mercredi 3 avril 2024

Les logiques de l'histoire sont toujours lentes : sur la vidéo "La banqueroute est-elle à notre porte?"

Il y a déjà deux ans, dans une vidéo sur ma chaîne Audhistoire, je souhaitais répondre à la question simple "la banqueroute est-elle à notre porte?"

Je me posais cette question, car nous entendions à peu près partout que tout aller "plus que bien" et que finalement tout était "merveilleux" dans le meilleur des mondes possible. 

Sauf, que cette douce mélodie ne correspondait pas avec les textes, les rapports et les chiffres que l'on pouvait voir pour tout lecteur un peu curieux de creuser la question économique: l'inflation, la dette, le ralentissement de la croissance, les "non-investissements" dans l'innovation, la lourdeur administrative, la pression fiscale ....la liste pourrait être encore très longue. 

Je comparais alors notre économie à une belle maison dont le plancher aurait été mité, et à laquelle on aurait repeint les volets et refait la façade, mais où on aurait oublié de changer le plancher, et c'est alors qu'il craque d'un seul coup. 

J'y maintenais aussi que nos difficultés sont d'ordre avant tout structurel et non immédiatement conjoncturel. Le contexte peut avoir un effet aggravant, mais c'est bien la forme de notre économie qui entre dans une dépression qui à terme touchera tous les pays. Comprenons aussi que ce n'est pas une question de temps. Qu'est-ce deux ans dans un cycle économique? Certaines analyses parlent de cycles de 10 ans ! Or, les questions structurelles sont celles qui touchent le fonctionnement même de notre économie, sa logique et finalement son paradigme.

Je resituais cette analyse dans une perspective historique, comme toujours d'ailleurs, car souvent en histoire les mêmes causes donnent naissances aux mêmes phénomènes. 

Je me décida alors de faire cette vidéo, et aujourd'hui en la réécoutant, je me demande "comment avec un simple accès public à l'information, il m'a été possible de voir ce que des spécialistes ayant à leur disposition une information confidentielle n'auraient pas vu?" Je ne sais pas si cette question aura une réponse un jour, ce que je sais, c'est l'envie de repartager cette analyse faite il y a deux ans maintenant.

 

 


mardi 5 mars 2024

AUDHISTOIRE, un lieu pour parler d'histoire politique et économique contemporaine

AUDHISTOIRE Nouveau nom pour la chaîne Youtube que j'avais crée en 2012 pour lui donner un nouveau souffle. 

 "AUDHISTOIRE" le lien entre l'auditoire et l'histoire, je le décris comme l'Auditorium de l'histoire politique et économique contemporaine, car même s'il est vrai que j'ai pratiqué le droit et suis juriste de fait, j'ai été avant tout un historien à travers toutes les disciplines que j'ai eu la chance de rencontrer, tant l'anthropologie que l'économie ou les sciences de l'éducation. Je me rappellerai toujours une remarque d'un membre du jury de ma thèse en sciences de l'éducation: "finalement, vous avez fait des sciences politiques". 

Alors, ne sachant pas aujourd'hui si je ferais d'autres vidéos dans la mesure où le format actuel ne donne pas toute la dimension à cette connaissance historique, mais je souhaitais que le titre de cette chaine soit plus en adéquation avec son contenu.

AUDHISTOIRE vous attend, bonne écoute!

  CLIQUEZ ICI POUR VOIR LA CHAINE AUDHISTOIRE

 

 

Le Dixième Tribun, adaptation de mon texte "En quête de Discours"

Je voulais partager avec vous cette adaptation de mon texte "En quête de discours, dialogue avec des tribuns" que j'ai appelé le "Dixième Tribun" en attendant qu'elle soit, je l'espère un jour jouée sur scène. 

Ce défit serait intéressant à mener car il permettrait de remettre un instant, le temps d'une représentation, le discours au cœur de notre société. 

