Naturellement,
il est courant de rattacher « l'étude de la preuve » au
droit alors même que toutes les disciplines y sont confrontées, et
c'est d'ailleurs sur elle, vérifiable ou construite, que l'on bâtit
souvent son argumentation et son discours.
Il y a d'ailleurs eu un
mouvement en sciences pour remettre la preuve au cœur de l'analyse
scientifique, preuves, qui a de nombreuses reprises, viennent contredire
la pensée couramment admise.
Souvent, comme des poussières, on aime mettre la preuve sous le tapis, mais elle est là et devient de plus en plus
évidente, jusqu'à s'imposer.
En
droit, elle demande de trouver des éléments qui alimentent notre
défense, qui prouve que ce que nous disons est la « vérité ».
Il y a avec l'étude de la preuve une nécessaire recherche de la
vérité, ou plus exactement d'une « vérité présentable », ce qu'on appelle aussi la "vraisemblance".
Cette
dernière notion beaucoup plus discutable note qu'une preuve, même
matérielle, même placée devant nos yeux, est dès fois insuffisante
car elle vient contredire des statuts juridiques, des coutumes, des
habitudes de pensée, que sais-je, et pourra donc être
réinterprétée.
Quelle
est la place de l'interprétation dans l'exploitation d'une preuve ?
Ne dit-on pas qu'il n'y a pas pire aveugle que celui qui ne veut pas
voir ? Apprendre l'étude de la preuve n'a rien d'intuitif, elle
demande une attitude, un savoir, des compétences pour traiter ou
aller chercher ces documents (tant matériel qu'immatériel) qui vont
développé notre discours ; et puis surtout connaître
l'objectif, que souhaitons-nous faire de la preuve car, la question
reste bien actuelle, toute vérité est-elle bonne à dire ?
De
l'argumentation
Brièvement,
comme nous venons de le voir ci-dessus, l'argumentation se construit
avec la découverte des preuves, et pas l'inverse. Il est très
fréquent de voir des discours existants qui cherchent des
argumentations pour justifier leur existence, qui « torde le
coup » à la réalité.
Nous devons dans cet ordre d'idée nous
méfier forcément de l'argument d'autorité, du document officiel
qui de son officialité tire sa véracité, de la parole d'un
supérieur, d'une autorité reconnue. Il est important de savoir que
toutes les sources doivent pouvoir être recoupées, vérifiées et
rentrer dans le jeu du contradictoire, c'est pourquoi,
l'argumentation dans l'étude de la preuve peut vite se révéler un
piège si nous n'apprenons pas à remettre les éléments en ordre et
surtout ne porter aucun jugement.
De
la justification
C'est
pour justifier notre discours, notre stratégie, notre démarche que
nous cherchons des preuves. Souvent, d'ailleurs, ces preuves ne sont
pas vues comme telles, et quand nous les accumulons nous pensons
forcément avoir raison, sauf que la preuve peut avoir plusieurs
natures, et suivant les contextes, la nature, la procédure, elles ne
se valent pas toutes de la même façon.
Certaines justifications, mêmes
insignifiantes, concernant la procédure peuvent se révéler
déterminantes. Mais, la justification, même exagérée, même
grossière, est un passage presque obligatoire, elle est en règle
générale la base de mon action, ma raison d'agir.
De
la documentation
La
recherche de la documentation est primordiale dans la mesure où nous
sommes dans une société de l'écrit, et d'ailleurs même les
procédures orales ont tendance à devenir écrites. L’ascendance
des logiciels et de l'informatique y aide beaucoup. Cette mutation a
profondément changé notre rapport au document, même un témoignage
doit être retranscrit à l'écrit, c'est vrai en droit, mais aussi
en sciences sociales. Cette mise à l'écrit est comme son marquage
dans le temps, son témoignage et donc sa véracité.
La recherche
documentaire n'a jamais été chose aisée et elle est très
énergivore, elle peut aussi demander un certain nombre
d'autorisation. Tout n'est donc pas permis.
Il y a le culte du
document secret et que personne n'a lu, et dès fois que personne ne
lira jamais. Cette recherche demande beaucoup d'organisation et de
précision, savoir aussi être curieux.
De
la logique
Dernier
point que j'aborderai ici sur mon blog de façon succincte est celui
de la logique car il est le plus « traître », il faut
s'en méfier. Tout peut paraître « vrai », « allant
de soi », « le discours s'agence bien »,
« l'argument tient la route », « c'est officiel »
ou « dès fois cela remet en cause de façon éclairante la
version officielle ».....or tout est faux.
La logique est un des
aspects de « l'étude de la preuve » le plus compliqué à
gérer. J'en arrive même à me dire aujourd'hui que seule
l'expérience arrive à l’éclaircir.
Je sais « l'expérience »,
ce n'est pas très rationnel, mais c'est à force de recherches, de
lectures, de confrontations d'arguments, de remises en cause qu'un
moment nous sommes capables de dire que cette « logique »,
pourtant « très logique », n'a que très peu de chance
de « prospérer », qu'il y a « plus de verbiage que
de logique ». Oui, de « verbiage », vous
remarquerait que souvent les logiques qui n'en sont pas ont une
tendance à produire du « verbe », c'est-à-dire de la
« parole », « des exemples simplistes » …
et ça a tous les niveaux.
Pour Conclure
Voilà,
en quelques mots si je voulais présenter la spécialité de
« l'étude de la preuve », elle est autant une activité
de recherche suivant les sujets et les thématiques, qu'une activité
d'éclaircissement, de classification et de comparaison. Elle ne nous
est pas innée, elle s'apprend et se pratique.