aggravant, mais c'est bien la forme de notre économie qui entre dans une dépression qui à terme touchera tous les pays. Comprenons aussi que ce n'est pas une question de temps. Qu'est-ce deux ans dans un cycle économique? Certaines analyses parlent de cycles de 10 ans ! Or, les questions structurelles sont celles qui touchent le fonctionnement même de notre économie, sa logique et finalement son paradigme.
Je resituais cette analyse dans une perspective historique, comme toujours d'ailleurs, car souvent en histoire les mêmes causes donnent naissances aux mêmes phénomènes.
Je me décida alors de faire cette vidéo, et aujourd'hui en la réécoutant, je me demande "comment avec un simple accès public à l'information, il m'a été possible de voir ce que des spécialistes ayant à leur disposition une information confidentielle n'auraient pas vu?" Je ne sais pas si cette question aura une réponse un jour, ce que je sais, c'est l'envie de repartager cette analyse faite il y a deux ans maintenant.
AUDHISTOIRE Nouveau nom pour la chaîne Youtube que j'avais crée en 2012 pour lui donner un nouveau souffle.
"AUDHISTOIRE" le lien entre l'auditoire et l'histoire, je le décris comme l'Auditorium de l'histoire politique et économique contemporaine, car même s'il est vrai que j'ai pratiqué le droit et suis juriste de fait, j'ai été avant tout un historien à travers toutes les disciplines que j'ai eu la chance de rencontrer, tant l'anthropologie que l'économie ou les sciences de l'éducation. Je me rappellerai toujours une remarque d'un membre du jury de ma thèse en sciences de l'éducation: "finalement, vous avez fait des sciences politiques".
Alors, ne sachant pas aujourd'hui si je ferais d'autres vidéos dans la mesure où le format actuel ne donne pas toute la dimension à cette connaissance historique, mais je souhaitais que le titre de cette chaine soit plus en adéquation avec son contenu.
Je voulais partager avec vous cette adaptation de mon texte "En quête de discours, dialogue avec des tribuns" que j'ai appelé le "Dixième Tribun" en attendant qu'elle soit, je l'espère un jour jouée sur scène.
Ce défit serait intéressant à mener car il permettrait de remettre un instant, le temps d'une représentation, le discours au cœur de notre société.
En attendant ce moment, je souhaite à tous ceux qui liraient ce texte un bon moment de lecture dans un univers imaginaire, le temps d'un rêve et de la rencontre de 9 tribuns qui répondent à cette question :Pourquoi le discours est mort?
Évoquant chacun à leur tour une raison et passant la main au suivant, cette succession de tableau permet aussi d'appréhender différents aspects d'une prise de parole et enseigne, même aux plus timides d'entre nous, les aspects d'une prise de parole.
C'est aussi l'occasion d'arrêter de voir dans les lectures de discours que nous imposent la classe politique pour des tirades de grands tribuns.
Ce voyage, que je peux qualifier d'initiatique, m'a apprit que la valeur ne compte pas le nombre des années pour apparaitre, elle est avant tout une façon de se présenter au monde.
Ne laissons plus nos talents dormir, exprimons-les!