En attendant ce moment, je  souhaite à tous ceux qui liraient ce texte un bon moment de lecture dans un univers imaginaire, le temps d'un rêve et de la rencontre de 9 tribuns qui répondent à cette question :Pourquoi le discours est mort? 

Évoquant chacun à leur tour une raison et passant la main au suivant, cette succession de tableau permet aussi d'appréhender différents aspects d'une prise de parole et enseigne, même aux plus timides d'entre nous, les aspects d'une prise de parole.

C'est aussi l'occasion d'arrêter de voir dans les lectures de discours que nous imposent la classe politique pour des tirades de grands tribuns. 

Ce voyage, que je peux qualifier d'initiatique, m'a apprit que la valeur ne compte pas le nombre des années pour apparaitre, elle est avant tout une façon de se présenter au monde. 

Ne laissons plus nos talents dormir, exprimons-les!

 

Le Dixième Tribun

 



mercredi 17 janvier 2024

Le Retour alambiqué de la IIIe République

Juste ce petit billet pour évoquer un phénomène qui me parait très caractéristique de notre époque (qui fait écho à un article écrit le 28 décembre 2020 - Sortir du XIXe siècle - preuve que la tendance se confirmerait) celui d'un retour en force des valeurs, idées et tendances de la troisième République de 1870.

Deux évènements le marquent d'une façon très emblématique. D'abord, l'école. Nous avons vu comment les thématiques de l'autorité, de l'uniforme ou même d'un diplôme obligatoire pour entrer en Lycée sont venus au devant de la scène. Des thématiques qui étaient très présentes dans l'élaboration de l'école de la IIIe République. Mais, le point qui me semble le plus marquant est que ces thématiques sont discutées par l'ensemble des formations politiques. 

Cette idée d'uniforme est d'autant plus étrange. En effet, lorsqu'on lit le volume de vêtements par enfants nous sommes très loin du compte. J'ai lu deux pantalons et deux pulls. On croit rêver. On se demande si les administrateurs ont des enfants. Quand il fait chaud et qu'ils courent et transpirent dans leurs vêtements c'est tous les jours qu'ils faut les changer, soit 5 jours donc cinq changes. Les vêtements trop courts, ça existe aussi, ce sont des enfants ils grandissent. Les chaussures usées, ce n'est pas une paire à l'année, c'est plutôt 4 ou cinq. Le risque principale que je vois pointer et que face aux grippe-sous étatiques nous risquons véritablement d'avoir des élèves crottés et au final d'être encore la risée du monde. Car, finalement qu'est-ce qui se cache derrière l'uniforme, l'envie irrépressible de dresser de bons soldats, tous uniformes tous pareils, la différence fait-elle si peur?

Dans le monde politique, il est aussi intéressant de noter comment les ministres peuvent passer d'un ministère à un autre, d'un camp à un autre, et comment à l'Assemblée Nationale il n'y a pas de majorité, donnant lieu au jeu des négociations et différentes ruses pour faire voter les textes. Là aussi, nous sommes dans un aspect de la IIIe République qui finit par en devenir sa fragilité. 

Sans compter qu'en 2020, le Président de la République avait rendu hommage à la naissance de la IIIe République, permettant de rappeler les grands principes de celle-ci, principes fragilisés aujourd'hui, nous montre qui se passe bien ici une mutation dont nous avons encore du mal à en prendre la mesure.

Mais, je ne serais pas étonné si dans les mois, voire les années qui viennent nous connaissions un processus constituant tentant de retrouver des attraits de la IIIe République.

Sans que cela m'enchante particulièrement, je pense toujours qu'il est temps de sortir du XIXe siècle, et qu'à force de regarder derrière nous, la seule chose dont nous risquons est de nous transformer en statut de sel.

