Nous aimons nous raconter notre société, notre économie, les règles qui organiseraient notre monde, nous les racontons et nous y croyons, car là peut-être se situe le plus important.
Lorsque d'ailleurs nous entendons ces histoires sur l'ordre de notre société, j'ai toujours été frappé par l'apollon de ceux qui les contaient.
A les entendre notre monde né de l'informe aurait pris au fil des siècles une forme de plus en plus complexe et abouti, la technique nous aiderait dans ce chemin, et bien évidemment à l'origine du monde, il y aurait le "troc", et nous devrions tous faire attention puisque la remise en cause de ces histoires et ces logiques nous feraient revenir en arrière.
Les hommes aiment se raconter des histoires de paix et de guerre, de disputes et de réconciliations, d'exploits avec ses héros d'un temps et puis déchus un autre temps.
Contrairement à ce que nous pensons la mythologie ne concerne pas que les peuples anciens, elle est très vivante chez nous aussi. Notre société abonde de mythologies et de récits en tout genre avoués ou même cachés, des sortes d’axiomes qui se révèlent dans nos actions et dans nos modes quotidiens.
Lorsque nous lisons la presse, ou que nous entendions les commentaires des journalistes posons-nous la question de ce qui relève d'un propos certain et de ce qui a pour origine une histoire fabuleuse ou terrifiante.
Alors vous me direz, est-ce que cela veut dire que tout dans notre monde serait histoire?
Sans forcément aller jusqu'à la célèbre affirmation de Caldéron sur le songe, il est remarquable que le récit ordonne notre monde et notre quotidien, et dire que tout dans notre monde serait histoire ne signifie pas que ces histoires n'ont pas de conséquences réelles et tragiques.
C'est d'ailleurs peut-être là l'essentiel, les histoires que nous nous racontons sont réelles, même quand elles sont fantastiques, mythiques, extraordinaires, elles sont réelles car elles transforment notre quotidien, elles influencent des décisions.
L'imaginaire est concret et réel lui aussi, le comprendre, le décoder, ne lui enlève pas sa réalité, et c'est d'ailleurs pourquoi, il est peine perdu de vouloir changer un mythe par la critique. Un mythe se remplace.
Seul un autre discours, une autre histoire ou un autre mythe remplace un mythe fondateur, nous le fera voir comme usagé et ancien.
Nous vivons une époque précisément où les récits fondateurs s'étiolent et se fissurent, ils nous laissent percevoir déjà les changement qui s'annoncent, les bonheurs et les regrets, et c'est certainement pourquoi ces histoires méritent que nous les racontons.
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