PS/ peu de temps après cet article, le Président a évoqué dans une conférence de presse la théorie d'Auguste Compte de l'Ordre et du Progrès, encore une référence à la IIIe République. Malheureusement, nous savons que marcher au pas n'a jamais créé du progrès. Peut-être l'origine de cette envie que tout le monde porte un uniforme? Faut-il rappeler que le progrès dépend des inventions et que ces dernières naissent dans la tête d'hommes et de femmes libres, voire pour un grand nombre d'entre eux "originaux", devons-nous rappeler le sentiment d'Einstein sur les hommes qui marchent aux pas? L'ordre n'a jamais créé le progrès, même aurait plutôt tendance à créer l'inverse.

A bientôt

vendredi 1 décembre 2023

En Quête de Discours, un texte à redécouvrir

 
En 2020, j'avais rédigé un texte dont avec le recul me semble l'un des plus originaux de part son idée - créer un dialogue fictif avec 9 tribuns ou reconnus comme tel - et  discuter sans qu'on n'y fasse véritablement attention de notre époque.

Dans le texte En Quête de Discours, dialogue avec des tribuns, j'ai imaginé alors que je m'assoupissais dans une bibliothèque et que mon reflet dans un miroir se met à me parler et constant la mort du discours, m'invite à entrer dans une pièce de laquelle la porte est entrouverte. 
 
En y entrant, je me retrouve dans un autre décors et une autre époque en compagnie de Périclès. 
 
Ce dernier m'explique que je vais rencontrer neuf tribuns d'époques différentes, tel un voyage initiatique, et qui m'expliqueront tous un des aspects du discours et pourquoi celui-ci est important dans une société, d'autant plus lorsque son idéal est la démocratie. 

Périclès abordera par exemple "la conviction", Démosthène "la voix" ou encore Danton avec "l'intensité". 
 
Un texte à redécouvrir, facile à lire et dont une adaptation théâtrale serait une bonne chose car c'est un texte qui se dit et se raconte. 

La question qui finalement se pose est avec la "mort" du discours qu'est-ce qui a vraiment disparu dans notre société ? Quel idéal c'est dissipé ?
 
Vous pouvez télécharger cet texte seul :
 
 
 
ou le retrouver avec d'autres textes sur la nature que j'avais réuni et déposé à la BNF et voir dans la foulée la vidéo sur la présentation de ce texte. 


 
Présentation plus détaillée du texte "En quête de Discours, dialogue avec des tribuns" 1. La conviction, 2.La voix, 3. L'argumentaire, 4. Le silence, 5. L'intensité, 6. La volonté, 7. La thématique, 8. La forme, 9. L'avenir.





jeudi 19 octobre 2023

OWL, une histoire mise en place au cours des histoires...

 

Au début, mes enfants voulaient que je leur invente des supers héros, alors en tatonnant, j'ai inventé des personnages dans une sombre histoire d'énergie qui concentrerait tous les pouvoirs et que des "gentils" et des "méchants" convoiteraient... en dessinant, j'ai réalisé qu'il y avait autre chose à faire de plus intéressant et nous faire sortir de cette dichotomie un peu niaise. 

C'est alors qu'est venu l'idée des univers parallèles, un  esprit que j'ai nommé "OWL", faisant référence à la chouette en anglais, animal que je regarde avec beaucoup d'admiration. Cet esprit aurait le pouvoir de voyager dans les Univers autres que le notre, réels ou irréels, matériels comme immatériels, de là s'ouvre des possibilités d'histoire quasi infini...

L'histoire une a été cette recherche, ce ne sera finalement qu'à l'histoire deux que les personnages prennent véritablement leur caractère et leur envole. 

Il est vrai que même graphiquement un temps de recherche a été nécessaire que l'on voit le long des pages... et pourtant, les premiers dessins ont le charme de la spontanéité.

S'il fallait attendre que tout soit parfait pour faire, rien ne se ferait. Cette histoire est une évolution, une rencontre entre un artiste et une histoire, un monde imaginaire qui prend forme au fil des histoires comme si elles pouvaient se faufiler entre mes mains de dessinateur ...

Une ouverture sur un monde qui sort de nos habitudes ...

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mardi 12 septembre 2023

Une mobilité en berne, est-ce si grave ?

Depuis au moins les années 90, la mobilité sociale de la France est plus ou moins égale à zéro.Dit comme cela, on ne comprend pas bien ce que cette affirmation implique. En d'autres termes, cette affirmation signifie que la chance que vos enfants changent de catégories sociales en progression vers une meilleur situation que vous est presque impossible.

Nous pouvons même dire que dans le meilleur des cas, ils resteront à votre niveau, mais de façon de plus en plus courante ils régresseront qu'ils fassent des études ou qu'ils n'en fassent pas. C'est d'ailleurs ce qui est notable, l'impacte de l'école dans la mobilité sociale actuellement en France est elle aussi en berne, nous pourrions même dire l'inverse, elle participe au blocage.

Bien, mais dans la réalité nous notons néanmoins de petits mouvements sur plusieurs générations, car s'il est vrai que nous avons quasi aucune chance de dépasser le niveau social de nos parents, il existe un phénomène générationnel.

Par exemple, le grand-père ouvrier qui avait commencé à faire des études, le père qui avait passé les concours sans conviction ou sans réussite, et le fils qui va les réussir. La mobilité sociale aura mis ici trois générations, donc nous pouvons parler de frémissement social.

Et puis, les métiers ont profondément changé depuis les fortes délocalisations d'usines. Il faut donc aujourd'hui encore redessiner les contours sociaux. Mais, rien y fait. Rien ne bouge plus.

Je peux donner cet exemple d'un fils d'ouvrier en bâtiment qui fonda une entreprise dont le potentiel économique aurait pu être intéressant, mais qui ne la développera jamais en PME et va demeurer au niveau artisanal.

Nous pourrions dire que finalement ce n'est pas si mal la « reproduction sociale », même si elle a une tare de taille, c'est ce que nous appelons « l'endogamie sociale », ce sont les catégories ou groupes qui se reproduisent entre eux sans rien faire venir de nouveau de l'extérieur.

La plupart d'entre vous avait abordé le sujet à l'école lorsque qu'on vous a parlé de la « noblesse » lors de la Révolution Français. Là, c'est à peu de chose près la même chose, mais pour l'ensemble de la société.

C'est un monde qui ne se mélange plus, qui n'échange plus, qui ne se parle plus, qui est en panne et dont la première conséquence est la « pénurie » dans le personnel.

Ceci se voit bien dans le milieu enseignant, malgré le manque de personnel, ils sont incapables d'intégrer d'autres profils diplômés issus de d'autres catégories sociales ou de d'autres cultures. Cette fermeture est patente et se concentre autour de la question des concours devenue le symbole de l'immobilité sociale.

Nous comprenons bien que c'est l'architecture dans son ensemble qui se fige et qu'il faudra bien plus qu'une réforme sur l’orientation ou l'école pour sortir de cette immobilité. 

 

 


mardi 15 août 2023

Mythologie économique - des discours à l’origine des principes directeurs de notre société


Je souhaitais mettre en ligne ce passage où je discute de la mythologie dans nos sociétés actuelles et l'importance qu'elle occupe. 

Extrait de mon ouvrage "Préliminaires d'une métamorphose" :

 

Télécharger Préliminaires d'une métamorphose 

 

"Sujet de prédilection de l’anthropologie, les mythes peuvent se définir en premier comme des histoires fantastiques qui fondent le monde. Ils peuvent se penser en eux-mêmes, comme l’avait démontré Claude Lévi-Strauss, et aussi se penser en l’homme.

Comme une musique1, ils ont plusieurs niveaux de lecture :

  1. en suivant leur déroulé, les évènements de leur histoire (diachronie)

  2. ou alors comparant les éléments entre eux (synchronie).

Roland Barthe a démontré qu’il était aussi possible d’appliquer l’étude des mythes à un objet et à notre époque qui se définissait comme « moderne »2.

Riche de ces différentes approches, il me semble raisonnable d’écrire que les mythes sont des histoires, des discours sur des objets ou des axiomes autour desquels prolifère un récit fondateur et incritiquable, et sur lequel se crée une organisation sociale, économique et politique.

Il y a un côté fondateur important aux mythes que nous allons largement retrouver dans l’analyse qui suit, d’où la nécessité de nous arrêter sur cet aspect.

Le récit véhicule une idée souvent simple qui va donner une forme de légitimité spirituelle à l’organisation sociale qui se met en place.

Comme le récit est au fondement de notre monde, il en devient de fait incritiquable puisque toute remise en cause est une atteinte portée à nos fondements. Ces derniers ont de fait une valeur morale et spirituelle.

Nous pouvons en effet étudier le récit des mythes, mais ce ne sera pas leur analyse qui les fera tomber, même si leur logique est en contradiction avec notre monde.

Dans la mesure où il fonde une société, seul un discours qui introduirait une nouvelle histoire fondatrice pourrait remplacer le mythe.

Ce n’est donc pas par la conscience que passe la critique d’un mythe fondateur et de la logique qui en naît, mais par le sensible et la création collective d’un nouveau mythe.

Sans nous attarder sur la question de la conscience, vous remarquerez comment le fait d’éclairer des populations sur certains dangers ne modifie pas leurs comportements. C’est parce qu’il y a une « insuffisance de la conscience » qui ne permet pas de passer à l’action.

La « conscience » est un concept très récent né avec la modernité qui entend qu’une chose soit connue et ressentie pour nous pousser à l’action.

Cette façon de voir est loin du mythe puisque, comme il a été dit, le mythe peut se penser en lui-même, en nous et malgré nous. Il y a donc de fait une dissociation entre action et conscience en ce qui concerne les mythes.

Sauf, et c’est ce qu’il est maintenu dans cet ouvrage, ce sont bien les mythes, c’est-à-dire des discours sur notre fondation qui sont à l’origine des principes directeurs de notre société."

 

1 Lévi-Strauss Claude, « La structure des mythes », pp. 235-265, in Lévi-Strauss Claude, Anthropologie structurale, Plon, Paris, 1958 et 1974 ; et les quatre volumes de Lévi-Strauss Claude, Les Mythologiques, Plon, Paris, 1964, 1966, 1968 et 1971.

2 Barthes Roland, Mythologies, Essais, éd. Seuil, Paris, 1970.

 

mardi 1 août 2023

Étude de la preuve – une spécialité qui mériterait toute notre attention

Naturellement, il est courant de rattacher « l'étude de la preuve » au droit alors même que toutes les disciplines y sont confrontées, et c'est d'ailleurs sur elle, vérifiable ou construite, que l'on bâtit souvent son argumentation et son discours. 
 
Il y a d'ailleurs eu un mouvement en sciences pour remettre la preuve au cœur de l'analyse scientifique, preuves, qui a de nombreuses reprises, viennent contredire la pensée couramment admise. 
 
Souvent, comme des poussières, on aime mettre la preuve sous le tapis, mais elle est là et devient de plus en plus évidente, jusqu'à s'imposer.

En droit, elle demande de trouver des éléments qui alimentent notre défense, qui prouve que ce que nous disons est la « vérité ». Il y a avec l'étude de la preuve une nécessaire recherche de la vérité, ou plus exactement d'une « vérité présentable », ce qu'on appelle aussi la "vraisemblance".

Cette dernière notion beaucoup plus discutable note qu'une preuve, même matérielle, même placée devant nos yeux, est dès fois insuffisante car elle vient contredire des statuts juridiques, des coutumes, des habitudes de pensée, que sais-je, et pourra donc être réinterprétée.

Quelle est la place de l'interprétation dans l'exploitation d'une preuve ? Ne dit-on pas qu'il n'y a pas pire aveugle que celui qui ne veut pas voir ? Apprendre l'étude de la preuve n'a rien d'intuitif, elle demande une attitude, un savoir, des compétences pour traiter ou aller chercher ces documents (tant matériel qu'immatériel) qui vont développé notre discours ; et puis surtout connaître l'objectif, que souhaitons-nous faire de la preuve car, la question reste bien actuelle, toute vérité est-elle bonne à dire ?

De l'argumentation

Brièvement, comme nous venons de le voir ci-dessus, l'argumentation se construit avec la découverte des preuves, et pas l'inverse. Il est très fréquent de voir des discours existants qui cherchent des argumentations pour justifier leur existence, qui « torde le coup » à la réalité. 

Nous devons dans cet ordre d'idée nous méfier forcément de l'argument d'autorité, du document officiel qui de son officialité tire sa véracité, de la parole d'un supérieur, d'une autorité reconnue. Il est important de savoir que toutes les sources doivent pouvoir être recoupées, vérifiées et rentrer dans le jeu du contradictoire, c'est pourquoi, l'argumentation dans l'étude de la preuve peut vite se révéler un piège si nous n'apprenons pas à remettre les éléments en ordre et surtout ne porter aucun jugement.

De la justification

C'est pour justifier notre discours, notre stratégie, notre démarche que nous cherchons des preuves. Souvent, d'ailleurs, ces preuves ne sont pas vues comme telles, et quand nous les accumulons nous pensons forcément avoir raison, sauf que la preuve peut avoir plusieurs natures, et suivant les contextes, la nature, la procédure, elles ne se valent pas toutes de la même façon. 

Certaines justifications, mêmes insignifiantes, concernant la procédure peuvent se révéler déterminantes. Mais, la justification, même exagérée, même grossière, est un passage presque obligatoire, elle est en règle générale la base de mon action, ma raison d'agir.

De la documentation

La recherche de la documentation est primordiale dans la mesure où nous sommes dans une société de l'écrit, et d'ailleurs même les procédures orales ont tendance à devenir écrites. L’ascendance des logiciels et de l'informatique y aide beaucoup. Cette mutation a profondément changé notre rapport au document, même un témoignage doit être retranscrit à l'écrit, c'est vrai en droit, mais aussi en sciences sociales. Cette mise à l'écrit est comme son marquage dans le temps, son témoignage et donc sa véracité. 

La recherche documentaire n'a jamais été chose aisée et elle est très énergivore, elle peut aussi demander un certain nombre d'autorisation. Tout n'est donc pas permis. 

Il y a le culte du document secret et que personne n'a lu, et dès fois que personne ne lira jamais. Cette recherche demande beaucoup d'organisation et de précision, savoir aussi être curieux.

De la logique

Dernier point que j'aborderai ici sur mon blog de façon succincte est celui de la logique car il est le plus « traître », il faut s'en méfier. Tout peut paraître « vrai », « allant de soi », « le discours s'agence bien », « l'argument tient la route », « c'est officiel » ou « dès fois cela remet en cause de façon éclairante la version officielle ».....or tout est faux. 

La logique est un des aspects de « l'étude de la preuve » le plus compliqué à gérer. J'en arrive même à me dire aujourd'hui que seule l'expérience arrive à l’éclaircir. 

Je sais « l'expérience », ce n'est pas très rationnel, mais c'est à force de recherches, de lectures, de confrontations d'arguments, de remises en cause qu'un moment nous sommes capables de dire que cette « logique », pourtant « très logique », n'a que très peu de chance de « prospérer », qu'il y a « plus de verbiage que de logique ». Oui, de « verbiage », vous remarquerait que souvent les logiques qui n'en sont pas ont une tendance à produire du « verbe », c'est-à-dire de la « parole », « des exemples simplistes » … et ça a tous les niveaux.

Pour Conclure

Voilà, en quelques mots si je voulais présenter la spécialité de « l'étude de la preuve », elle est autant une activité de recherche suivant les sujets et les thématiques, qu'une activité d'éclaircissement, de classification et de comparaison. Elle ne nous est pas innée, elle s'apprend et se pratique.